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Le lacrima Christi

Le lacrima Christi

Titel: Le lacrima Christi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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savait où elle se rendait.
    — Et ? questionna Kathryn qui se sentit lasse tout à coup.
    Il y a autre chose ?
    — Comme je vous l'ai dit, Veronica était jolie fille ; elle venait d'une bonne famille. Son père lui avait offert un médaillon pour sa fête. Elle y tenait comme à la prunelle de ses yeux. Un peu plus tôt dans la journée, elle a affirmé l'avoir perdu et elle est sortie pour le chercher.
    — L'avait-elle retrouvé ?
    — Oui, oui, précisa l'intendant. Ses compagnons n'en ont plus entendu parler. J'ai pensé que je devais vous en informer.
    La jeune femme le remercia et se dirigea vers sa chambre.
    Elle avait laissé la porte ouverte et elle entra avec prudence. Elle commença par examiner la pièce, les courtines, le gobelet de vin. Elle s'apprêtait à verrouiller l'huis quand elle baissa les yeux sur la petite table. La chandelle était éteinte ; un serviteur l'avait peut-être soufflée ? Mais il était évident que le morceau de parchemin avait été déplacé. Elle se souvenait de l'avoir laissé sous les petits poids, mais on les avait écartés et, à présent, le vélin était enroulé. Thurston, Mawsby ou le père John étaient-ils venus ici ? Gurnell prétendait ne pas savoir lire couramment, mais était-ce vrai ? Kathryn tira les verrous, quitta ses bottes et sa mante et s'étendit avec plaisir sur le lit en remontant la couverture sur sa tête. Elle tenta de se calmer en pensant à Colum, puis se demanda combien de temps elle pourrait rester au château. En dépit de ses efforts, l'image de la tête tranchée aux yeux mi-clos et au cou déchiqueté lui traversait l'esprit comme un cauchemar. Celui qui avait fait ça, conclut-elle, avait le cœur plein de haine. Tuer un ennemi était une chose, déshonorer son corps en était une autre. Qui pouvait bien être le coupable ? Gurnell ? Était-ce lui l'assassin qui avait tout organisé à la nuit tombée ? Où avait-on gardé la tête et le piquet ? Dans le bosquet qui séparait la grande prairie du mur d'enceinte du manoir ? Elle repoussa la couverture. En lançant un coup d'œil à travers les courtines, elle vit l'obscurité derrière la fenêtre. Ce serait bientôt l'aube. Elle s'étendit derechef et s'endormit.
    Elle se réveilla tard. Elle aurait bien voulu assister à la messe dans la chapelle du manoir, mais aux bruits qui montaient de la cour elle comprit que la routine quotidienne de la maison était déjà bien avancée. Amelia lui apporta un nouveau broc l'eau et une serviette, puis un plateau chargé d'un pichet de petite bière, de pain, de fromage, d'un pot de beurre et de quartiers de pomme frais. Kathryn déjeuna, se rendit à la garde-robe, fit sa toilette et s'habilla pour la journée.
    Quand elle quitta sa chambre, chacun s'affairait. Serviteurs et chambrières couraient dans les escaliers. Ils se montrèrent plutôt obligeants et l'un d'entre eux proposa de la conduire dans la grande salle pour se restaurer, mais Kathryn avait décidé de se promener dans le château et d'en découvrir davantage par elle- même. La principale porte de derrière était ouverte. Des servantes balayaient les marches, palefreniers et garçons d'écurie transportaient des seaux d'eau débordants afin de nettoyer et de récurer l'escalier. Kathryn pria qu'on l'excuse et descendit. Il était environ dix heures du matin et la journée s'annonçait belle avec un ciel bleu limpide et un soleil ardent, bien qu'une agréable brise agitât encore les branches des arbres. Les oiseaux piquaient au-dessus de l'herbe et les grillons entonnaient déjà leur chant monotone habituel. Des colombes, blanc miroitement sur l'azur du ciel, s'envolaient du pigeonnier tout proche. L'air exhalait une odeur de fleurs et résonnait du roucoulement régulier des ramiers. Mais le désordre de la nuit précédente avait laissé des traces dans la grande prairie. On apercevait un peu partout des seaux, des râteaux et des pelles. Kathryn longea le labyrinthe et inspecta les dégâts. L'incendie était complètement éteint, la haie du fond et l'herbe alentour n'étaient plus que cendres noires. Elle décida de ne pas y pénétrer : la corde qui servait de repère se trouvait là et son extrémité traînait près de l'entrée, mais elle se sentait mal à l'aise et inquiète. Elle se retourna pour regarder le château aux fenêtres scintillantes dans le soleil matinal. Quelqu'un l'épiait-il ? En suivant le périmètre du dédale, elle remarqua que l'herbe sous la

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