Le livre du cercle
pas eu d’aussi bonnes relations qu’il l’aurait
souhaité avec le Temple. Contrairement à son oncle Richard, il a eu des difficultés
à s’accommoder de l’autonomie de l’Ordre sur ses terres. Je suis heureux qu’on
me donne cette opportunité de suivre les pas du premier Gardien de ce conseil
et j’espère que les relations entre l’Ordre et la couronne d’Angleterre
redeviendront aussi courtoises qu’elles le furent durant son règne.
— Nous
apprécions grandement votre dévouement à notre cause, monseigneur, dit le
sénéchal tandis que Will tirait un tabouret et s’asseyait à côté du prêtre
portugais, qui l’accueillit avec un sourire discret.
Des
yeux, le sénéchal fit le tour des hommes réunis dans la pièce.
— Si
nous en venions au but de cette rencontre ?
— En
effet, intervint Everard, nous avons beaucoup de choses à discuter, mes frères.
Mais je crois que notre Gardien aimerait faire une annonce avant que nous
n’entrions dans les détails. Monseigneur ?
Édouard
hocha la tête.
— Quand
le père Everard m’a expliqué les objectifs de votre Cercle, j’ai pensé que je
pourrais contribuer à leur réalisation. Baybars ne semble pas vouloir arrêter
sa campagne contre nos forces et si nous continuons à perdre du territoire à ce
rythme, vous n’aurez bientôt même plus de base pour poursuivre votre travail.
En conséquence, nous devons agir rapidement.
Le
prince s’interrompit un instant pour que chacun s’imprègne de ses paroles.
.—
La paix, reprit-il avec ardeur, n’est pas simplement un idéal : c’est notre
seul espoir de survie. Cette semaine, j’ai engagé des discussions avec un
certain nombre de personnalités, ici en Acre, y compris votre grand maître et
le maître des Hospitaliers, et je suis parvenu à les convaincre de soutenir mon
projet. Bien entendu, ils ne sont pas au courant de mes relations avec vous.
J’ai l’intention d’approcher Baybars pour lui proposer une trêve.
Il
leva la main pour signifier qu’il n’avait pas terminé.
— Évidemment,
même s’il l’accepte, je doute que cela mette un terme définitif aux combats,
mais l’Anima Templi pourra s’appuyer sur ces fondations et continuer de
travailler à la réconciliation. En outre, cela nous permettra de préserver les
territoires encore sous notre contrôle.
— Une
trêve ? Avec Baybars ? l’interrogea le sénéchal. J’ai du mal à imaginer qu’il
nous l’accorde.
— Il
n’y a qu’une chose qui pourrait le faire hésiter : l’Empire mongol. J’ai envoyé
dès mon arrivée des ambassadeurs à Abaqa, l’Ilkhan de Perse, pour lui demander
de nous aider face à la menace que fait peser Baybars. Mes ambassadeurs sont
revenus de sa cour. Apparemment, une alliance entre nos deux nations
intéresserait les Mongols. Ils ont suffisamment de forces pour soutenir les
garnisons qui nous restent, ce qui dissuaderait sans doute Baybars d’attaquer
en cas de front commun contre lui. Pour l’heure, j’ai l’intention de persuader
l’Ilkhan d’envoyer une petite division d’Anatolie menacer les citadelles mameloukes
au nord. Moi-même, je compte me déplacer dans le sud pour attaquer plusieurs de
ses places fortes. Je sais que vous ne voulez pas la guerre, mais à court terme
cette action pourrait être notre seul espoir. Il y aura peu de pertes, si même
il y en a. Les attaques n’auront lieu que pour prouver à Baybars qu’en
rassemblant nos forces, nous pouvons toujours lui poser problème. J’espère que
cela l’incitera à accepter une trêve.
Will
regardait le prince. Il ne pouvait s’empêcher d’être impressionné par son énergie.
Il n’avait jamais rencontré quelqu’un d’aussi sûr de lui. Quand Édouard
parlait, les hommes l’écoutaient. Il était d’un dynamisme contagieux. Will
remarqua qu’Everard arborait un sourire satisfait. Le prêtre pensait à
l’évidence avoir fait le bon choix. Les autres semblaient d’ailleurs partager
son opinion, chacun murmurant son approbation. Alors pour quelle raison, se
demanda Will, ne parvenait-il pas à faire confiance au prince ?
La
réunion se poursuivit. Certains firent part de leurs observations, d’autres
questionnèrent Édouard sur les détails de son plan d’action, et Will examina le
prince en cherchant des détails susceptibles d’expliquer sa défiance. Il n’en
trouva aucun : le prince était affable, attentif avec chacun, mais l’éclair
d’irritation que Will avait
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