Le livre du cercle
au sol pour ne pas s’étaler. Il ne lui fallut que quelques
secondes pour que sa vision revienne mais son adversaire s’était déjà repris.
L’homme
se jeta sur lui et le plaqua contre le sol en le bourrant de coups dans les
reins, les côtes, le dos, proférant jurons et menaces à jet continu. Will
essaya de se dégager mais l’homme était à califourchon sur lui et le maintenait
fermement. Chaque coup diminuait les forces qui lui restaient et lui coupait un
peu plus la respiration, jusqu’à ce que, pour finir, il abandonne la lutte. La
pièce plongea dans l’obscurité. Il sentit l’homme se relever, puis des mains le
saisirent par les épaules et le traînèrent sans ménagement. Il saisit vaguement
qu’on lui enroulait quelque chose, une corde peut-être, autour des poignets.
Le Temple, Paris,
2 novembre 1266 après
J.-C.
— Mais
où peut-il être ? demanda Everard avec agacement. Il devrait déjà avoir
récupéré les provisions. Je voulais revoir avec lui les plans de notre voyage.
Simon
continua à brosser les flancs du cheval.
— Il
est parti, dit-il au bout d’un moment, embarrassé.
Les
yeux d’Everard se posèrent sur les deux sacs en cuir qu’il avait confiés à
Will. Posés sur une botte de foin près de l’entrée de l’écurie, ils étaient
vides.
— Parti
? Où ça ?
Simon
poussa un profond soupir en se tournant vers le prêtre.
— Il
est parti voir Elwen. Elle lui a envoyé un message lui demandant de la
retrouver.
Everard
fronça les sourcils.
— De
la retrouver où ? Réponds-moi ! ordonna le prêtre en voyant Simon tergiverser.
— Une
auberge... en ville... balbutia Simon.
Everard
fulminait. Le palefrenier lui expliqua où se trouvait l’auberge.
— Bien,
si tu sais où elle se trouve, prends ce cheval et va me le chercher
immédiatement.
— Mais...
Everard
n’était pas d’humeur à discuter et, une heure plus tard, Simon traversait au
galop le pont de l’île de la Cité en direction du Quartier latin.
Sur
une place de marché non loin du palais, un groupe de négociants avaient gardé
leurs boutiques ouvertes pour les gens qui rentreraient tard des prières et des
célébrations de ce jour de fête. Il restait moins de deux heures avant complies
mais les étals ne désemplissaient pas. La place était bondée. Tandis qu’il
manœuvrait son cheval à travers la foule qui avait envahi la route, l’odeur de
grillade fit gargouiller l’estomac de Simon. Dans les échoppes, on vendait des
pâtisseries, de la bière, des épices, ainsi que de longs rubans de soie qui
virevoltaient au vent comme des papillons de nuit. Juste derrière le marché,
une voiture était stationnée au beau milieu de la route. Sur le siège arrière
était posée une couverture écarlate avec une fleur de lys brodée en fil d’or.
Deux juments richement caparaçonnées y étaient attelées et un cocher en cape noire
et chapeau était assis sur le banc à l’avant. Près des chevaux, piétinant d’un
air las, se trouvait un garde royal. Le front de Simon se plissa en voyant une
femme s’approcher de la voiture, les bras chargés de soie. Il arrêta sa course.
C’était Elwen.
Il
descendit de cheval et jeta les rênes sur un poteau auquel quelques montures
étaient déjà attachées. Elwen leva les yeux en le voyant passer le coin de la
voiture en courant.
— Simon
? s’exclama-t-elle, surprise.
Avant
d’avoir pu rejoindre Elwen, Simon sentit une main lui cramponner fermement
l’épaule et l’obliger à s’arrêter.
— Qu’est-ce
que vous faites ? demanda le garde royal en lui jetant un regard suspicieux.
— Tout
va bien, Baudoin, dit Elwen en s’approchant. Je le connais.
Baudoin
lâcha l’épaule de Simon. Puis il retourna près de la voiture sans quitter des
yeux le palefrenier.
Simon
se tourna vers Elwen.
— Où
est Will ? Il est reparti ?
— De
quoi parles-tu ? demanda-t-elle, déconcertée par sa brusquerie. Il est rentré à
la commanderie avec les autres.
— Les
autres ?
— Les
chevaliers. Quand ils ont quitté le roi.
— Je
ne te parle pas de ça, répondit nerveusement Simon.
Il
jeta un coup d’œil au garde et baissa la voix.
— Je
suis au courant pour les Sept Étoiles.
Scrutant
le visage perplexe d’Elwen, Simon s’aperçut qu’elle ne savait pas de quoi il
parlait. Son agacement fit place à la confusion, puis à l’inquiétude.
— Tu
ne devais pas le retrouver là-bas ?
— Non,
répondit-elle, gagnée
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