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Le lacrima Christi

Le lacrima Christi

Titel: Le lacrima Christi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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me souviens de rien ce matin, sauf de Thomasina tournoyant dans la cuisine comme une tornade.
    — Elle est inquiète, expliqua Kathryn en fixant de nouveau la fresque.
    Colum Murtagh se frotta le visage et examina Kathryn du coin de l'œil. Il avait travaillé dur la veille à dresser un jeune étalon plein de feu et vif qui n'en faisait qu'à sa tête. «
    Comme toi », pensa Colum. Il arrivait que sa compagne l'intimide. Elle n'était ni coléreuse ni acerbe dans ses propos. Ce qui le souciait, c'était plutôt sa sérénité. Elle était là, vêtue d'une robe bleu foncé au col et aux poignets blancs et chaussée de pratiques brodequins marron. Ses cheveux noirs étaient coiffés en arrière et cachés sous un voile blanc amidonné qui tombait sur ses épaules. Ce voile, soutaché de petites perles, encadrait le visage de Kathryn et mettait en valeur ses grands yeux brillants, son teint de lis et ces lèvres qu'il aimait tant baiser mais qui, à présent, étaient pincées. Elle contemplait la peinture mais son esprit, semblait-il, vagabondait. Elle détourna le regard et adressa un clin d'œil à Colum.

    — Belle église !
    Elle descendit la nef vers la porte de la chapelle Saint-Michel et s'arrêta pour regarder à travers la grille. La chaîne d'argent pendait encore au plafond mais, au bout, le crochet était vide. Le réceptacle et le rutilant rubis qu'il avait renfermé avaient disparu comme volutes de fumée.
    Kathryn ferma les yeux et respira profondément pour savourer les délicieux parfums.
    — C'est un vrai mystère, déclara Colum en la rejoignant.
    La jeune femme fit le tour des trois côtés de la chapelle. Les treillis en bois montaient haut. Chaque face était couverte de scènes sculptées tirées de la Bible : Joseph et Marie, montés sur un âne à l'air fourbu et entourés d'une nuée d'anges, s'enfuyant en Egypte ; la tentation du Christ par Satan ; un ange offrant à Jésus un calice pendant son agonie à Gethsémani. Elle caressa le bois du bout des doigts.
    — Résistant comme du fer ! remarqua-t-elle.
    Elle tapa le sol du pied et examina le dallage gris foncé.
    — Une entrée secrète ? suggéra Colum.
    — Il se peut, admit-elle, mais je ne crois pas.
    Elle recula et, d'un geste, désigna les lieux.
    — Colum, c'est une solide construction érigée dans le flanc de l'église. Elle a trois côtés en bois et le quatrième est formé du mur de pierre qui donne sur le cloître. Nous l'avons déjà examiné : la pierre en est dure et il y a un vitrail, mais pas la moindre fente, le moindre trou. A l'intérieur il y a trois épais treillis de chêne. Le seul accès possible est la porte.
    Elle s'avança en écartant d'un coup de pied sa chape qu'elle avait posée sur les dalles. Elle scruta les lieux à travers la grille de bois puis examina les attaches de fer en haut et en bas de l'huis et la lourde serrure, œuvre d'un artisan de la ville.
    — D'après les rapports, soupira-t-elle, le Lacrima Christi était exposé hier. Le prieur Barnabas et frère Ralph ont monté la garde entre vêpres et complies. C'est pendant ce temps qu'on a dérobé le joyau.
    — Ce pourrait être ce coquin, dit Colum en bâillant. Celui qui est tapi comme une souris dans la chaire de Miséricorde. C'est un larron qui a demandé asile.
    Kathryn éclata de rire.
    — J'ai déjà rencontré Laus Tibi ! Il dérobe fort adroitement les escarcelles et sait fouiller dans les poches avec dextérité, mais non, cette affaire le dépasse. Elle demande trop de ruse.
    Elle s'interrompit comme la porte du cloître s'ouvrait.
    Luberon, le clerc affable mais fat de l'échevinage et de l'archevêque de Cantorbéry, entra en se dandinant avec toute l'autorité dont il était capable. D'une main il tenait son écritoire et de l'autre jouait avec la chaîne d'or qu'il portait au cou. Il était vêtu d'une cotte-hardie pourpre foncé et, en voyant sa démarche, Kathryn pensa à un canard furibond.
    Le visage rond et bien rasé de Luberon était un peu empourpré, ses yeux protubérants encore plus exorbités qu'à l'ordinaire et son nez retroussé frémissait comme celui d'un furet ayant flairé un rat. La contrariété faisait tressaillir ses épaules et, feignant l'empressement, il adressa à Kathryn un sourire contraint. Il frappa le sol du talon de sa botte.
    — Enfin, trompeta-t-il, les voici !
    Barnabas, le prieur, repoussa son capuchon et contourna le clerc pour les saluer.
    — Nous avons été retardés,

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