Le livre du cercle
J’ai
dû me tromper d’endroit.
— C’est
avec Elwen que vous avez rendez-vous ? demanda l’homme, les yeux posés sur le
manteau blanc de Will.
Will
était incapable de répondre. Son esprit, déjà confus, refusait de faire le
moindre lien entre la scène orgiaque qui se déroulait devant lui et sa future
femme.
— On
m’a dit de surveiller l’arrivée d’un Templier, expliqua l’homme face au mutisme
de Will. Elle vous attend en haut. La porte au fond du couloir.
Puis
il s’éloigna en laissant Will seul.
Voyant
une blonde aux lèvres écarlates avec pour tout ornement un collier en or se
diriger vers lui en prenant un air aguicheur, Will prit la direction qu’on lui
avait indiquée. Il monta lentement les marches. Il avait du mal à respirer et
son esprit battait la campagne. Il essaya de penser aux raisons qu’Elwen aurait
pu avoir de le faire venir en un tel endroit, mais parvenu en haut de
l’escalier, il n’y en avait qu’une seule qui se présentait à son esprit. Debout
dans l’entrée du couloir, il se rappela le livre obscène qu’elle lui avait
montré, la manière dont elle s’était pressée contre lui et l’avait embrassé
dans le champ près de la porte Saint-Denis. Il se souvint comment elle avait
placé sa main sur sa poitrine au palais et tous les gestes de nervosité pendant
leurs rencontres. Il arriva devant la porte que lui avait indiquée le colosse
et s’immobilisa. Il ne voulait pas ça, pas maintenant, pas dans cette auberge
sordide où la tête lui tournait et où il n’arrivait même pas à avaler sa
salive. Mais il ne voulait pas non plus la laisser seule ici et il ouvrit la
porte en espérant qu’elle comprendrait. La chambre enfumée était faiblement
éclairée. Près d’une étagère remplie de bocaux et de bouteilles, lui tournant
le dos, se trouvait une femme. Elle portait une robe de soie rouge et un bonnet
en dentelle.
— Elwen
? lança timidement Will dans l’obscurité.
Il
pénétra dans la chambre et fit quelques pas à l’intérieur. Soudain, la porte se
referma derrière lui et une dague incurvée miroita contre son cou. L’homme qui
la tenait s’était caché entre le mur et la porte.
— Pose
ton épée, dit l’homme en se collant contre lui, dans son dos.
Will
hésita, puis il sentit la lame entailler légèrement sa peau.
— Pose-la
!
Will
défit lentement la boucle de sa ceinture. L’homme à la dague lui prit son arme
et la jeta sur le lit. La femme se tourna. Ce n’était pas Elwen. Elle semblait
terrorisée et on aurait dit qu’elle avait été frappée.
— Tu
peux t’en aller maintenant, dit l’homme.
Will
comprit après quelques secondes qu’il s’adressait
à la
femme.
— Assure-toi
qu’on ne nous dérange pas. Et si le pleutre refait surface, envoie-le-moi.
En
passant à côté de Will pour sortir, la femme jeta sur lui des yeux pleins de
remords.
— Je
suis désolée, murmura-t-elle.
Quand
elle fut partie, l’homme mit un grand coup de pied dans la porte qui se referma
en claquant violemment.
— Assieds-toi
par terre, contre le lit:
Will
marcha lentement vers la grande paillasse. L’homme ne le lâchait pas d’un
centimètre, avançant dans son dos, au point qu’il pouvait sentir son haleine
putride. La dague était toujours contre sa gorge. Son cœur ne se calmait pas,
mais d’une certaine manière la peur lui avait permis de reprendre ses esprits.
Il était presque arrivé au lit. Soudain, il attrapa de la main gauche le
poignet de l’homme et pivota pour dégager son cou et écarter le danger. Will
aperçut le visage de son adversaire, dissimulé par une espèce de cagoule noire
de sorte que seuls ses yeux, sombres et brillants, étaient visibles, et il lui
envoya un coup de poing dans l’estomac. L’homme se plia en deux en exhalant
tout l’air de ses poumons et Will lui lança le genou en plein visage. La dague
échappa des mains de son adversaire, qui reprit sa respiration avec un
sifflement rauque et bruyant. Will lui lâcha le poignet et voulut courir vers
la porte mais l’homme réussit à lui bloquer le chemin de la sortie. Ce n’était
pas un mouvement très orthodoxe, il avait toujours le souffle coupé et était à
moitié au sol, mais il jeta son corps en travers et cela suffit à déséquilibrer
Will et à le faire tomber. Il se redressa immédiatement sur ses genoux mais fut
pris d’un vertige, et un voile noir lui passa devant les yeux. Il vacilla et
dut poser les mains
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