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Le lever du soleil

Le lever du soleil

Titel: Le lever du soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Dufreigne
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Car un jour...
    - Jour lointain, Sire. Je prie pour votre guérison.
    - Je sais, Madame, chaque soir dans votre oratoire, j'en suis certain. Et pour cette certitude, je n'ai pas besoin d'espion !
    Il lui sourit, malicieux. Il montre le lit.
    - Je lui donnerai le royaume. A vous d'en faire un grand roi.
    De cela aussi, je suis certain.
    Il se lève. Elle a vu sa difficulté. Elle fait mine de quitter son fauteuil. Il la rassied.
    - Reposez, Madame, vous veillez chaque nuit. C'est déjà une régence. C'est aussi d'une vraie mère. De cela encore je vous remercie.
    Le Roi s'éloigne de quelque pas raides, hésitants.
    - Non, n'appelez pas. Je vais sortir seul.
    Il s'arrête, se retourne.
    - Autre chose que je vous demande de ne pas oublier. Ecoutez M. Mazarin, c'est un homme de paix et de bon conseil. L'idée du pardon à Gaston vient de lui. Et elle est fort bonne.
    Et la paix avec moi ?
    Le Roi est sorti.
    Le mardi 13 janvier, Gaston fut à Saint-Germain.
    Le Cardinal est mort, le Roi souffre du ventre, mais le cache, le Dauphin relève de maladie, seul Monsieur est fringant et n'eut jamais de goutte qui nécessit‚t les eaux de Bourbon. Mazarin arbore un teint discrètement coloré et regarde l'úil perçant. Les princes du sang attendent. Anne pense aux cérémonies chez son père avec les rangées de Grands d'Espagne et des chevaliers de la Toison d'or. La cour de France prend des allures de Madrid !
    Genou en terre, chapeau bas, soie grise, parements d'argent, bottes noires, Gaston courbe la tête et déclare d'une voix forte afin que tous entendent (c'est un ordre de son frère dans la préparation de ce qui doit paraître spontané mais qu'il est prévu qu'il renouvelle par trois fois) :
    - Je vous supplie très humblement, Sire, de me faire la gr‚ce de pardonner ma conduite, comme je vous promets de l'amender.
    Le Roi trône, à côté de lui sont la Reine, le Dauphin et le petit duc d'Anjou.
    - Relevez-vous, Monsieur mon frère, je vous pardonne.
    - Je vous supplie...
    Le Roi annule les deux autres suppliques et va relever son frère sur-le-champ.
    - Voilà la sixième fois que je vous pardonne...
    Sa voix est enjouée, presque malicieuse, il ne bégaie pas.
    - Aussi, je vous prie de vous ressouvenir de vos promesses.
    Il reprend souffle.
    - Et de ne point retomber dans vos erreurs passées. De ne prendre conseil pour votre conduite que de moi-même.
    - J'en fais le serment, dit Gaston un peu éberlué.
    - Je suis résolu de ne vouloir croire que les actes, non les paroles.
    " Ciel, pense Gaston, Louis plaisante ! On nous l'a changé. "
    Louis le prend par le bras.
    - Je vous accueille non comme votre roi, non comme votre aîné, mais comme votre ami.
    Et il le conduit vers la Reine et les enfants. Gaston s'incline, baise la si belle main d'Anne. Louis Dieudonné et Philippe lui sourient. Et Louis l'embrasse puis l'emmène vers ses appartements, pour un pardon privé après le public et aussi pour lui demander quelques explications sur certains points encore secrets...
    " Mon Dieu, pense Anne, s'il avait menti pour me sonder et qu'il confie la régence à Gaston pour qu'il ne tue pas le Dauphin ! "
    Son sang se glace.
    Ce serait tant dans ses manières...
    On remarque la démarche raide du Roi. Il n'a pas grimacé
    quoique son ventre le poignarde.
    Le 15 janvier, le roi Louis XILI élargit le maréchal de Bassompierre de la Bastille, après onze ans et demi, et le duc de Vitry, locataire depuis cinq ans, qui jadis l'avait si bien débarrassé de Concini.
    Enhardie, Anne plaida pour des Jars. Le Roi promit.
    Elle demanda le retour de Mme de Sénecey qui, comme le savait le Roi, avait naguère si bien soigné les dents et gencives du Dauphin.
    Le Roi sourit.

    - Madame, il est plus urgent. Mais en attendant ce retour, je vous donne Guitaut, comme capitaine des Gardes de la Reine et du Dauphin, avec rang de colonel mestre de camp. Cela permettra à votre amie la marquise d'avoir, à la Cour, un chevalier servant digne de son rang.
    Non, il n'avait pas menti. En effet, cet homme voulait la paix.
    Louis Dieudonné, lui, jouait à la guerre.
    Gaston avait offert à son neveu un mousquet de bois et Louis décimait sa garde de femmes et d'enfants d'honneur pendant que Dubois battait tambour. Le tambour tant chéri offert autrefois par Richelieu. Louis était heureux.
    A son ami Brienne, ami des premiers mois, on avait ajouté un garçon gai, joufflu comme lui, rieur plus que lui, le jeune comte de Vivonne, fils de

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