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Le lacrima Christi

Le lacrima Christi

Titel: Le lacrima Christi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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miens étaient-ils noirs comme la nuit ?
    — Etiez-vous là ? insista Kathryn.
    Elle entendit du bruit dans le pavillon et la sueur se glaça dans son dos. Elle se leva. Colum perçut son anxiété et sa main se posa sur le pommeau de son épée. Ursula surgit dans l'encadrement de la porte. L'arbalète brabançonne était armée et prête, la solide corde tendue et le redoutable carreau barbelé engagé dans la rainure. Ursula la tenait d'une main ; dans l'autre elle portait une seconde arbalète à la corde tendue aussi. Debout sur le seuil, elle déposa avec précaution la seconde arbalète contre le chambranle. Puis, des deux mains, elle dirigea son arme vers la poitrine de Kathryn, toute prête à relâcher le tour, à expédier l'horrible trait, à déchiqueter chair et os. Elle avait les cheveux attachés en arrière, l'air calme et un air froidement déterminé.

    — Maîtresse Ursula, dit l'apothicaire en reculant.
    Maîtresse Ursula, répéta-t-elle, c'est de la folie. Nous ne voulons pas de mal à votre mère.
    Ursula se contenta de relever un peu plus l'arbalète sans quitter Kathryn des yeux.
    — Vous, l'Irlandais, enlevez la main de votre épée.
    Croyez-m'en : nous disposons d'un verger avec des pommiers, des simples, des fleurs mais aussi des tombes, précisa-t-elle en indiquant d'un mouvement de tête l'arrière de la maison.
    Elle adressa un sourire à l'apothicaire.
    — Savez-vous que les Irlandais sont venus céans, chuchota-t-elle, pendant les troubles, quand les grands seigneurs défilaient toutes bannières déployées ? Ils voulaient s'emparer d'un ou deux poulets.
    Elle ébaucha un sourire.
    — Ils ont cru qu'ils pouvaient aussi s'emparer de nous, la mère et la fille. Ils étaient trois à jouer les coqs sur un tas de fumier.
    Elle fit un geste.
    — Ils se sont assis à cette table pour boire notre bière et se préparer, comme ils disaient en riant, à une nuit de festivité. Je les ai tués, tous les trois ! Deux avec l'arbalète.
    Quant au troisième, il était si ivre que je n'ai eu qu'à lui couper la gorge. Mère m'a aidée à les déshabiller et à les enterrer. Nous avons vendu leurs armes et leurs biens à un colporteur. Ils ne nous auraient pas laissées tranquilles, vous comprenez.
    Kathryn était pétrifiée. Elle avait conscience du halètement de Colum et de sa propre peur. Sa gorge était si sèche qu'elle pouvait à peine parler ; ses jambes ne la portaient plus et la chaleur était telle qu'elle n'osait bouger. Elle avait déjà affronté la violence : Alexander Wyville s'était montré brutal et, avant de la frapper à coups de poing ou de ceinture, il avait le même air qu'Ursula : tendu et dur, avec des yeux pleins de haine et une voix faussement douce.
    Ursula tuerait et tuerait à nouveau sans y accorder d'importance. Kathryn entendit Colum qui se déplaçait.
    — De grâce !
    Ursula claqua de la langue.
    — Qu'allez-vous faire, l'Irlandais ? Vous mettre entre moi et votre bien-aimée ? Le carreau sera planté dans sa douce poitrine avant même que vous n'ayez bougé. Essayez donc de tirer cette épée ! Peut-être un couteau est-il glissé en haut de votre botte ? Reculez, Irlandais ! Reculez !
    Sa voix se fit stridente comme Colum s'avançait un peu.
    Kathryn tourna la tête. Colum, les yeux braqués avec intensité sur Ursula, ne lui rendit pas son regard.
    — Si vous la blessez, Maîtresse, déclara-t-il d'une voix posée, je couperai votre tête démente et celle de votre mère !

    Ursula fit quelques pas en arrière comme pour les garder bien en vue, l'arbalète toujours levée, sans trembler, sans ciller ni hésiter.
    — Vous êtes venus dans cette propriété. Vous accusez ma mère. Est-ce ainsi que vont les choses ? C'est vrai que vous l'avez vue ici ce matin. Elle va souvent à Ingoldby Hall et contemple ce qui lui appartenait, ce qui, en toute justice, devrait être à elle.
    — Il n'y a là nul crime, intervint Kathryn qui avait recouvré l'usage de sa voix. Nul délit n'a été commis.
    — Non, vous ne vous en tirerez pas ainsi ! s'exclama Ursula en pointant l'arbalète tout droit vers elle. Vous reviendrez, n'est-ce pas ? Sir Walter est mort ; un grand seigneur du royaume. Puis la servante a été tuée. Oh, oui, je sais tout ! Nous pensions pouvoir vivre tranquilles ici.
    La terreur de Kathryn commençait à s'estomper. Quelque chose avait alarmé cette femme à un point tel qu'elle était prête à tuer.
    — Oh, oui, continua Ursula, j'ai

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