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Le jardin d'Adélie

Le jardin d'Adélie

Titel: Le jardin d'Adélie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie Bourassa
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d’impressionnants personnages en robe longue comprenaient le contenu. Louis savait que d’autres livres de chœur étaient enfermés dans les coffres et les armoires rangés un peu partout le long des murs, car il avait déjà vu de ces grands hommes au verbe haut en prendre. De nombreux tableaux votifs, des reliquaires, des tapisseries et des vitraux historiés animaient les chapelles latérales, richement dotées par leurs fondateurs qui avaient en outre fait don aux chapelains d’ornements couverts d’or ou de broderies, de vases sacrés en matières précieuses, de pyxides d’ivoire, d’évangéliaires enluminés à la reliure luxueuse.
    La croisée du transept était délimitée par quatre imposants piliers qui s’élevaient jusqu’à la voûte. Ils montaient fidèlement la garde, présentant à la nef d’où Louis arrivait des pilastres différents des colonnettes dont ils étaient revêtus côté chœur. Sous la voûte qu’ils soutenaient, au centre du chœur, se dressait le maître-autel de la cathédrale. À chacune de ses visites, Louis faisait un détour pour s’en approcher le plus possible. Le meuble sacré, recouvert de plaques de cuivre incrustées de pierreries, exhibait des parois en vermeil sur lesquelles étaient gravées les scènes de l’Annonciation et du couronnement de la Vierge. À chacun des coins, des anges en émail retenaient des tringles auxquelles étaient suspendues de riches draperies. Cette table était une telle merveille que Louis était persuadé que, le dimanche, le christ colossal qui se dressait au-dessus de la porte d’entrée descendait de son socle afin de préparer pour ses fidèles un repas somptueux à la suite duquel ils ne souffraient plus jamais de la faim. Il eût bien aimé pouvoir y être convié, lui aussi, même s’il en avait un peu peur.
    Jésus était un homme étrange. Il inspirait la crainte lorsqu’on regardait les statues qui le représentaient assis sur son trône ; mais d’autres statues rappelaient aussi qu’il avait été un enfant dans les bras de sa mère. Louis n’osait se l’avouer, mais il préférait Jésus en petit garçon. Il était certes moins intimidant sous cette représentation, mais également Louis comprenait mieux Jésus enfant parce que, lui aussi, il avait une mère qui l’aimait.
    La Sainte Vierge était toujours jolie. Elle ne lui faisait jamais peur. Il y avait une statue d’elle avec bébé Jésus au trumeau du portail de la Vierge {13} . Derrière l’autel, une statue en vermeil qui la représentait tenait dans ses mains un reliquaire. Auprès d’elle se tenait un ange qui portait une pyxide renfermant les hosties. Plus loin encore, à cinq mètres au-dessus du sol, sous un édicule en forme de dais protégé par d’autres anges était gardée une châsse en argent et en or {14} . Au fond du chœur, enfin, il y avait l’autel des Ardents, dominé par une Vierge différente, d’albâtre celle-là. Il était surmonté d’un ouvrage de menuiserie sans prix qui contenait encore des châsses vouées à des saints ; de part et d’autre de cet autel, deux statues monumentales représentaient Philippe Auguste et son fils, Louis VIII.
    Bousculé par les hordes de pèlerins et de clercs qui bavardaient, Louis se terrait contre la clôture rejoignant un jubé et deux escaliers qui, depuis la seconde moitié du XIII e  siècle, fermait le chœur. Des stalles en bois au dossier garni de cuir étaient adossées à cette clôture ; les jours de fête, on y tendait des étoffes précieuses. L’enfant savait que seules de très importantes gens avaient le droit d’aller jusque-là. Agrippé à la clôture, il observait pendant un moment les scènes de la Passion et de la Résurrection sans parvenir à y comprendre grand-chose. Comment était-il possible que Jésus, glorieux et puissant comme il l’était, se fût un jour retrouvé attaché à un poteau et fouetté comme une mauvaise personne ? Pourquoi l’avait-on maltraité, puis tué ? N’avait-il pas été le meilleur des hommes ? Du moins, c’était ce que les gens prétendaient. Et sa mère, qu’avait-elle bien pu penser de tout cela, se demandait-il en jetant un coup d’œil de chaque côté où se dressaient d’autres autels, dont celui de la Vierge qui était brillamment illuminé de jour comme de nuit.
    Ces questions, autant que la nef surchargée d’objets et de voix, finissaient par devenir trop éblouissantes pour Louis qui faisait bien

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