Le livre du cercle
ça.
Il
se gratta la tête.
— Ou
te tuer, dit-il en souriant.
Tous
deux tournèrent la tête en voyant quelqu’un entrer dans l’écurie. Will se leva
avec émotion en reconnaissant Elwen. Tout sourire, celle-ci portait une cape
noire fermée autour du cou par une broche en forme de rose. Ses cheveux défaits
lui tombaient sur les épaules.
— Qu’est-ce
que tu fais ici ?
Le
sourire d’Elwen disparut en entendant le ton abrupt sur lequel Will
l’interpellait.
— Je
voulais te voir.
Le
regard de Simon passait de l’un à l’autre en exprimant sa perplexité.
Will
prit Elwen par le bras et l’emmena à l’abri des regards de tous ceux qui se
trouvaient dans la cour.
— Comment
es-tu entrée ?
Son
sourire revint.
— Je
suis passée par l’entrée des domestiques. Ne t’inquiète pas, ajouta-t-elle en
voyant l’inquiétude se peindre sur son visage, personne ne m’a vue entrer.
Elle
tira la capuche de sa cape pour dissimuler ses cheveux et son visage.
— J’ai
demandé à un sergent où je pourrais te trouver, dit-elle en prenant une voix
grave et virile.
Puis
elle rit en rabattant d’une pichenette la capuche en arrière. Elle jeta ensuite
un regard alentour et tordit le nez en une grimace de dégoût.
— Comment
peux-tu supporter l’odeur qui règne là-dedans ?
— C’est
ce que sentent tous les chevaux, dit Simon en se levant.
Will
sentit à sa voix qu’il était contrarié par le commentaire de la jeune fille,
mais celle-ci ne remarqua rien et lui adressa un sourire.
— Tu
es Simon, n’est-ce pas ? Je t’ai vu, une fois, à Londres, quand j’étais au
Nouveau Temple. Will m’a dit que tu étais à Paris maintenant.
— Ah
oui ? dit Simon en jetant un coup d’œil à son ami.
— Je
m’appelle Elwen.
Simon
reporta ses yeux sur elle.
— Je
me rappelle de toi.
Le
regard scrutateur du garçon mit Elwen mal à l’aise’ Elle avait l’impression
qu’il la jaugeait et que son évaluation n’était pas favorable.
— Alors,
ça ne te fait pas plaisir de me voir ? demanda-t-elle à Will pour briser le
silence.
Elle
coula un long regard en biais dans sa direction et le sergent sentit les
muscles de son estomac se contracter. Il n’arrivait pas à comprendre comment
d’un seul regard elle pouvait faire tout fondre à l’intérieur de lui.
— Bien
sûr que ça me fait plaisir, murmura-t-il. Mais si tu te faisais attraper, ce
serait moi qu’on blâmerait, et pas toi.
Il
vit que Simon s’était emparé d’un balai et se mettait à nettoyer l’écurie.
— Tu
ne peux pas venir ici quand tu veux. C’est trop risqué.
Elwen
soupira.
— Je
ne serais pas venue si tu ne m’évitais pas tout le temps. Tu ne réponds presque
jamais à mes messages. Quant à venir me voir au palais, je n’y compte même pas.
Elle
avait maintenant une expression de gravité qui la rendait encore plus
charmante.
— Je
pensais que nous étions amis, Will.
— Nous
le sommes.
Ses
yeux se froncèrent en constatant l’indolence avec laquelle Will lui avait
répondu.
— De
toute façon, si quelqu’un me demandait ce que je fais ici, je n’aurais qu’à lui
répondre que je viens me recueillir sur la tombe de mon oncle.
— Dans
l’écurie ?
— Je
te demande la direction du cimetière, voilà tout, répliqua-t-elle en levant les
yeux au ciel.
— Je
ne peux pas constamment donner de fausses excuses à Everard pour m’éclipser. Tu
sais très bien que je le voudrais, mais que je ne le peux pas. Pas maintenant.
Donne-moi du temps pour trouver une solution.
— Du
temps ? Ça fait des années. Tu m’avais dit que tu comptais discuter de ton
initiation avec le visiteur. En tout cas, la dernière fois que nous nous sommes
vus.
Will,
je ne pourrai pas supporter de te voir abandonner comme ça.
Elwen
rabattit impatiemment une mèche de cheveux en arrière.
— Tu
dois bien pouvoir y faire quelque chose, non ?
Will
traça du bout du pied un cercle dans la poussière.
— Il
ne veut pas me recevoir, laissa-t-il tomber.
C’était
un mensonge. Après sa dispute avec Everard, et l’ultimatum qu’il lui avait
adressé, Will n’était jamais allé voir le visiteur. Son père pensait qu’il
était chevalier. De quoi aurait-il l’air s’il débarquait en Terre sainte dans
la peau d’un sergent? Il devrait confesser qu’il avait menti. Comment son père
l’accueillerait-il ? Les bras ouverts, en le pardonnant d’emblée ?
— Écoute,
dit Elwen en se plantant
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