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Le lit d'Aliénor

Le lit d'Aliénor

Titel: Le lit d'Aliénor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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vis que tendresse.
    – Je ne manque pas de maîtresses complaisantes et, si vous me laissez libre d’une discrétion qui m’entachera en rien votre honneur, je jure devant Dieu que vous pourrez partager ma vie sans jamais avoir à subir la moindre impatience de ma part. Je saurai attendre, Loanna, que votre blessure soit cicatrisée et que l’amour vous revienne, car, à votre âge, il est impensable que le désir soit fané ; lors je serai le plus attentionné des amants. Mais, s’il faut que jamais cela ne vous reprenne, alors peu m’importe. J’ai deux fils et ne cours plus de ce fait après une quelconque descendance. Épousez-moi. Vous n’avez rien à y perdre, je vous l’assure.
    – J’ai votre parole Geoffroi ?
    – Sur mon honneur et mon rang, vous l’avez.
    Il était sincère, je le savais. L’épouser et oublier, je ne le pouvais. L’épouser et garder intact le souvenir de Jaufré me convenait. Même si j’avais du mal à exiger de Geoffroi pareil sacrifice, car je n’avais rien à donner. Plus rien. J’étais vide, creuse. Mais puisqu’il l’acceptait, cela aurait été une offense que de refuser encore.
    – Je vous épouserai.
    Pourtant, je n’oubliais pas les raisons qui m’avaient fait refuser Jaufré. Elles étaient toujours là, et, si Geoffroi voulait de moi, il lui fallait attendre. Tandis qu’au fond de moi une petite voix hurlait à la mort, une autre me disait que j’avais encore du temps devant moi, et une troisième me susurrait que je faisais le bon choix. Je les balayai ensemble, puis enchaînai d’un ton plus ferme :
    – Je vous épouserai, Geoffroi, mais vous savez que je suis auprès d’Aliénor dans un but peu avouable.
    – J’ai souvenir en effet d’une certaine embuscade manquée…, chuchota-t-il en connivence.
    – Ne croyez pas, Geoffroi, que je ne sois qu’une intrigante. Je suis aquitaine par mon père et anglaise par ma mère. Je ne peux renier cette double origine. J’ai été élevée avec Henri Plantagenêt, et, s’il n’y avait eu l’habileté de nos ennemis pour porter un coup fatal au père d’Aliénor, l’Aquitaine aujourd’hui serait anglaise. Je ne peux davantage qu’Aliénor admettre qu’elle soit ainsi bafouée jour après jour par son moine d’époux. Je suis née pour servir le roi d’Angleterre et, jusqu’à ce qu’Aliénor soit son épouse devant Dieu, je n’aurai d’autre maître que cette mission. Jaufré le savait, qui attendait l’issue de cette entreprise. Plus que jamais nous approchons du but. Laissez-moi le temps d’achever ce pour quoi ma misérable vie a été programmée. Ensuite, je tournerai cette page qui m’a coûté les trois êtres que je chérissais le plus au monde.
    – Je comprends. Mais je connaissais déjà votre histoire. Je vous dois la vérité à mon tour, Loanna. Si Denys vous a ainsi placée sous ma protection, c’était parce qu’il savait pouvoir me faire confiance. J’ai quinze années de plus que vous et, vous le savez, mon père était un ami du duc Guillaume. Un ami cher et précieux. Lorsque Guillaume est revenu d’une certaine entrevue secrète à Fontevrault, en l’an 1137, il a soulagé sa conscience auprès de mon père. Il était flatté de la proposition de Geoffroi le Bel, mais plus encore il était heureux de pouvoir enfin cesser de se préoccuper de l’avenir de l’Aquitaine et de sa fille aînée. J’ai surpris leur conversation bien malgré moi, j’avais une trentaine d’années alors et devais régler une affaire de troupeaux volés avec mon père. Guillaume avait une voix qui portait plus que la moyenne et ses paroles me sont parvenues. Je savais donc la première fois que nous nous sommes rencontrés qui vous étiez. Lorsque Denys m’a confié son secret, j’ai compris que rien n’était achevé. Ce n’est pas par hasard que j’ai accepté de veiller sur vous, Loanna.
    – Vous étiez à mes côtés durant toutes ces années et vous n’avez rien dit ! Geoffroi, je ne vous mérite pas.
    Il souriait avec douceur. Alors, simplement parce que cet aveu m’avait fait du bien, je me penchai sur ses lèvres et y posai un baiser. Il m’enlaça aussitôt et me le rendit avec fougue. Oui, j’épouserais cet homme, non par amour car je n’avais plus d’amour à donner, mais pour ce qu’il était : juste et généreux. Fier et vrai.
     
    Les festivités s’achevèrent avec un bref du médecin de Louis qui l’assurait de l’impossibilité pour

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