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Le lever du soleil

Le lever du soleil

Titel: Le lever du soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Dufreigne
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sent.
    - Moi aussi je suis votre amie. Nous n'en dirons rien à Marie.
    La voix est malicieuse, rajeunie et enfin l'enfant sourit. Puis se rembrunit ; il murmure trois mots à peine audibles :
    - Ni à Maman.
    Mme de Sénecey le relève, remet de l'ordre en son corsage, La Porte s'approche, déshabille le Roi et le couche.
    - Ni à dame Perrette Dufour, poursuit la marquise à mi-voix.
    Voulez-vous qu'elle vienne vous donner son baiser de tendre nourrice ?
    - Non, Madame. Perrette est le baiser du matin.
    - Alors, bonne nuit, Sire, et n'oubliez pas votre prière, n'est-ce pas, La Porte ?
    - Ce sera, Madame, une prière secrète dédiée à l'amitié
    tendre.
    - La Porte, est-il convenable que j'obtienne un baiser de Madame ?
    - Sire, dit le valet de chambre, on se baise entre amis et nul n'y voit mal.
    Il l'installe au lit et le borde. Le Roi regarde par-dessus l'épaule de l'ami Pierre vers sa gouvernante. Elle s'approche, se penche et le baise au front.
    - Dormez, Sire, et rêvez suavement.
    - Madame, le Roi n'oubliera jamais son amie de ce soir. On m'a dit que vous m'avez soigné quand j'étais petit.
    - Cela est vrai. Votre Majesté était si pressée de mettre des dents que cette impatience se mua en fièvre.
    - Je n'ai pas oublié.
    Oh que si, pense la marquise, les Rois oublient. Les valets de chambre doivent faire de même ! Elle observe une nouvelle fois La Porte. Celui-ci se taira.
    - Ce sont les enfants qu'on embrasse sur le front, Madame, pas ses amis.
    La marquise sourit. Ainsi ce grand timide d'enfant peut être entreprenant. Elle se penche et effleure ses lèvres. Ou bien on lui a lu de vieux romans courtois.
    - Sa Majesté est-elle satisfaite de l'obéissance de sa gouvernante ?
    Le Roi s'éclaire.
    - Non, Madame, de sa tendre amie.
    Nouvelle révérence de la marquise.
    - La Porte, raccompagnez Madame mon amie.
    - Avec le plus grand plaisir, Sire.
    La Porte ouvre le chemin à la marquise vaguement émue.
    - Merci, Madame, lui chuchote-t-il, d'avoir mué ses larmes en sourire. Depuis de longs jours ce n'est pas la première fois que le Roi pleure, mais c'est la première fois qu'il sourit.
    - On n'aime pas assez le Roi, cher La Porte.
    - Et le Roi n'aime pas assez.
    - Il est encore très enfant.
    - Justement ! il lui faut recouvrer des sentiments. Merci, Madame, pour lui.
    Dans son lit dont La Porte n'a pas encore tiré les rideaux, le Roi les regarde, les yeux brillants, presque joyeux.
    La marquise sort. La Porte revient vers le lit, approche un tabouret.

    - quelle histoire voulez-vous entendre ce soir, Sire ? Une victoire, de longues batailles ?
    - Non, Henri IL et Diane de Poitiers.
    - Ah, Sa Majesté se préoccupe donc d'amour... Très bien.
    Louis glousse.
    Dix secondes après il sursaute, et La Porte reste la bouche ouverte devant le livre qu'il feuilletait.
    Des coups de fusils, de mousquets. Dans Paris, à nuit tombée, on vient de tirer sur la maréchaussée.
    Guitaut sort de chez la Reine, croise dans l'escalier un mousquetaire qui se précipite hors de l'aile o˘ loge Mazarin.
    - Bonsoir, d'Artagnan.
    - Bonsoir, Guitaut.
    - Je fais doubler la garde.
    - Je fais appeler des renforts.
    - que pensez-vous du Palais ?
    - Comme vous, capitaine, il est indéfendable.
    - On ne l'attaquera pas ce soir mais un jour sans doute.
    - Ou une nuit. Conseillez à la Reine de se replier au Louvre.
    - Elle le refuse, et Saint-Germain aussi. Elle croit y voir des fantômes. Ou, du moins, elle craint que le Roi n'ait peur d'en voir.
    - Il faut que nous passions accord. Le temps est maussade dans Paris.
    - Il menace de tempête, je sais. Mais vos mousquetaires plus mes gardes...
    - J'obéis surtout au Cardinal, et vous à la Reine...
    - Je sais, d'Artagnan, que vous ferez tout pour elle, et elle le sait mieux que moi encore.
    Guitaut hésite. Puis tire, de la poche du pourpoint, un sac de cuir minuscule.
    - Je crois que cela vous appartient.
    D'Artagnan le regarde sans comprendre, ouvre le petit sac de cuir. Un diamant monté en bague.
    - Mais...
    - La Reine vous l'a donné, n'est-ce pas ?
    Le Gascon ne dit rien, tournant la pierre entre ses doigts, ôtant un de ses gants à crispin pour en mieux sentir la dureté de la pierre, sa pureté ench‚ssée dans la douceur molle de l'or.
    - Oui... O˘ l'avez-vous...
    - Richelieu. Il m'en a fait don peu de jours avant sa mort. A ma charge de la garder ou de la rendre à son ou sa propriétaire.
    Vous en f˚tes le dernier.
    - La Reine en fut la première, cette bague

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