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Le livre du magicien

Le livre du magicien

Titel: Le livre du magicien Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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très, très lentement, mais que la mouture est fine à merveille.
    Le sentier devant l’église et le cimetière lui-même portaient des vestiges de la récente bataille. Quelques croix et pierres tombales avaient été renversées et un tas de haillons ensanglantés s’entassait contre le mur du cimetière. Le père Matthew, sur les marches de l’église, aspergeait d’eau toutes les directions.
    — Je purifie l’endroit, expliqua-t-il quand les deux arrivants descendirent de cheval. Vous comprenez, ajouta-t-il en levant le bénitier et le petit goupillon, c’est le moins que je puisse faire.
    Il projeta un peu d’eau vers Corbett.
    — Sir Edmund m’a parlé de Maîtresse Feyner. Vous avez bien agi, Messire le clerc ; un autre démon en notre sein, pourtant.
    Il soupira.
    — Que Dieu donne le repos à ces malheureuses.
    Le magistrat scruta le visage de ce prêtre bienveillant.
    Sous les traits lourds et grossiers, la barbe de plusieurs jours, les yeux rougis, il perçut la sagacité de l’homme. Un simple coup d’oeil, un mouvement des lèvres prouvaient la justesse du vieux proverbe : il n’y a pire eau que l’eau qui dort. Le magistrat posa un pied sur la première marche de l’escalier.
    — Je suis venu vous remercier, mon père, dit-il avec un rire bref. Et vous féliciter d’avoir recouvré la santé. La dernière fois où je suis passé, vous cherchiez à nous avertir, n’est-ce pas ? Vous sentiez des odeurs de cuisine et moi aussi. Et pourquoi un pauvre prêtre aurait-il jeté ce beau bassin en cuivre parmi les détritus près de la porte de derrière ?
    — J’espérais que vous le verriez, répondit le père Matthew en gardant la tête basse. Que Dieu me pardonne, Sir Hugh, je n’avais pas le choix. Ils avaient investi toutes les pièces de la maison et détenaient les otages dans l’église ; ils étaient aussi redoutables que l’Enfer. Je pensais n’avoir onc à rencontrer des diables incarnés, mais l’Enfer devait être vide, car tous ses démons se trouvaient à Corfe !
    — Vous avez fui ?
    — C’est une longue histoire, dit le prêtre en souriant.
    Corbett remarqua qu’il avait des dents fort propres et régulières, et que ses mitaines noires déchirées ne pouvaient cacher l’élégance de ses longs doigts.
    — Les bandits, pressés d’accomplir d’autres méfaits, partaient. Je me suis simplement réfugié dans l’église et ai barré la porte du cimetière. Que Dieu en soit loué, si je ne l’avais fait, je suis certain qu’ils m’auraient tranché la gorge ainsi que celle des gens qu’ils avaient amenés.
    — Où sont-ils allés ? interrogea Ranulf.
    — Oh, ils sont rentrés chez eux. Je leur ai donné ce que je pouvais, répondit le prêtre sur le point de tourner les talons.
    — John ?
    Le père Matthew fit un brusque demi-tour, et s’il n’avait pas tenu avec tant de soin le bénitier, il l’aurait laissé choir. Bouche bée, il regarda Corbett.
    — Je... je ne...
    — Vous n’êtes pas prêtre, déclara Corbett d’un ton uni. Vous êtes un savant jouant les prêtres. Vous vous appelez John, en réalité. Il y a bien des années, dans un tout autre monde, vous étiez le disciple, l’ami intime, le messager personnel du franciscain Roger Bacon, érudit d’Oxford et de Paris.
    — Je... je ne comprends pas.
    Le père Matthew était devenu si pâle que Corbett monta l’escalier pour l’attraper par le bras.
    — Je crois qu’il vaudrait mieux que vous entriez dans l’église où vous vous êtes si longtemps caché.
    L’homme ne résista pas quand le magistrat le conduisit dans la sombre nef malodorante montrant encore des signes d’occupation par les pirates. Les sellettes et les bancs étaient sens dessus dessous ; près des fonts baptismaux, il y avait un tas de crottin de cheval. Le sol était souillé et deux pots brisés, qui gisaient sous l’oriel, reflétaient la faible lumière qui le traversait.
    Ranulf repoussa son capuchon et se signa d’un geste machinal. La déclaration du magistrat l’avait pris au dépourvu. Il lui était difficile d’admettre qu’un célèbre érudit d’Oxford ait trouvé refuge dans une église si misérable. Oui, le vieux « Maître Longue Figure » avait une façon d’agir bien à lui. Si le roi ne voulait pas que sa main droite sache ce que faisait sa main gauche, Corbett était bien pire. Le prêtre était fort troublé et tremblait tant que Ranulf dut lui arracher le

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