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Le lever du soleil

Le lever du soleil

Titel: Le lever du soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Dufreigne
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bien composée à étourdir les ‚mes.
    - Il est vrai que j'y ai mis du feu, le sujet n'était pas tiède que de parler de loi Royale et de loi de Dieu.
    - A quoi donc, monsieur le Coadjuteur, vouliez-vous mettre ce feu ?
    Le sourire du cardinal de Mazarin était des plus engageants.
    Gondi le myope n'en vit pas tout l'éclat des dents.
    Louis, présent et silencieux, le vit, lui. Il en frissonna sous le velours et le petit gris. Encore ce go˚t de sang...
    LA NUIT DES ROIS ET AUTRES FACETIES
    Si François Paul de Gondi s'était entiché du peuple jusqu'à le traiter en maîtresse dispendieuse, lui distribuant 12 000 écus venus du comte de Soissons et qu'il confia à sa pieuse tante, Mme de Maignelais, à sa charge de les distribuer, en précisant bien que c'était en son nom, aux nécessiteux - et à quelques autres, plus utiles - afin de les chauffer, les frimas passés, non dans leurs corps mais dans leurs esprits jusqu'au point d'ébullition, et les nourrir, malgré la cherté permanente des denrées, plus d'idées séditieuses que de chapons, Louis, roi, allait, lui, connaître ce peuple qu'il ignorait, les princes dont il ne mesurait pas encore la nuisance dissimulée sous leurs rubans et révérences et ce Parlement contre qui une détestation immédiate l'avait saisi, à son pre-

    mier lit de justice, sur ses quatre ans.
    Dans le Nord, l'armée de Condé, l'ancien duc d'Enghien, devenu Monsieur le Prince à la mort de son père, remporta la glorieuse victoire de Lens, le 21 ao˚t. La nouvelle en fut connue à Paris le 24. Comme c'était la date d'une funeste Saint-Barthélémy, qui hantait encore les esprits des témoins de ces ruisselets de sang qui augmentèrent le sombre des eaux de la Seine, on ne fit chanter un Te Deum que le 25, jour de la Saint-Louis, jour de la fête du Roi, autant dire jour de la fête de tout le royaume.
    Dans sa cathédrale, dans ses ors, dans ses drapeaux espagnols pris de haute lutte qui décoraient les statues des saints, les piliers et jusqu'au chúur qui pourtant recélait, en son tabernacle, les hosties muées en chair du Christ de paix, le Roi n'imaginait pas vivre gloire plus grande. Un Roi en Victoire, béni par un Dieu qui aimait la France et son lieutenant couronné. La prophétie de Charles quint se réalisait au-dessus de la tête d'un enfant de onze ans.
    Louis Dieudonné se sentit ce jour-là le fils puîné de Dieu. On avait tout fait pour cela et même M. le Coadjuteur, qui remplaçait une nouvelle fois son oncle en pieuse retraite quelque part en Anjou, ajouta une couche de miel plus brillant que l'or, commentant le testament de Saint Louis, Roi ayant atteint la béatitude et qui chantait le soin que tout monarque à venir se devrait de prendre de ses grandes bonnes villes, miel enrobant le poivre, mais rehaussant encore cette sorte de sacre d'avant-majorité qui ne tomberait que dans les deux ans.
    La gloire des armes avait toujours enfiévré les Français et les Parisiens qui s'en estimaient la crème sur le lait. La gloire des armes impliquait la gloire des Lois, Paris avait bien entendu le prêche de Gondi devant une Reine masquée et n'avait pas oublié.
    Le Parlement non plus, qui savait que les victoires faisaient passer les pilules amères ; pas cette fois. Paris était ville franche, dispensée de taxes. Or l'édit du tarif, que l'on contestait, taxait les propriétaires d'offices. On acclama le Roi, moins la Reine, se tut devant le Ministre, applaudit ces messieurs d'hermines qui entraient en Notre-Dame, Orner Talon, Potier de Blancmesnil, le conseiller Broussel, ‚me de la Grand Chambre, sévère et honnête comme un " vieux Romain ", disait-on, c'est-à-dire comme un républicain !
    Toutes les rues entre le Palais royal et la cathédrale étaient bordées de gardes de Guitaut et d'autres compagnies. Trois bataillons en tout dont le commandement se partageait entre le Pont-Neuf et la place Dauphine.
    Après la cérémonie somptueuse, chantée divinement par les chúurs, le Roi retourna en son palais sous des acclamations payées de 36 000 écus dépensés en libéralités et aumônes entre le 28 mars et le 26 ao˚t par M. de Gondi, si friand désormais de garder pour soi " l'amitié des peuples " qu'il avait découverte un après-midi en devisant avec son ami Scarron. qu'on acclame le Roi, c'était acclamer Dieu sur terre, mais personne d'autre ! sauf les tenants de la Loi terrestre, ces messieurs du Parlement qui avaient déclaré la réunion des

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