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Le lacrima Christi

Le lacrima Christi

Titel: Le lacrima Christi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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retour, ou quand vous étiez au manoir ? insista Kathryn.
    L'infirmier alla quérir un petit tabouret à l'autre bout du chœur, revint et s'assit.
    — Rien. C'était une belle matinée. J'ai pris un cob dans les écuries du prieuré. Les routes étaient désertes, le château calme et silencieux et les valets vaquaient à leurs tâches. J'ai fait le tour par-derrière ; Lady Elizabeth se trouvait sous la tonnelle et Sir Walter dans la grande prairie.
    Le père John a beaucoup insisté pour que je ne le dérange pas.
    — Ah, c'est vrai, le père John, dit l'apothicaire en regardant le prieur. Mal travers est-il déjà venu ici pour se confesser ?
    — Je l'ai absous à deux reprises. Mais, comme vous le savez, s'empressa d'ajouter Barnabas, le secret de la confession exige que je me taise sur ce qu'il m'a confié.
    — Il vous a donc confié quelque chose ?
    — Sir Walter était un homme fort tourmenté. Il souffrait de mélancolie.
    — A-t-il fait allusion aux Athanatoi ?
    — Je connais les rumeurs, mais Sir Walter était...
    Le prieur s'interrompit.
    — La mélancolie frappe certains d'entre nous, Maîtresse Swinbrooke. Frère Ralph évoquait un déséquilibre des humeurs. J'incitais Sir Walter à prier davantage, à s'en remettre au Christ.
    — Mais vous aviez bien entendu parler de la réputation de Maltravers quand vous étiez à Towton ? demanda Colum.
    — Oui et non. C'est là que j'ai rencontré frère Ralph.
    Médecins et armuriers suivent les armées. Je dirais que nous étions au bord du champ de bataille. Lui et moi n'avions cure des maisons de Lancastre ou d'York.
    — Vous connaissiez-vous à cette époque ?
    — Ce n'est qu'une fois ici que nous avons partagé nos aventures, mais j'ai vu le champ de bataille. Les hauts tas de cadavres, dit Barnabas avec une grimace. Les hommes gémissant et hurlant, les blessés qu'on achevait. Les pendus aux branches des arbres. C'était le dimanche des Rameaux. Je n'oublierai jamais cet horrible spectacle par cette sainte journée. Je me suis rendu à Londres et ai décidé d'entrer dans les ordres. Frère Ralph était à Carlisle et avait pris le même parti. Les frères, à Londres, m'ont hébergé quelque temps. Comme j'étudiais sans mal, ils m'ont envoyé à notre maison mère, en Italie. Puis je suis revenu et ai servi dans plusieurs communautés. Je suis ici depuis dix-huit mois.
    — Frère Ralph, Sir Walter vous parlait-il parfois ?
    — Oh, de choses anodines ! C'était un livre fermé : on ne voit que les couvertures et la tranche des pages.
    J'éprouvais de la sympathie et même du respect pour lui mais ne l'ai jamais connu plus que ça, Maîtresse Swinbrooke.
    — Avez-vous acheté cette pyxide, mon père ? s'enquit Kathryn en désignant le réceptacle d'argent arrondi qui contenait l'hostie sacrée. J'ai remarqué ses inscriptions en grec.

    — Non, c'était un cadeau de Maltravers. Et maintenant, Maîtresse, nous avons...
    La porte du chœur s'ouvrit à la volée et frère Simon, bure flottant autour de lui, fit irruption.
    — Père prieur ! Père prieur ! haleta-t-il. Venez voir !
    — Voir quoi ?
    Frère Simon se retourna.
    — Approchez ! Approchez ! cria-t-il à l'adresse de quelqu'un dans la sacristie.
    Un homme corpulent et râblé entra en traînant les pieds. Il portait une coûteuse cotte-hardie mais, dans son effort pour dissimuler sa chemise et son haut-de- chausses plutôt crasseux, il l'avait lacée de travers.
    Kathryn se leva.
    — Eh bien, s'enquit Barnabas, qu'y a-t-il donc de si urgent ?
    L'arrivant ouvrit sa besace de cuir et en sortit une pièce d'orfèvrerie, rouge et brillante, en forme de C avec un fermail en haut. Kathryn comprit ce que c'était à l'instant même où le prieur la prit des mains de l'homme.
    — C'est le réceptacle du Lacrima Christi ! s'exclama frère Ralph.
    Barnabas le tournait et le retournait. Sans un mot, il le tendit à la jeune femme. L'objet était plus lourd qu'il n'y paraissait.
    Ciselée dans un métal rouge et précieux, cette œuvre d'artisan avait enchâssé le rubis sur trois côtés, le laissant ainsi voir dans toute sa splendeur. Il avait environ quinze pouces de long sur dix de large. Le fermoir du haut consistait en un épais anneau de bronze rouge qu'on pouvait fixer au crochet d'argent.
    — Où avez-vous trouvé ceci ?
    — Je fais commerce d'orfèvrerie, mon père.
    La lèvre inférieure du bonhomme était protubérante, son visage bouffi et empourpré.
    — Je ne savais ce que

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