Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le lacrima Christi

Le lacrima Christi

Titel: Le lacrima Christi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
Vom Netzwerk:
c'était...
    — Et comment l'avez-vous compris ?
    L'homme s'essuya la figure d'un pan de sa chape.
    — Je vais être franc.
    Frère Simon s'éloigna en vitesse et revint avec une coupe d'étain remplie d'eau que le marchand vida avec avidité. Et quand Barnabas lui proposa le tabouret de frère Ralph, il s'assit sans plus de façon.
    — J'ai une échoppe près de l'hôpital Saint-Thomas. Tôt, ce matin, un homme élégant est entré. Enfin, il en avait l'air
    : bon justaucorps de cuir, haut-de-chausses enfoncé dans ses bottes, il portait une chape dont il avait à moitié remonté le capuchon. Je ne me souviens pas bien de lui, mais il a offert de me vendre ça. Il a prétendu qu'on le lui avait donné à Douvres en paiement d'un certain travail. Le métal est fort précieux et j'ai pensé que si je ne pouvais le revendre, je pourrais peut-être le refaçonner. Je l'ai acquis deux pièces d'argent.

    — Dans ce cas, vous auriez fait une très bonne affaire, intervint le prieur.
    — Oh, j'étais très content de mon achat ! Puis voilà qu'arrive ce clerc, avec ses oreilles de lutin et ses yeux brillants. Il l'a vu dans ma balance et a voulu l'examiner de près. Je l'ai laissé faire et il s'est mis à rire. Il m'a expliqué qu'il était allé voir le Lacrima Christi à Greyfriars. Est-ce que j'ignorais qu'on l'avait volé et que c'était le réceptacle dans lequel il était enchâssé ?
    — À quel moment cela s'est-il passé ? interrogea Kathryn.
    Le marchand lui jeta un regard perçant.
    — Quel drôle de frère vous faites, Maîtresse...
    — Répondez ! aboya Murtagh.
    — Je répondrai à sa place, déclara Kathryn. Vous avez compris qu'il avait été dérobé mais vous l'aviez payé un bon prix.
    L'apothicaire s'approcha et tapota le bras de l'orfèvre.
    — Et votre conscience a fini par vous ordonner de suivre le bon chemin, n'est-ce pas ?
    Ce dernier lui jeta un regard lugubre.
    — Deux pièces d'argent, marmonna-t-il avec tristesse.
    — Frère Simon vous conduira chez notre cellérier, coupa le prieur. Nous vous donnerons la moitié de ce que vous avez dépensé et nous nous souviendrons de vous et de votre famille à la messe de demain.

    Il esquissa une bénédiction.
    L'homme lança un regard éploré à Kathryn et un autre, nostalgique, au réceptacle.
    — La prochaine fois, lui conseilla la jeune femme, faites plus attention aux étrangers qui négocient des métaux précieux. Pourriez-vous le décrire ?
    — Comme je vous l'ai dit, pas vraiment. Il avait un visage émacié et le crâne dégarni ; il était bien vêtu mais avait des yeux fuyants.
    — Des yeux fuyants ? s'étonna Barnabas. Et vous ne vous êtes point...
    L'orfèvre se contenta de le regarder.
    — Je ferais mieux de récupérer mon argent.
    Il suivit frère Simon hors du chœur.
    — Bon, bon, bon, dit Kathryn en souriant. Laus Tibi doit louer le Seigneur. Il a réussi à s'échapper et, d'une façon ou d'une autre, à s'emparer du réceptacle qui contenait le Lacrima Christi.
    Elle soupira.
    — Je ne comprends pas quelle raison logique pourrait expliquer cette bonne fortune. Êtes-vous sûr, mon père, que Laus Tibi n'avait rien à voir avec la chapelle Saint-Michel ?
    — Non, aussi sûr que Dieu existe.
    — La nuit, fit observer Colum, il pouvait explorer cette église à son aise.

    — Qu'y aurait-il gagné ? objecta le prieur. Les portes sont closes et barrées. La chapelle Saint-Michel de même et le rubis sacré est à l'abri dans son coffre.
    Une cloche résonna au loin dans le prieuré et l'interrompit.
    — D'autres devoirs m'attendent...
    Kathryn et Colum le remercièrent et il s'en fut. Frère Ralph, avec autant de courtoisie que possible, raccompagna les deux visiteurs jusqu'à la porte principale entrebâillée.
    Un frère lai avait amené leurs montures. Il prenait à présent le soleil pendant que les chevaux broutaient l'herbe haute.
    — C'était fort agréable, constata ce grand échalas en bondissant sur ses pieds.
    Il épousseta sa bure grise et se frotta l'estomac.
    — C'est l'heure du souper. L'homme ne peut vivre que de pain, mais parfois ça aide, plaisanta-t-il avec un grand sourire.
    Et il s'engouffra dans l'église en claquant la porte derrière lui.
    — Un océan de mystères.
    L'apothicaire leva les yeux vers les petits nuages blancs. Le ciel bleu commençait à s'assombrir. Au- delà de la grille du cimetière, un garçon poussant une brouette grinçante réclama le passage à grands cris.

Weitere Kostenlose Bücher