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Le lacrima Christi

Le lacrima Christi

Titel: Le lacrima Christi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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acquiesça, récupéra leurs montures et, quelques instants plus tard, ils quittèrent Ingoldby Hall.
    — J'aimerais aller à Greyfriars.
    Kathryn tira sur les rênes de son docile cob dont elle flatta l'encolure. Elle écouta le chant limpide d'une grive dans l'air voilé de l'été et entendit aussi les lointains cris des moissonneurs qui travaillaient dans les champs au-delà des haies.
    — Mais allons d'abord voir la Vaudoise.
    — Serait-il possible que ce soit elle la meurtrière ?
    questionna Colum.
    — Tout est possible, releva Kathryn en pressant son cheval sans brutalité. Elle est vieille, certes, mais néanmoins vigoureuse. Elle connaît le chemin caché dans le bosquet et peut-être celui du dédale. Je veux l'interroger.
    Était-elle là le jour de la mort de Sir Walter ? Et, plus important, que faisait-elle ici à nous espionner ce matin ?
    Est-elle aussi folle qu'elle le laisse accroire ?
    Ils parvinrent au petit tournant et descendirent l'étroit sentier qui conduisait au vieux pavillon de chasse. La Vaudoise, assise sur une bûche à quelque distance de sa maison, tressait une guirlande de fleurs en se balançant et en fredonnant entre ses dents. N'ayant ni entendu ni vu leurs montures, elle bondit et courut vers sa demeure quand elle leva la tête. On aurait dit un enfant pris en flagrant délit de désobéissance. Colum et Kathryn mirent pied à terre et entravèrent les chevaux. La Vaudoise avait remplacé sa robe rouge par une robe bleu foncé au col boutonné jusqu'en haut. Kathryn remarqua ses brodequins noirs éraflés. Le genre de chaussures, pensa-t-elle, parfaites pour marcher sur des chemins pierreux, monter sur un mur et suivre une piste cachée dans les sous-bois.
    — Bien le bonjour, Maîtresse.
    La Vaudoise baissa la tête et fixa Kathryn par- dessous.
    — Vous vous êtes changée, commenta l'apothicaire qui s'empara d'un tabouret près de la table extérieure et s'installa près de la vieille femme.
    — Pas changée, marmonna celle-ci. J'attends toujours.
    Elle releva la tête.
    — Le messager est-il arrivé ?
    Elle joignit les mains pour imiter un cavalier pressant son cheval.
    — Vous savez bien que non. Ce n'est pas la première fois de la journée que je vous vois. J'ai aperçu votre robe rouge dans le boqueteau près de la grande prairie d'Ingoldby Hall. Vous avez traversé le chemin et escaladé le mur, n'est-ce pas ? Vous avez suivi un sentier dérobé.
    Vous nous avez surveillés, Maître Murtagh et moi, jusqu'au moment où je vous ai surprise ; alors vous vous êtes enfuie.

    L'espace d'un instant, de quelques battements de cœur, le regard vide et stupide disparut et fut remplacé par une expression d'intelligence rusée qui inquiéta Kathryn. Elle venait de commettre une erreur ! Cette femme n'était ni écervelée ni folle ; elle avait des moments de lucidité, de pleine conscience, selon que son esprit s'échappait ou non de son ténébreux cauchemar.
    — Vous grimpez souvent en haut de ce mur, n'est- ce pas ? continua Kathryn. Vous allez vous y asseoir pour surveiller le dédale et ce qui se passe au manoir, que vous considérez comme votre propre demeure. Votre propriété.
    Éprouviez-vous de la rancune envers Sir Walter ?
    Refusiez-vous sa générosité ?
    — Je vais quelquefois à la maison, répondit la Vaudoise, pour voir si tout va bien. Il n'y a pas de mal à ça. J'y étais reine, jadis.
    Elle peigna des doigts ses cheveux gris fer emmêlés.
    — Je prenais mes repas sur la pelouse. Du vin blanc rafraîchi dans les caves, la plus succulente des viandes...
    Elle appuya les mains sur son ventre.
    — J'étais belle alors.
    — Étiez-vous présente le jour où Sir Walter est mort ?
    s'enquit Colum, debout derrière Kathryn.
    Il regarda les poignets et les bras de leur interlocutrice.
    Cette femme, qui pouvait escalader un mur et suivre avec tant d'habileté un sentier forestier, n'aurait eu aucun mal à manier une hache ou une épée, surtout si, dans son cœur, brûlaient courroux et désir de revanche contre le nouveau seigneur d'Ingoldby Hall.
    — Considériez-vous Sir Walter comme un usurpateur ?
    questionna Kathryn.
    — Superbe épouse, reprit la Vaudoise.
    Elle soutint d'un regard direct et perspicace celui de l'apothicaire. Quelque chose dans son visage, une espèce de malveillance inflexible, fit frissonner Kathryn.
    — Superbe épouse, répéta-t-elle d'une voix teintée de sarcasme. Avec des cheveux d'or comme étaient les miens, ou les

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