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Le lacrima Christi

Le lacrima Christi

Titel: Le lacrima Christi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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sont des faits sans importance, bafouilla Gurnell.
    Où voulez-vous en venir, Madame ? Personne, parmi nous, ne pouvait suivre Sir Walter dans le labyrinthe, et même si nous l'avions pu, qui, ici, aurait voulu le tuer ? C'était un seigneur juste et un bon maître.
    — J'essaie simplement de clarifier la situation, déclara Lady Elizabeth. Je suis d'accord avec Maîtresse Swinbrooke. Le meurtrier appartient sans doute à la maison de Sir Walter. Par conséquent, dès que la Chancellerie aura entériné le testament de mon époux, j'ai décidé de renvoyer mes gens.
    Elle leva la main pour apaiser les protestations.
    — Vous bénéficierez tous d'un legs important, y compris vous, Eleanora.
    Elle n'eut cure du sursaut de protestation de sa suivante.

    — Je ne me sens pas en sécurité, reprit-elle. Et, en fait, je vous avertis : il devrait en aller de même pour vous tous jusqu'à ce que l'énigme soit résolue.
    S'emparant de son couteau, elle se mit à couper sa viande.
    Puis elle s'arrêta, prit un petit pain rond et l'émietta sur le plat d'étain.
    — Vous connaissez maintenant mon avis sur la question, dit-elle avec un sourire contraint. Mais pour l'heure, nous partageons un banquet funèbre.
    Elle leva son gobelet et les convives, l'air renfrogné, l'imitèrent.
    La suite du repas se déroula en silence, Lady Elizabeth ayant sans ambiguïté fait comprendre qu'elle interdisait les vains bavardages. Thurston enleva les plats et distribua les petites pâtisseries et les sucreries que les frères avaient déposées sur la desserte. Les coupes furent remplies à nouveau. Le triste souper se poursuivit. Gurnell, qui buvait beaucoup, se rembrunissait et avait du mal à garder les yeux ouverts. Mawsby voulut converser avec le chapelain, mais le prêtre ne lui répondit pas. Thurston contemplait son gobelet comme s'il pouvait y lire l'avenir. Eleanora pleurait en silence et quand la châtelaine essaya de la consoler, elle se détourna, morose. Le dîner touchait à sa fin, et le père John crut que Lady Elizabeth allait commencer un autre discours quand elle repoussa soudain sa chaire et fit mine de se lever, les poings serrés, la douleur contractant son beau visage.

    — Oh, Domine Miserere ! chuchota-t-elle. Ô Seigneur, aie pitié de moi !
    Eleanora poussa un cri strident, bondit sur ses pieds et tenta de soutenir sa maîtresse qui, n'écoutant que sa souffrance, se tenait le ventre. Sa coiffe se détacha et tomba par terre, laissant ruisseler ses cheveux d'or. Les convives, pétrifiés, ne bougeaient pas et fixaient Lady Elizabeth qui agrippa le bord de la table et s'efforça de se lever. Elle y était presque parvenue quand elle fut en proie à un nouveau spasme. Battant des mains, renversant son gobelet, elle se pâma derechef. Les cris de sa suivante retentirent dans le réfectoire et attirèrent les frères qui nettoyaient la cuisine toute proche. Ils se précipitèrent.
    Lady Elizabeth, ses compagnons immobiles autour d'elle, gisait sur le sol, un horrible gargouillis sortant du fond de sa gorge.
    — Ma maîtresse a été empoisonnée ! s'exclama Eleanora.
    Elle jeta un regard accusateur à la ronde.
    — Quelqu'un a empoisonné ma maîtresse !
    Kathryn, installée dans son cabinet de travail, remplissait son registre de recettes.
    — Et aussi de ce qui m'est dû, dit-elle entre ses dents.
    Il s'agissait de petites sommes. Elle faisait du profit, pas tant avec ses patients qu'avec les potions et poudres, les remèdes qu'elle vendait dans son officine, un peu plus loin dans le couloir. Elle reposa sa plume. La maison avait recouvré son calme. Wulf contemplait les étoiles dans le jardin, Agnes et Thomasina s'occupaient à la cuisine.
    Kathryn était heureuse de pouvoir penser à autre chose qu'aux meurtres mystérieux qui l'obsédaient depuis qu'elle était rentrée d'Ingoldby Hall. La rumeur de son retour s'était très vite répandue et une file de malades n'avait pas tardé à surgir.
    — Aussi vite, avait commenté Thomasina, que des abeilles sur du miel !
    Helga, la replète épouse de Torquil le charpentier, soutenait qu'elle était grosse, mais Kathryn pensait à part soi que c'était plus un désir qu'une réalité. Mollyns, le boulanger s'était brûlé aux bras et avait essayé de se soigner lui-même. Les blessures s'étaient mises à suppurer et la jeune femme dut les désinfecter avec du sel, du vin et du miel. Edith et Eadwig, les jumelles de Fulke le tanneur, étaient arrivées

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