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Le lacrima Christi

Le lacrima Christi

Titel: Le lacrima Christi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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Le lointain son de la trompe du marché, signal de la fin des transactions, s'éleva.
    — Colum, il y a une énigme que je n'arrive pas à résoudre : Gurnell dit que son maître gardait une corne au centre du labyrinthe. Il en sonnait toujours, mais le jour de son trépas ce ne fut pas le cas. Sir Walter n'en a-t-il pas eu le temps, ou le tueur l'avait-il déjà emportée ? Elle a disparu et on ne l'a jamais retrouvée. Et autre chose...
    Kathryn se tut.
    — Alors que nous nous rendions à Cantorbéry, il m'est revenu que Gurnell gardait l'entrée du dédale. Les autres sentinelles l'ont vu mais elles flânaient au soleil. Lady Elizabeth elle aussi affirme qu'il n'a pas bougé, mais s'il savait comment se diriger dans le labyrinthe, n'aurait-il pas pu s'absenter un court instant pour perpétrer son sanglant méfait ?
    — C'est possible, admit Colum en désentravant les chevaux et en enroulant les rênes autour de ses poignets.
    Nous rentrerons à pied, n'est-ce pas ?
    — Restons ici encore un peu, proposa l'apothicaire. Ce cimetière est si paisible. Le père John et Maître Thurston...
    — Qu'ont-ils fait, Kathryn ? Comme celui du frère lai, mon estomac crie famine !
    — Eh bien, Thurston déclare que le père John était dans la bibliothèque, continua la jeune femme. Il lui a apporté des rafraîchissements. Par conséquent, pendant un certains laps de temps, seuls l 'intendant et le chapelain pouvaient se porter garants l 'un de l'autre. C'est si intrigant !
    Elle tapa du pied.

    — Se pourrait-il que Maltravers ait été occis non par une seule personne mais par une conspiration fomentée par plusieurs ? Comme les charlatans qui, au marché, placent une pièce d'argent sous l'une des trois coupes et dupent ensuite les spectateurs. Suis-je dans la mauvaise direction ? Les familiers de Sir Walter ont-ils comploté son meurtre et se protègent-ils mutuellement à présent ?
    —
    Pourquoi ne pas inclure Lady Elizabeth et Eleanora
    ? suggéra Colum.
    — C'est une possibilité, en effet. Il faut encore que je consulte une copie du testament de Maltravers, mais, semble-t-il, ils bénéficient tous de sa mort.
    La cloche du prieuré sonna derechef.
    — C'en est terminé du silence, Kathryn, remarqua Colum en tendant la main. Nous devons partir.
    Ils se mirent en marche, regagnèrent le prieuré puis, tournant à gauche, repassèrent le pont et suivirent les rues à moitié vides. L'apothicaire, perdue dans ses pensées aux côtés de son promis, n'avait pas conscience de ce qui l'entourait. Elle entendit qu'on l'appelait et que Colum échangeait quelques saluts avec des passants. Ils parvinrent à Ottemelle Lane et Murtagh lui tira l'oreille en plaisantant.
    — Nous sommes arrivés, ma mie.
    — Oui, oui, bien sûr !
    Elle poussa la porte et Wulf, le jeune enfant trouvé, se précipita dans le couloir, les bras tendus, le visage barbouillé de beurre et de miel. Il se jeta sur Kathryn et entoura sa taille de ses bras. Derrière lui trottait Agnes la servante, yeux brillants et joues rouges. Thomasina, qui avait élevé Kathryn et lui tenait lieu de gouvernante, arriva enfin, tout sourire, sa guimpe blanche flottant comme les voiles d'un navire.
    — Juste à temps ! s'exclama-t-elle. J'en ai assez des malices de ces deux-là !
    Elle jeta un coup d'œil par la porte entrouverte.
    — Ah oui, et voilà l'Irlandais avec les chevaux. Entrez, Dame Kathryn, entrez !
    — Comment pourrais-je résister à un tel accueil ?
    répondit l'apothicaire.
    Thomasina écarta Agnes, attrapa Wulf par la peau du cou et, les larmes aux yeux, embrassa sa maîtresse comme si cette dernière venait de rentrer d'un pèlerinage à Jérusalem.
    — Vous m'avez manqué, chuchota-t-elle. Et ces terribles meurtres inopinés sont toujours dangereux...
    Kathryn fut emprisonnée dans une douce étreinte. Un parfum de lavande, de farine et de savon lui chatouilla les narines. Quand enfin Thomasina la lâcha elle avait les yeux secs et elle lança un regard furieux vers Wulf.
    — Ça ne pense qu'à malice ! accusa-t-elle. Quand ce n'est pas à la pauvre Agnes qu'il s'en prend, c'est à moi !
    Kathryn pensa in petto que la « pauvre » Agnes adorait ça mais elle garda ses réflexions par-devers elle tandis que Thomasina la conduisait dans la cuisine dallée de pierre.
    Tout était en ordre : un petit feu brûlait dans la cheminée, les fenêtres donnant sur le jardin étaient grandes ouvertes et la vaste table de chêne noir avait été

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