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Le lever du soleil

Le lever du soleil

Titel: Le lever du soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Dufreigne
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Royale Grandeur. Mais qu'il devait écouter, imiter, avec lesquels il devait apprendre le métier qu'eux n'exerceraient jamais, ni eux, ni son Féfé.
    L'abbé de Péréfixe enseignait le latin et la morale. Un brin d'histoire antique aussi, mais moins vivante que les lectures de La Porte au coucher. Pierre La Porte, ancien porte-manteau, étrennait son nouveau titre, le valet de chambre était courtisé comme un prince. Les sieurs Bernard et Bertaut, ce dernier frère de Mme de Motteville, étaient " lecteurs de la chambre " ; M. Le Camus, maître à enseigner les mathématiques ; Jean le Blé enseignait l'écriture ; Antoine Oudin, l'italien ; Henri Davire, le dessin.
    L'espagnol c'était Maman qui le professait depuis sa naissance.
    Bernard Jourdan de La Salle grattait la guitare, Fleurent Indret le luth ; le Roi se jugeait bien moyen en ces deux activités, lui qui toujours honorerait la musique et ses musiciens.
    A cheval, il suivait les cours du maître Arnolfini, venu de Lucques, jouait à la paume avec Jean Dauchin, et eut un maître pour les exercices de la guerre, le sieur de Bretonville, imposant moustachu aux joues burinées.
    Un maître d'armes apparut bientôt : M. Vincent de Saint-Ange lui apprit à tirer l'épée quand Bretonville enseignait le maniement de la pique, de l'arquebuse et du mousquet contre les oiseaux des Tuileries. Mazarin lui construisit un fortin avec enceinte bastion-née dans ces jardins près du Louvre, un autre en bord de l'eau à
    Melun.
    Il eut sept ans et rencontra son premier maître à danser, Henri Prévost. Le maître fut étonné, l'élève enchanté ; il adorait danser et se montra doué. Mieux que doué. Le plaisir était là, et la beauté
    gîtait dans les mouvements de son corps et des autres corps dans un ballet. Cela tenait de l'art militaire qui serait régi par un rêve, ou bien par des divinités de l'Olympe, comme on le lui apprenait, ou qui figuraient dans les tableaux couronnant les Rois passés et le petit Roi présent.
    La guerre et la danse... Voilà les deux plus beaux métiers o˘ le corps se dépense. Et se montre à son avantage. Louis réfléchit, car il sent là quelque chose d'important. L'épée ce n'est ni la force ni le talent mais une manière d'être seul face à Dieu puisque face à
    la mort reçue ou donnée. C'est un spectacle aussi à offrir aux autres que l'on doit dominer. Et l'escrime est une danse. La danse, elle, est la perfection de l'humanité. Le corps, f˚t-il beau ou laid, s'exalte et se sacre par la gr‚ce du mouvement. On dansait sous Henri IL, Henri ILI, Louis XILI qui composa des musiques de ballet entre deux De profondis. C'est là que le Roi se montre en gr‚ce et masqué, nul ne voit son visage mais tous voient sa majesté. On ne doit plus voir en lui que la majesté, non du titre porté, mais de sa personne même, et la personne se nimbe d'une autre aura en dansant. Louis vient de découvrir le paraître, qui n'est pas hypocrisie de l'être mais son exaltation ; il est très satisfait.
    Sa mère l'emmène aux frontières. Les troupes l'acclament, il a la poitrine barrée d'une écharpe blanche de maître de camp. Maza-

    rin les rejoint, et l'ancien capitaine des troupes du pape enseigne au jeune colonel les méthodes d'approvisionnement, car une troupe ne se bat bien que le ventre plein et les barils emplis de poudre. Sinon, elle ravage le pays. Ce qui peut se faire quand le besoin est pressant, mais inutile de le dire si tôt à un enfant. L'enfant roi " fourrage " même pour les chevaux avec des sergents au rude langage. Louis aime ! Ramasser le bois pour les feux de bivouac. Il a neuf ans et couche sous la tente avec des officiers subalternes, enseignes et capitaines, puis dîne avec les généraux ; ses généraux. Il sait parler à tous, et voit la condition de soldat, de troupier qui lui paraît bien difficile et amère. Il trouve là aussi, avec chacun, jeune recrue ou vieux guerrier, les mots qu'il faut, se fait surnommer " Lafleur " comme n'importe quel coquin de n'importe quel régiment. On l'acclame.
    Au siège d'Etampes, une volée de boulets tirée des canons d'Espagne ne passe pas loin. Il n'a pas frémi sur son cheval. Il jette un úil à Mazarin, de rouge vêtu mais cuirassé lui aussi.
    L'Italien n'a plus son úil de velours mais un regard d'aigle.
    D'aigle satisfait de l'aiglon qu'il couve. Le roi Louis est aguerri.
    A Paris, qu'il craint car la ville est bruyante et pue, à Saint-Germain qui est son

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