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Le lacrima Christi

Le lacrima Christi

Titel: Le lacrima Christi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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entendu des bruits dans la nuit.
    — De quoi parlez-vous ? s'étonna Colum.
    — Silence, Irlandais ! Allons, Maîtresse, dit-elle, contrefaisant Kathryn, vous reviendrez avec des mandats et des gardes, vous arrêterez ma mère.
    L'apothicaire tourna les yeux vers la Vaudoise qui se balançait assise sur le banc, pieds écartés, mains sur les genoux, sourire malveillant aux lèvres, comme si elle savourait chaque instant de la scène.
    — Vous nous arrêterez pour meurtre. Vous mettrez en avant le mur et la sente secrète dans le bosquet. Vous prétendrez que ma mère a sorti une hache à double tranchant d'un sac de cuir, qu'elle est entrée dans le labyrinthe et a occis Sir Walter.
    Kathryn respira profondément pour se calmer.
    — Je connais les hommes de loi. Ce sont de petits hommes rusés avec leur nez pointu et leur robe fourrée. Ce sont eux qui lui ont pris Ingoldby Hall et nous en ont chassées. Ils diront que le cœur de ma mère aspirait à la vengeance, qu'elle connaissait le parcours et les sentiers secrets du dédale, et qu'elle était assez folle pour y retourner à la dérobée une nuit, planter la tête de Sir Walter sur un piquet et brûler la haie. Bien sûr que nous avons vu l'incendie et vous, Maîtresse, courant comme un connil en tous sens, affairée, affairée.
    — Comment pouvez-vous affirmer qu'il s'agissait d'une hache à double tranchant ? releva Kathryn.
    Ursula cilla.
    — Malin, très malin !
    Elle tourna un peu la tête de côté.
    — Mais c'est comme ça que cela se passera.
    — Et ces bruits dans la nuit ? s'enquit Kathryn qu'une seconde vague de terreur menaçait de submerger.
    Elle toucha l'anneau que Colum lui avait offert.

    — Pour ce que j'en sais, Maîtresse, vous êtes innocente comme un agneau. Je ne suis venue ici que pour poser quelques questions.
    — Elle a un bel anneau, intervint la Vaudoise d'une voix grinçante. Regarde-le, Ursula. Puis-je l'avoir ?
    Elle se leva.
    — J'en avais un comme ça, mais ils me l'ont pris.
    Ses traits se firent haineux.
    — Renvoyée en chemise comme une quelconque catin !
    Sir Walter, tout sucre et tout miel, nous autorisant à demeurer céans dans le vieux pavillon de chasse et nous donnant une oie à la Noël et un lièvre à mettre au pot à Pâques !
    Sa lèvre supérieure se retroussa comme la babine d'un chien menaçant.
    — Me faire ça à moi !
    La Vaudoise jeta sur la bague de Kathryn un regard hargneux comme si elle symbolisait tout ce qu'elle avait un jour possédé puis perdu. Elle frôla sa fille. Kathryn recula.
    La Vaudoise, sans tenir compte des exclamations d'Ursula, se jeta sur l'apothicaire, cherchant, de ses doigts semblables à des serres, à saisir l'anneau de Kathryn.
    Cette dernière l'attrapa par les poignets et l'interposa entre elle et Ursula qui s'égosillait, arbalète relevée sous le menton. Du coin de l'œil, Kathryn vit Colum s'avancer d'un bond en se courbant, l'épée dressée comme un dard.
    L'arbalète claqua. Un vrombissement et la Vaudoise, visage convulsé, yeux fixes, bouche ouverte comme pour pousser un cri, s'affala presque contre Kathryn. Ursula hurlait. L'étreinte de la Vaudoise se relâcha. Des bulles ensanglantées sortirent de son nez, un petit filet gicla de la commissure de ses lèvres, ses yeux se révulsèrent et elle s'écroula sur le sol.
    Ursula prenait la seconde arbalète que, cette fois, elle ne dirigeait pas vers Kathryn mais vers Murtagh qui avait glissé sur les pavés. Kathryn voulut crier. Elle baissa les yeux. La Vaudoise gisait de côté, le sang jaillissant de sa bouche, l'horrible carreau fiché profondément entre les omoplates. D'autres hurlements s'élevèrent alors qu'Ursula tentait d'éviter l'épée de Colum mais ce dernier la frappa avec violence au cou et lui trancha les jugulaires. Elle recula d'un pas chancelant, leva les mains comme pour étancher le sang et lâcha son arme. Elle s'abattit contre le mur du pavillon, poussa un profond soupir, s'effondra sur le banc puis roula à terre à côté de sa mère. Colum, appuyé sur son épée, reprenait haleine. Kathryn avait l'impression que tout tournait autour d'elle et que le soleil avait disparu.
    Elle s'avança d'un pas mal assuré vers le tabouret et s'y assit, les bras serrés sur la poitrine, le souffle court et brûlant comme si on cherchait à l'étouffer. Colum la toucha avec douceur. De la bile bouillonnait au fond de sa gorge comme du vin aigre. Elle remua les pieds. Ses jambes avaient- elles

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