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Le lever du soleil

Le lever du soleil

Titel: Le lever du soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Dufreigne
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donc ces supposés gardiens de la loi qui choisissaient l'illégalité ? Et qu'étaient ces têtes de fouine engoncées dans l'hermine qui séparaient la notion de Roi de celle d'Etat ? Louis, à son habitude, garda ses interrogations pour lui, il connaissait ses propres réponses.
    Il apprit qu'on rançonnait les banquiers. Il sourit.
    Il apprit que Mme de Longueville, qui avait prétexté d'une fièvre la nuit des Rois pour rester à Paris, avait fait quitter Saint-Germain à son frère Conti, qu'on bombarda généralissime des armées du Parlement, vagues bataillons de bourgeois, d'artisans, de marauds qui ignoraient tout des armes. Louis ricana.
    Il apprit qu'on avait libéré Ninon des Madelonettes. Louis soupira.
    Il apprit que Turenne passait en défection ! On avait licencié
    son armée d'Allemagne, inutile. Louis songea à la guerre et à la paix et à l'ennui des généraux qui n'ont plus de bataille à livrer.
    Turenne était protestant. Louis se signa.
    Turenne commandait aussi la meilleure armée d'Europe depuis le retour de Condé, et la Reine elle-même le nommait " le bras droit de la Régence ", bien que composée de reîtres allemands de Saxe-Weimar. Et s'ils marchaient sur Paris et Saint-Germain...
    Louis s'inquiéta.
    Il apprit alors le coup de dés de Mazarin. qui trouva dans un Trésor supposé vide de quoi payer les soldats de Turenne qui l‚chèrent leur généralissime. Louis comprit que donner tard était donner bien. Et que les banquiers étaient précieux aux Rois puisque la solde des reîtres fut tirée des coffres de Barthélémy Hervart, qui fît le voyage d'Allemagne lui-même avec de bons arguments, dictés par Mazarin et étayés par un million et cinq cent mille livres. Turenne dut prendre la fuite jusqu'à Heilbronn.
    Pendant ce temps, Condé le Victorieux établissait le siège de Paris, avec l'art que chacun lui reconnaissait. Louis l'observa, visita les campements, les placements d'artilleries, les contres-carpes. Ils marchèrent bras dessus, bras dessous, s'appelant " mon cousin ". Louis aima beaucoup et comprit en contemplant le nez de son glorieux et grand cousin pourquoi feu son père le roi Louis XIII aimait tant ses gerfauts et autres rapaces. Ils exhaussaient par métaphore l'idée de race.
    Condé fit tirer une canonnade sur la ville, pour le plaisir du Roi.
    Paris creva de faim, mangea des rats. Louis jubila.
    Paris se rendit après quelques escarmouches o˘ de vrais soldats faisaient détaler de simples bourgeois. Le Parlement n'eut pas de Cromwell et le Roi avait Condé. On signa une paix à Rueil chez l'ancien Cardinal, cet ennemi de tout Parlement.
    Louis sourit en douce du choix du lieu.
    Le 18 ao˚t, Condé ramena le Roi et la Régente sa mère, après une préparation monétaire et psychologique (le mot n'existait pas mais la technique si), sous des acclamations d'une spontanéité
    stipendiée, les harengères criant haut le nom même du Cardinal, qui avait annulé le paiement de leur droit à l'étal. Ce fut triomphal, ce fut brouillon, ce fut faux, mais ce fut !
    Le 5 septembre, on fêta l'anniversaire du Roi et ses retrouvailles en sa capitale par un bal à l'Hôtel de Ville. Il n'eut pas lieu en soirée mais dans l'après-midi, la Régente était prudente. Et puis ainsi on invitait les bourgeoises qui faisaient concurrence à bien des duchesses dont la majorité fut frondeuse. Le Roi ouvrit le bal avec sa cousine Mademoiselle, seize ans et une tête de plus que lui, par une courante durant laquelle elle le regarda de haut ; il la trouva attrayante sensuellement mais détestable. La Reine, elle, s'étonna de la munificence des bijoux des dames non titrées. Ces bourgeoises étaient de vrais étals de joailliers, mieux que bien des corsages de duchesses à tabouret. Elle en fut songeuse. Le bourgeois est meilleur économe que le duc.
    Gondi, lui, vécut une scène de ménage. Son amante Guéménée avait fui Paris, et donc avait abandonné son amant dès l'installation du siège. Elle revenait de Port-Royal-des-Champs, outrée que Gondi ait tant visité l'hôtel de Chevreuse pendant son escapade, au moins autant que le Parlement, et pour d'autres satisfactions et intrigues, la belle Chevrette étant rentrée de Lorraine aux premiers troubles, car on ne se refait pas, et ayant recommencé à changer d'amant comme de jupe et d'enjôler le coadjuteur.
    Pris de folie, Gondi saisit son amie à la gorge ; prise de furie, Mme de Guéménée le frappa d'un

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