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Le livre du cercle

Le livre du cercle

Titel: Le livre du cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robyn Young
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devant lui. J’ai gardé presque tout l’argent que je
gagne en travaillant pour la reine. Moi aussi, je veux aller en Terre sainte,
tu le sais. D’ici l’année prochaine, j’aurai de quoi nous payer à tous les deux
le voyage. Si Everard ne veut pas te faire chevalier, nous pouvons y aller
ensemble.
    Simon,
qui balayait toujours l’écurie, s’arrêta net et tourna la tête dans leur
direction.
    Will
regarda de son côté. C’était une proposition touchante, mais rien que l’idée
l’indisposait. Il ne voulait pas' débarquer en Terre sainte comme un paysan qui
part en pèlerinage. Il devait y aller en chevalier et le seul endroit qu’il
voulait voir était la ville où son père était en garnison.
    — Merci,
répondit-il, mais je dois me débrouiller seul. Il faut que je trouve le moyen
d’obliger Everard à demander mon initiation. Je n’ai pas encore réussi, mais ça
viendra.
    Il se
força à sourire, mais il n’en était pas si sûr lui-même.
     
     
    Le Temple, Paris,
    24 octobre 1266
après J.-C.
     
    — Cela
ne nous laisse pas beaucoup de temps.
    — Je
sais, frère. J’ai failli à ma tâche. Pardonne-moi.
    — Je
ne te blâme pas, Hasan, dit Everard en cessant de faire les cent pas dans la
chambre. Ce n’était pas facile.
    — J’ai
mené à bien des missions plus difficiles et plus périlleuses que celle-ci, et
je n’avais pas toujours trois mois, dit Hasan en passant la main dans ses
cheveux noirs. Le troubadour donne son vrai nom dans certaines auberges, mais
le plus souvent il signe sous des pseudonymes. Il passe par les chemins à
travers les forêts plutôt que par les routes. Je ne comprends pas. Il ne
pouvait pourtant pas savoir que j’étais à ses trousses. J’ai fait preuve de
prudence.
    — Je
n’en doute pas.
    — J’aurais
bien cherché plus longtemps, mais j’avais peur qu’il n’arrive ici avant moi si
je m’attardais encore.
    — Tu
as eu raison de revenir. Tu as simplement manqué de chance, je suppose. Pierre
de Pont-Evêque a sans doute des raisons de prendre ses précautions.
    Everard
s’assit à côté de Hasan sur le banc près de la fenêtre.
    — Frère
Gilles était ici il y a quelques jours, il s’assurait que tout était en ordre.
Nicolas de Navarre dirigera le groupe qui ira au palais. Ils ont prévu
d’arrêter le troubadour juste avant la lecture afin d’être certain qu’il aura
Le Livre du Graal avec lui. Nous devons intervenir avant ou nous le perdrons
pour de bon.
    Everard
secoua la tête.
    — J’ai
demandé au visiteur si je pourrais être autorisé à l’étudier, mais Pont-Evêque
et le livre seront sous la juridiction des dominicains. Nos chevaliers ne
seront là que pour dissuader le roi d’interférer.
    — Je
pourrais monter la garde près des portes sud pour piéger Pont-Évêque à son
arrivée à Paris.
    — Le
troubadour arrivera probablement dans les cinq prochains jours, mais nous ne
savons pas quand. En outre, un homme tel que toi rôdant près des murs
éveillerait les soupçons des gardes. D’ailleurs, les portes sont fermées à la
nuit tombée. Il devra entrer de jour dans la ville et les rues sont trop
bondées pour lui tendre une embuscade. Non. Nous devons agir vite et
discrètement.
    — Je
pourrais demander une audience avec lui quand il sera au palais.
    — Le
roi n’a jamais trop aimé les étrangers, Hasan.
    Everard
garda le silence quelques instants avant de poursuivre.
    — En
revanche, je serais peut-être reçu plus gracieusement. Louis serait très
heureux de mettre la main sur certains de mes travaux. Je pourrais entrer dans
le palais en prétextant vouloir offrir au roi un de mes manuscrits. Et une fois
sur place, je...
    — Non.
    Everard
leva la tête avec surprise.
    — Non?
    — Je
ne permettrai pas que tu te mettes en danger à cause de mon échec.
    Everard
voulut répondre mais Hasan ne lui en laissa pas le temps.
    — Comment
prendrais-tu le livre au troubadour? En cachette ? Un prêtre du Temple, que
tout le monde connaît, ne saurait s’esquiver à travers les corridors du palais
sans être remarqué. Par la force, alors ? Cela fait plus de vingt ans que tu
n’as pas levé une épée.
    — Ne
te fie pas à mon allure, j’ai encore de la force, répliqua sèchement Everard.
Aussi fragile que je puisse te sembler, cher soldat khorezmien plein de
jeunesse et de fougue.
    Hasan
resta silencieux un moment.
    — J’ai
abandonné ce titre quand je t’ai rencontré, Everard. Je ne suis plus

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