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Le lacrima Christi

Le lacrima Christi

Titel: Le lacrima Christi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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lenteur et s'arrêtait de temps à autre pour murmurer des versets de l'Évangile comme «
    Jésus tomba une première fois ». Il reprenait son chemin.
    Les sentiers se rétrécissaient. Les haies semblaient s'élever comme des murs qui cachaient le soleil et le ciel mais le chevalier n'en avait cure.
    —- Miserere mei Domine, récita-t-il.
    Aujourd'hui le trajet semblait interminable. Au fur et à mesure que s'estompaient les bruits venant de la prairie, Sir Walter ne cheminait plus vers la croix mais était revenu dans le passé vers ce groupe de soldats ensanglantés qui se tenaient près de leur empereur sous la bannière impériale. Puis ce fut l'image du bosquet gelé sur le champ de bataille trempé de sang de Towton qui lui vint à l'esprit. Il recommença à prier. Il ne pensait presque pas à sa destination : il connaissait si bien le plan de son dédale que c'était toujours une surprise quand il en sortait et levait les yeux sur la Croix des pleurs. Il se signa et, sans chercher à éviter les cailloux qui lui écorchaient les genoux, il s'avança en titubant vers la première marche. Il prierait d'abord pour ceux qui avaient péri à Constantinople.
    — Du fond des ténèbres, je crie vers Toi, ô Seigneur !
    Pour une raison quelconque il s'interrompit en se rappelant le Lacrima Christi. Sa disparition était-elle un signe de la colère de Dieu ? Entendant du bruit, il leva les yeux.
    — C'est impossible !
    Il se retourna et aperçut la silhouette encapuchonnée. Mais il ne lui restait que quelques secondes à vivre. La hache à deux tranchants bien aiguisée s'abattit sur sa nuque, le décapitant avec autant d'aisance qu'une jouvencelle cueille une fleur.

CHAPITRE PREMIER
    « Et c'est un vendredi qu'advint toute cette malchance. »
    Chaucer, « Le conte du Prêtre des nonnains », Les Contes de Cantorbéry , 1387
    Kathryn Swinbrooke était fascinée par la fresque qui se trouvait près de la porte du dépositaire de l'église de Greyfriars. Elle représentait un groupe d'oies jaunes rassemblées au pied d'un échafaud où l'on s'apprêtait à pendre un goupil roux et noir. L'artiste itinérant avait peint la scène à grands coups de brosse et en brillantes couleurs.
    Plus Kathryn examinait les oies, plus elles lui faisaient penser à de gras bourgeois suffisants prêts à brancher un coquin à l'air plutôt malchanceux. Quel qu'en soit le commanditaire, il avait eu l'intention de donner une leçon : le monde pouvait être mis sens dessus dessous et il ne fallait pas se fier aux apparences.
    — C'est vrai, c'est vrai, marmonna Kathryn. Elles sont toujours trompeuses.
    — Croyez-vous que les oies triompheront un jour du renard ? Je veux dire, dans cette vallée de larmes ?
    Kathryn se retourna et ses yeux se fixèrent sur les traits burinés du visage mat de Colum Murtagh, commissaire du roi à Cantorbéry et gardien des écuries royales à Kingsmead. Colum Murtagh, soldat irlandais, courtisan et son bien-aimé ! Ils avaient échangé leurs vœux, acheté des anneaux et décidé du jour : le samedi, jour de la Saint-Bernard, ils confirmeraient leur engagement devant la porte de l'église et deviendraient mari et femme.
    — Nous étions censés aller au marché ce matin, dit- il en lui effleurant la joue.
    Kathryn appuya sa main contre le justaucorps de cuir brun de Colum et ses doigts touchèrent la boucle de son ceinturon. Elle regarda de plus près la chemise blanche échancrée qui laissait voir une croix d'argent au bout d'une chaîne d'or.
    — Vous devriez avoir une chaîne d'argent avec une croix d'argent, chuchota-t-elle. Mais voilà bien mon Irlandais ! Rien n'est jamais assorti.
    Elle baissa les yeux : son haut-de-chausses vert bouteille était moucheté de boue. Elle se mit à rire et recula.
    — Ces bottes sont dépareillées.
    — Quoi ! s'exclama Colum en ébouriffant sa tignasse noire et en agitant les pieds.
    — Irlandais, vous n'êtes même pas réveillé ! Des bottes dépareillées et un fourreau de dague vide !
    Elle s'approcha en souriant.
    — Êtes-vous amoureux, Colum ?
    Elle suivit du doigt sa barbe de plusieurs jours.
    — Avez-vous bien dormi et rêvé de moi ?

    Colum fit une petite grimace. Ses yeux profondément enfoncés pétillèrent de gaieté bien qu'ils fussent encore lourds de sommeil. Kathryn ne pouvait résister à l'envie de le taquiner.
    Colum bâilla.
    — C'est à cause de Thomasina : elle jacassait comme une pie et en avait l'habit noir et blanc. Je ne

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