Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Lis et le Lion

Le Lis et le Lion

Titel: Le Lis et le Lion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Druon
Vom Netzwerk:
Édouard III.
    — Je vous supplie, mon noble
roi, lui disait-il, de ne pas tolérer plus longtemps les insolences et les
intrigues d’un homme qui a fait assassiner votre père, décapiter votre oncle,
corrompu votre mère. Nous avons juré de verser jusqu’à la dernière goutte de
notre sang pour vous en délivrer. Nous sommes prêts à tout ; encore
faudrait-il agir avec hâte, et pour cela que nous puissions pénétrer en assez
grand nombre dans le château où aucun de nous n’est logé.
    Le jeune roi réfléchit un moment.
    — À présent sûrement, William,
répondit-il, je sais que je vous aime bien.
    Il n’avait pas dit : « que
vous m’aimez bien ». Disposition d’âme vraiment royale ; il ne
doutait pas qu’on voulût le servir ; l’important, pour lui, était
d’accorder à bon escient sa confiance et son affection.
    — Vous allez donc,
continua-t-il, trouver le constable du château, sir William Eland, en mon nom,
et le prier, de par mon ordre, de vous obéir en ce que vous lui demanderez.
    — Alors, my Lord, dit Montaigu,
que Dieu nous aide !
    Tout dépendait, à présent, de cet
Eland, et de ce qu’il fût acquis et de ce qu’il fût loyal ; s’il révélait
la démarche de Montaigu, les conjurés étaient perdus, et peut-être le roi
lui-même. Mais sir Édouard Bohun garantissait qu’il pencherait du bon côté, ne
fût-ce qu’en raison de la manière dont Mortimer, depuis l’arrivée à Nottingham,
le traitait en valet.
    William Eland ne déçut pas Montaigu,
lui promit de se conformer à ses ordres autant qu’il pourrait, et jura de
garder le secret.
    — Puisque donc vous êtes avec
nous, lui dit Montaigu, remettez-moi ce soir les clés du château…
    — My Lord, répondit le
constable, sachez que les grilles et portes sont fermées chaque soir par des
clés que je remets à la reine mère, laquelle les cache sous ses oreillers
jusqu’au matin. Sachez aussi que la garde habituelle du château a été relevée
et remplacée par quatre cents hommes des troupes personnelles de Lord Mortimer.
    Montaigu vit tous ses espoirs
s’écrouler.
    — Mais je sais un chemin secret
qui conduit de la campagne jusqu’au château, reprit Eland. C’est un souterrain
que firent creuser les rois saxons pour échapper aux Danois, quand ceux-ci
ravageaient tout le pays. Ce souterrain est inconnu de la reine Isabelle, de
Lord Mortimer et de leurs gens auxquels je n’avais nulle raison de le
montrer ; il aboutit au cœur du château, dans le keep, et par là on peut
pénétrer sans être aperçu de personne.
    — Comment trouverons-nous
l’entrée dans la campagne ?
    — Parce que je serai avec vous,
my Lord.
    Lord Montaigu eut un second et
rapide entretien avec le roi ; puis, dans la soirée, en compagnie des
frères Bohun, des autres conjurés et du constable Eland, il monta à cheval et
quitta la ville, déclarant à suffisamment de personnes que Nottingham leur
devenait peu sûre.
    Ce départ, qui ressemblait beaucoup
à une fuite, fut aussitôt rapporté à Mortimer.
    — Ils se savent découverts et
se dénoncent d’eux-mêmes. Demain je les ferai saisir et traduire devant le
Parlement. Allons, nous aurons une nuit tranquille, ma mie, dit-il à la reine
Isabelle.
    Vers minuit, de l’autre côté du
keep, dans une chambre aux murs de granit éclairée seulement d’une veilleuse, Madame
Philippa demandait à son époux pourquoi il ne se couchait pas et demeurait
assis au bord du lit, une cotte de mailles sous sa cotte de roi, et une épée
courte au côté.
    — Il peut se passer de grandes
choses, cette nuit, répondit Édouard.
    Philippa restait calme et placide en
apparence, mais le cœur lui battait à grands coups dans la poitrine ; elle
se rappelait leur conversation d’York.
    — Croyez-vous qu’il veuille
venir vous assassiner ?
    — Cela aussi peut se faire.
    Il y eut un bruit de voix chuchotées
dans la pièce voisine, et Guillaume de Mauny, que le roi avait désigné pour
prendre la garde en son antichambre, frappa discrètement à la porte. Édouard
alla ouvrir.
    — Le constable est là, my Lord,
et les autres avec lui.
    Édouard revint poser un baiser sur le
front de Philippa ; elle lui saisit les doigts, les tint un instant
étroitement serrés et murmura :
    — Dieu te garde !
    Guillaume de Mauny demanda :
    — Dois-je vous suivre, my
Lord ?
    — Ferme étroitement les portes
derrière moi, et veille sur Madame Philippa.
    Dans la

Weitere Kostenlose Bücher