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Le jeu de dupes

Le jeu de dupes

Titel: Le jeu de dupes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne-Laure Morata
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trouverait peut-être un exutoire dans l'aide qu'il allait apporter à Arnaud.
    Après un brin de toilette et un frugal repas, il choisit un pur-sang dans les écuries. À Gervais qui voulait l'accompagner il ordonna de se rendre à la taverne des Trois Portes pour voir si Simon, le patron, qui entretenait de nombreux contacts plus ou moins avouables, pouvait se renseigner pour tenter d'obtenir des informations sur les soudards qui avaient mis à sac Mont Menat et s'intéresser tout particulièrement à leur chef « Crochu ».
    Rejoindre Arnaud fut moins aisé qu'il ne le pensait. Il resta un long moment coincé dans la cohue. Toutes les avenues donnant accès au palais étaient barrées par la milice qui avait du mal à contenir unefoule particulièrement remontée, haineuse et susceptible de basculer dans le chaos à tout instant. Réussissant à franchir péniblement les barrages grâce à une bourse bien garnie qui ne le demeura pas longtemps, notre héros parvint à destination à la nuit tombée pour trouver la demeure royale entièrement verrouillée à la demande du duc d'Orléans, transformée en forteresse imprenable métamorphosant ses illustres occupants en simples prisonniers.
    François se demandait comment y pénétrer lorsqu'il reconnut un lieutenant du régiment des gardes qui surveillait la porte de la Conférence. C'était un compagnon d'armes d'Arnaud et, comme tous ceux qui avaient combattu à ses côtés, il l'appréciait et avait d'ailleurs participé à la haie d'honneur de son mariage, sabre au poing en présence de François, témoin des mariés. Apercevant à son tour le gentilhomme, il le laissa discrètement se faufiler à l'intérieur avec un clin d'œil complice. Dieu merci, il y avait encore certains partisans de la régente dans les rangs de l'armée ! François partit à la recherche de son beau-frère, en pure perte. Il réussit à accéder à l'aile nord-est où se situaient les appartements de la reine, persuadé d'y trouver son ami. Le maréchal de Villeroy, convive régulier de l'hôtel Bessières, marqua son étonnement en découvrant sa présence.
    – François de Rohan Montauban ! Que diable faites-vous là ? Je vous croyais en Auvergne.
    – Je suis venu épauler Arnaud. L'avez-vous vu ?
    – Non et c'est ce qui m'inquiète. Il devait préparer notre départ cette nuit, révéla-t-il à voix basse. Malheureusement notre plan est éventé. Nous ne pourrons pas réitérer l'exploit de janvier 1649, j'enai peur. Nous voici otages du duc d'Orléans et à la merci de la populace.
    Comme pour confirmer ses propos, des clameurs vigoureuses parvinrent aux oreilles de tous ceux réunis dans les appartements royaux. Se rapprochant de François, son comparse chuchota :
    – Arnaud craignait un coup d'éclat de Gondi, l'évêque coadjuteur, qui pousse l'oncle du roi aux mesures les plus extrêmes. Lui et ses hommes ont ainsi appris qu'il projette de s'emparer du dauphin et de faire enfermer la reine dans un couvent. Arnaud espérait pouvoir le berner et fuir au crépuscule. Je crains qu'il ne soit arrivé quelque épisode fâcheux car il n'est pas venu comme convenu nous donner le signal du départ.
    Il s'interrompit car plus loin des éclats de voix révélaient l'inquiétude d'Anne d'Autriche.
    – Tout cela est parfaitement ridicule, ne cessait-elle de répéter, l'anxiété accentuant le léger accent hispanique qui la caractérisait. Nous sommes là et bien là ! Tant de tapage sans raison… Il faut que tous ces gens se tranquillisent. Ne peut-on les calmer ?
    Allongée sur son lit où elle recevait l'hommage du soir de ses proches, la régente se voulait rassurante et légère, cependant personne n'était dupe et seul un silence pesant lui répondit.
    À ce moment-là, l'horloge de son alcôve sonna les douze coups de minuit, à peine audibles tellement le vacarme extérieur enflait. Brutalement les portes des appartements royaux s'ouvrirent et Mesdames de Motteville et de Beaumont poussèrent de concert un petit cri de frayeur, s'attendant à voir la pièce envahie par les insurgés. François et lemaréchal de Villeroy firent face, prêts à dégainer leurs épées, lorsqu'ils se retrouvèrent nez à nez avec le capitaine des Souches, homme lige du grand Gaston qui s'était vu confier son régiment de gardes suisses.
    – Votre Majesté, dit ce dernier en les évitant pour aller se prosterner devant la reine. Je suis porteur d'une supplique du duc d'Orléans qui

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