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Le lacrima Christi

Le lacrima Christi

Titel: Le lacrima Christi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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avaient arraché le pouvoir aux Lancastre, le massacre des prisonniers, les exécutions sommaires...

    — Il arrive, expliqua Maltravers, que cela me tourmente, tout comme ma fuite hors de Constantinople. Les Athanatoi...
    Le père John se rapprocha.
    — Sir Walter, ce sont des sornettes, une cruelle plaisanterie !
    — Vraiment ? grinça ce dernier. Les Athanatoi, les Immortels, étaient membres de la maison impériale. Eux, au moins, ont soutenu leur maître. Ils ont connu la prison, l'esclavage...
    — Et une sotte fable prétend qu'ils hantent à présent tous ceux qui ont abandonné l'empereur...
    — Je ne l'ai point abandonné ! s'insurgea Sir Walter.
    — Je sais, je sais, reprit le chapelain d'un ton apaisant.
    Alors, renoncez à ces sottises.
    — Elles m'obsèdent.
    — C'est ridicule ! coupa le prêtre.
    — Hier soir ils ont volé le Lacrima Christi à Greyfriars !
    — C'est faux, répliqua le prêtre nez à nez avec son maître. Il a été dérobé par un habile félon, par fourberie et méchanceté à Greyfriars.
    Sir Walter, agenouillé et hochant la tête, n'écoutait pas.
    — Vous devez vous réconcilier avec vous-même, conseilla le père John en effleurant la haire et la corde autour du cou de Maltravers. Vous avez demandé l'absolution et elle vous a été accordée. Mais néanmoins, chaque vendredi, vous entrez dans ce labyrinthe et tenez à toute force à en rejoindre le centre à genoux pour prier devant la Croix des pleurs.
    — Ce n'est que justice, rétorqua Sir Walter, pendant les trois heures de la Passion du Christ. C'est un acte d'expiation.
    — Est-ce pour cela que vous avez acquis Ingoldby ?
    plaisanta son interlocuteur dans l'espoir de détendre l'atmosphère. À cause de ce dédale et de sa Croix des pleurs ? Je préférais le temps où vous vous agenouilliez devant le crucifix d'une chapelle.
    Mal travers leva la tête et tendit l'oreille pour entendre la lointaine conversation entre Thurston et Gurnell, le rire de sa femme et d'Eleanora, le son mélodieux de la flûte.
    — Vous devriez être avec eux, le pressa le père John, profiter de la présence de votre épouse, jouir de la vie.
    Chassez ces sinistres pensées.
    Il joignit les mains.
    — Vous avez dû fuir Constantinople et quant au massacre des Provençaux à Towton, ce n'était pas votre faute. Voilà dix-neuf ans que Constantinople est tombée et bien plus de dix ans que la victoire de Towton a eu lieu.
    Oubliez tout cela.
    — Et les Athanatoi ? s'enquit Sir Walter en lançant un coup d'œil courroucé à son chapelain.

    — Ils peuvent se donner ce nom, sourit le père John, mais ils n'existent pas. Je ne crois pas qu'ils viennent de Constantinople. Ce n'est qu'une mauvaise plaisanterie organisée par des gens qui ont fouillé dans votre passé.
    Dieu seul sait combien ils sont à envier profondément votre bonne fortune.
    — Mais les proclamations ? protesta Maltravers.
    Affichées sur la croix du marché à Cantorbéry, sans parler de celle qu'on a clouée à la porte même de la cathédrale !
    — Ce n'est que malignité, dit le prêtre. Le tour malséant d'un mauvais farceur. Et maintenant, Sir Walter, je vais entendre votre confession bien que je sache qu'elle sera la même que vendredi dernier. In Nomine Patris et Filii...
    Il se signa, imité par Maltravers.
    — Bénissez-moi, mon père, car j'ai péché. Je ne me suis pas confessé depuis une semaine.
    Le père John posa avec douceur la main sur la tête inclinée de son maître et regarda avec désespoir les troènes verts de l'autre côté de la sente. Il commençait à haïr cet endroit.
    Il aurait aimé partir, mais avait de sérieuses craintes quant à la déraison de son seigneur. En bien des domaines, Sir Walter était fort sage. Il était généreux et compatissant, c'était un soldat courageux, et un homme de bon conseil, mais quand il s'agissait de son passé...
    Il écouta la litanie des peccadilles et eut un petit sourire.
    Ingoldby était un paradis avec ses pièces dallées de marbre, ses riches champs et ses jardins odorants. Sir Walter était venu dans la région juste après la guerre et avait sur-le-champ acquis le domaine. Était-ce à cause de ce labyrinthe ? De ces sentiers tortueux qui sinuaient sans fin entre d'épaisses haies de troènes ? Sir Walter seul connaissait le chemin. Il l'avait une fois emmené avec lui.
    Ils avaient viré à gauche, à droite jusqu'au centre. Le père John en avait eu le tournis. Les sentes

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