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Le lever du soleil

Le lever du soleil

Titel: Le lever du soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Dufreigne
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Cours souveraines (les Aides, la Chambre des comptes et ledit Parlement) afin de réformer l'Etat.
    La Reine, ancienne infante d'une monarchie cadenassée, avait ren‚clé. Mazarin avait laissé faire. Il avait une idée.
    L'idée, Comminges, lieutenant et neveu de Guitaut, l'exécute le lendemain à l'heure du dîner de midi. Il frappe à la porte et pénètre au nom du Roi en la maison modeste, rien d'un hôtel à
    l'extérieur, à la façade roide et sévère semblable à l'‚me incorrup-tible de Pierre Broussel, cet homme qui se prend pour un sénateur romain. Ses múurs sont simples, son intérêt pour le peuple sincère, sa probité inattaquable, donc même un Mazarin ne saurait l'acheter, et il úuvre au bénéfice des lois depuis quinze ans déjà.
    Il est le symbole d'un " parlement " à l'anglaise. Or on martèle les symboles lorsqu'ils sont gênants, depuis l'Egypte antique.
    Le symbole est à table, devant ses potages. Comminges entre et demande que le symbole le suive jusqu'au Palais royal.
    Pierre Broussel répond qu'il vient de prendre médecine, un lavement, après les fatigues de la cérémonie, et qu'il doit se retirer dans le cabinet de sa chaise percée, quelques minutes.
    Minutes fatales et mensongères. Une servante crie par les fenêtres que Mazarin arrête M. le Conseiller.
    La rue s'émeut, Comminges saisit le Romain sur sa chaise percée, on lui remonte les chausses, le sort par le collet, l'enfourne en carrosse et fend la foule qui commence à s'assembler pour barrer la route jusqu'au Palais royal, mais on galope vers l'ouest jusqu'à Saint-Germain. Potier de Blancmesnil, lui, est saisi au logis et mené à Vincennes avec moins de bruit.
    Louis apprend les nouvelles par les rapports des officiers. Sa mère bat des mains, Mazarin sourit, le roi Louis à son habitude ne dit rien.
    Au coucher il demandera un baiser à Perrette Dufour, qui est pourtant seulement " le baiser du matin ", car elle est pour lui aussi le seul exemple connu du peuple, et donc que le peuple le baise aussi au soir, et commande à La Porte un chapitre d'histoire ; sur la justice de Saint Louis et le chêne sacré qui est l'‚me même des Rois. Il se souvient que dans ses lettres codées Richelieu nommait le roi Louis XIII le Chesne, et sa mère Anne, La Chesnelle.
    La Porte est un historien précis et une bibliothèque d'intrigues.
    Laissons-le s'endormir, rêver peut-être ; quand il se réveillera, six cents barricades bloqueront Paris.
    M. de Gondi tint bien s˚r à endosser la livrée du messager, en grande tenue au motif qu'il n'avait pu se changer après l'office.
    Or Gondi ne célébrait jamais de messe avant onze heures, ayant occupé sa nuit " à faire le mal par dessein " et le jour le bien par fonction imposée en évitant le ridicule de mêler à contretemps le péché et la dévotion. Le messager entrait donc en camail, dans une main le fantôme du drapeau de la rébellion, dans l'autre un espoir tout aussi dissimulé de chapeau cardinalice et de pouvoir de ministre. Difficile de saluer avec deux mains aussi étrangères l'une à l'autre mais Gondi est habile, du moins le croit-il. Louis se renfrogne et garde le silence. Le marquis de Chouppes, au nom qui l'amuse tant, passe pour invisible, le Roi, lui s'est déclaré
    muet, on ne l'entend pas.
    Gondi conta que même les enfants jetaient des pierres sur le maréchal de La Meilleraie et ses troupes, qui ne pouvaient manúuvrer dans les ruelles sordides, que le peuple partout criait
    " Broussel, Broussel ! ". La Reine l'écoutait, l'úil espagnol flambant, entre M. Gaston, M. de Longueville, le maréchal de Villeroy, Mazarin, Guitaut et le Roi.
    Gondi ne vit ou ne voulut voir que la Reine et Mazarin, c'est-
    à-dire le pouvoir, et Monsieur, qui pouvait parfois passer pour l'espoir. Il négligea le jeune enfant silencieux le cul posé sur son velours. Le chancelier Séguier entra et flatta la Reine. Et conta aussi ce qu'il avait vu dans les rues... Guitaut s'impatienta de tant de dissimulation et fourberie caressantes, et grinça entre ses dents :
    - qu'on rende ce vieux coquin de Broussel mort ou vif !
    Le jeune Roi sourit.
    Gondi s'enflamma :
    - Mort, ce ne serait digne ni de la piété ni de la prudence de la Reine ; vif, cela pourrait faire cesser le tumulte.
    Louis ricana en silence. La Reine s'approcha de Gondi.
    - Je vous entends, Monsieur, vous voudriez que je donnasse la liberté à Broussel. Je l'étranglerais plutôt de ces mains !
    Elle agita

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