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Le jeu de dupes

Le jeu de dupes

Titel: Le jeu de dupes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne-Laure Morata
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pas à l'intérieur qu'il fut immédiatement alpagué par Simon.
    – Oh, monsieur, comme j'ai été peiné d'apprendre par Gervais votre malheur ! Je vous promets que si j'entends la moindre chose, vous en serez immédiatement informé.
    François le remercia en cherchant son serviteur des yeux.
    – Il ne s'est pas attardé, vous savez, l'informa le patron. Il est reparti avant même que votre beau-frère ne fasse son apparition. Le baron était bigrement amoché, il pissait le sang. Je l'ai installé dans une chambre afin qu'on le soigne, d'ailleurs il ne souhaitait pas regagner l'hôtel Bessières avant d'être un tantinet retapé, rapport à Madame.
    – Vous avez bien agi, je vais voir comment il se porte.
    – Il est en haut en compagnie d'un ami.
    François monta à l'étage. Il découvrit le blessé allongé, apparemment touché à l'épaule. Un inconnu qui l'aidait à se redresser pour trouver une position plus confortable fit un geste en direction de sa rapière en apercevant leur visiteur. Arnaud, tout aussi surpris par cette entrée, le retint.
    – François, que diantre fais-tu ici ?
    Puis remarquant le regard de son beau-frère sur son compagnon, il poursuivit :
    – Javier, je te présente François de Rohan Montauban dont je t'ai parlé et qui s'est décidé à monter à Paris. François, je te présente mon cousin Javier de San Juan qui vient de me sauver la vie. Il est dans la capitale depuis l'été dernier, chargé par son père de liquider discrètement les intérêts familiaux et le patrimoine français mis à mal par le conflit actuel entre nos deux nations. C'est un protégé de notre reine, conclut-il dans un souffle d'une gaieté et d'undébit dus à l'alcool qu'il avait ingurgité en grande quantité afin de supporter la douleur ravivée par l'examen du médecin pour s'assurer qu'aucun tendon n'avait été touché.
    Les deux gentilshommes s'observèrent en silence. Javier était un digne spécimen de l'aristocratie espagnole : cheveux noir corbeau, de l'allure, des traits acérés, froids, qui se métamorphosaient dès qu'il souriait, ce qui permettait alors de remarquer la ressemblance entre les cousins, discrète mais réelle.
    – Que t'est-il arrivé ? l'interrogea François, tirant une chaise pour s'asseoir aux côtés du blessé.
    – Ah, mon grand, je ne suis pas fier de moi !… Je me suis cru assez habile pour me mêler aux agents du coadjuteur afin de déjouer ses plans. Malheureusement j'ai été démasqué. Ils m'ont séquestré. J'ai tenté de m'enfuir et j'allais être rattrapé quand Javier est arrivé… un vrai miracle. Je m'en sors avec une simple égratignure.
    Le blessé fit un geste pour que son cousin continue le récit car il était épuisé.
    – J'avais besoin de voir Arnaud en urgence. Louise m'a dit où trouver les hommes de son escouade et, sur leurs indications, j'ai rejoint ceux cachés aux abords du domaine de Noisy, guettant Arnaud qui avait réussi à se mêler aux conjurés pour les espionner, muy preocupados 3 , car il n'était pas ressorti avec les autres participants. On se demandait comment le libérer lorsqu'il y a eu des cris à l'intérieur de la demeure et, en m'approchant, je l'aivu essayer d'échapper aux sbires de Gondi por eso intervine 4 .
    – Il m'a sorti d'un sacré guêpier et a estourbi quatre adversaires pour cela. Damné gaillard ! s'écria Arnaud en riant avant de devoir s'arrêter à cause de son entaille.
    Puis son visage s'assombrit.
    – Sans lui ma mission aurait été un échec complet. Je n'ai pas pu soustraire Leurs Majestés à la vindicte populaire.
    François le rassura rapidement sur le sort de ceux pour lesquels il était prêt à se sacrifier. Soulagé, Arnaud se félicita qu'il y ait eu plus de peur que de mal. Ce ne fut qu'à ce moment-là qu'il le questionna :
    – Et toi, François, que nous vaut ce plaisir ? Vous deviez nous rejoindre pour Pâques… As-tu bien reçu mon courrier, la surprise a dû plaire à ton épouse !
    Sa bonhomie disparut aussitôt en comprenant, à l'expression de son beau-frère, qu'il était arrivé quelque chose de grave. François, qui aurait préféré en parler seul à seul, se décida néanmoins à dire la vérité :
    – Mont Menat a été attaqué et Nolwenn enlevée…
    Le baron de Saldagne écarquilla les yeux de stupeur, tentant de rassembler ses esprits.
    – Dios mio 5 , laissa échapper Don Javier de San Juan devenu blanc comme un linge. C'est pour cela, Arnaud, que

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