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Le lacrima Christi

Le lacrima Christi

Titel: Le lacrima Christi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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terre d'où s'échappait de la vapeur. L'odeur du vin épicé était agréable. Le capitaine posa deux coupes d'étain sur la table, les remplit à ras bord et tira deux serviettes de sa ceinture. Kathryn enveloppa la sienne autour de son gobelet et sirota sa boisson avec reconnaissance. Le généreux clairet de bordeaux, aromatisé de gingembre, de muscade, de clou de girofle et d'un peu de sucre, était savoureux. Gurnell prit place en face de la jeune femme. La pièce était plutôt bien éclairée par un bon nombre d'épais lumignons qui brillaient avec ardeur sous leurs calottes de métal. L'apothicaire en désigna un.
    — Maltravers devait être très fortuné pour avoir de la lumière même en pleine nuit.
    — Très fortuné, en effet, acquiesça Gurnell en fixant Kathryn qui rougit un peu et reprit sa coupe.
    Quelque chose chez le capitaine lui rappelait Colum. Sa calme vigilance, son regard direct, ses paroles franches, la petite touche de raillerie de sa voix. Comme s'il avait senti sa gêne, Gurnell se leva, déboucla son ceinturon et le déposa par terre.
    — Le guet de nuit se sert aussi de cette pièce.
    — La maison est donc inspectée et gardée ?
    — Oh, oui ! Ce vieux Thurston ne dort jamais. Il prétend n'avoir besoin que de deux ou trois heures de sommeil.
    — Y a-t-il des sentinelles dans le domaine ?
    — Non, la demeure est protégée et close. Il arrive que les chasseurs et des verdiers sortent à la recherche de braconniers, mais Sir Walter était fort indulgent. Il affirmait toujours qu'un faisan ou un cerf en moins ne lui manquait pas ; par contre, il ne tolérait pas le braconnage hors saison.
    — Peut-on sortir d'Ingoldby Hall sans se faire remarquer ?
    — C'est possible. Il y a moult poternes et entrées latérales. Nous n'y prêtons pas garde, dit Gurnell en riant.
    Ce sont les gens qui essaient d'entrer par effraction qui nous préoccupent.
    — Pourtant l'assassin a dû quitter la maison, remarqua Kathryn en cherchant des yeux une chandelle des heures.
    Quelle heure est-il, Maître Gurnell ?
    — Deux heures du matin environ.
    — Le feu a donc éclaté vers minuit, n'est-ce pas ? Le tueur s'enfuit, récupère la tête coupée, plante un piquet dans le sol et y fiche son trophée. Puis il arrose la haie d'huile et enflamme l'amadou.
    — Cela aurait pu se faire hier soir, au crépuscule, objecta Gurnell. Moi, c'est comme ça que j'aurais procédé, ajouta-t-il en soutenant le regard de son interlocutrice.
    J'aurais tout préparé à la faveur de l'obscurité, puis j'aurais attendu pour me faufiler dehors et déclencher l'incendie.
    Personne, surtout après ce qui est arrivé, n'avait envie de se promener dans les ténèbres derrière le labyrinthe.
    Kathryn but une gorgée de vin.
    — Hier après-midi, Maître Gurnell, vous surveilliez l'entrée du dédale. Avez-vous quitté votre poste ?
    — Non, pas un instant.
    — Quelqu'un aurait-il pu passer par-dessus la haie du fond, se glisser dans le labyrinthe et y attendre Sir Walter?
    — Peut-être, mais Lady Elizabeth aurait vu l'intrus, si ce n'est quand il est entré, du moins quand il en est ressorti. Et de toute façon, Maîtresse, une fois dedans, comment aurait-il pu trouver son chemin vers le centre ?
    — Y a-t-il des passages secrets, ici, au château ?
    interrogea l'apothicaire.
    — Il existe un souterrain qui part des caves et mène sous la grande prairie.
    Gurnell reposa son gobelet et leva la main en réponse à l'exclamation de Kathryn.

    — Je vous assure que les serviteurs le connaissent bien.
    Mais un éboulement l'a bloqué et le précédent propriétaire l'avait fait murer de façon sommaire. Même si la voie était dégagée, je ne suis point certain qu'elle conduise au dédale ou ailleurs.
    — Vous étiez donc à l'entrée du dédale. Lady Elizabeth et Eleanora se trouvaient sous la tonnelle de fleurs, à droite. Mawsby était à Cantorbéry, le père John dans la bibliothèque et Thurston s'affairait dans la cuisine. Y avait-il d'autres hôtes ou des étrangers ?
    — Cet infirmier, le frère Ralph. Il était venu voir Sir Walter. Je crois qu'il voulait lui transmettre les excuses du prieur à propos du Lacrima Christi, mais Sir Walter s'est montré inflexible : il ne recevait personne le vendredi.
    — Le vol du Lacrima Christi l'avait-il courroucé ?
    — Il le déplorait, mais prétendait que le rubis était trop précieux pour qu'on puisse le vendre sur un marché officiel.
    Il espérait qu'il

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