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Le livre du magicien

Le livre du magicien

Titel: Le livre du magicien Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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main.
    — C’est exact, reprit le magistrat enjoignant le bout de ses doigts. Il a exigé, surtout depuis le vol de la copie de Paris, que les deux royaumes échangent leurs informations. Il me sait responsable des codes de la chancellerie, aussi a-t-il organisé cette réunion.
    — Mais pourquoi céans ? interrogea Ranulf.
    — Philippe se veut diplomate. Il tient à rassurer notre roi. Il a juste demandé que la réunion se déroule dans un château de la côte sud, ni à Douvres ni dans aucun des cinq ports {6} , mais bien loin du tohu-bohu des villes. Édouard a proposé Corfe et il a accepté. Craon amènera avec lui quatre professeurs de l’université, versés dans l’étude des manuscrits de Bacon et dans l’art du décodage. Ils nous retrouveront ici, moi, Bolingbroke et Maître Ranulf.
    — De qui s’agit-il ? Comment s’appellent-ils ? voulut savoir Bolingbroke.
    — Étienne Destaples, Jean Vervins, Pierre Sanson et Louis Crotoy.
    Bolingbroke siffla entre ses dents.
    — Ce sont tous des hommes éminents de la Sorbonne, des professeurs de droit et de théologie.
    — Bien sûr, acquiesça Corbett. J’en connais d’ailleurs un, Louis Crotoy ; il a enseigné aux collèges d’Oxford. C’est un grand maître, à l’esprit aiguisé comme un couteau.
    — Je n’y crois pas.
    — Vous ne croyez pas à quoi ? demanda Ranulf en souriant.
    Bolingbroke se contenta de hocher la tête. Il ôta sa chape, la jeta sur la table et chercha sa dague dans son fourreau de cuir.
    — Philippe a de mauvaises intentions ; il y a là quelque déloyauté.
    — Ce qui explique que nous nous retrouvions ici, rétorqua son maître. Pouvez-vous me redire, William, pourquoi Ufford a occis Maître Thibault ?
    — Il a été obligé, expliqua Bolingbroke en se rasseyant et en se frottant le visage. Nous étions dans la cave et tentions d’ouvrir ce maudit coffre.
    — Mais pourquoi ? insista Corbett. Pourquoi Thibault, qu’Ufford avait vu auparavant en train de s’ébattre avec une accorte catin, aurait-il renoncé à ses jeux amoureux, à la chaleur tiède et confortable de son lit, pendant une soirée de réjouissances, pour conduire cette femme dans une cave froide ? Que voulait-il lui montrer ? Un précieux manuscrit qu’elle ne pouvait comprendre ?
    — Peut-être fanfaronnait-il ? suggéra Ranulf. Peut-être voulait-il l’impressionner ?
    — Mais pourquoi à ce moment-là ? À cet instant précis de ce soir précis ?
    Bolingbroke secoua la tête.
    — Je l’ignore. Mais c’est vrai, je me suis fait la même réflexion. Vous me l’avez assez souvent demandé, Sir Hugh, et, à présent que les collègues de Thibault arrivent, vous me le demandez derechef. Je ne sais vraiment pas.
    Il poussa un soupir d’exaspération.
    — Je me suis aussi demandé comment Ufford a été piégé et capturé.
    Il prit une profonde inspiration.
    — Êtes-vous certain que le manuscrit que nous avons volé était authentique ? Philippe ne nous a-t-il pas simplement tous bernés ?

 
    CHAPITRE III
    « Les sages se sont toujours démarqués de la multitude. »
    Roger B ACON , Opus majus.
    « Tout le monde devrait connaître les langues,
les étudier et comprendre leur silence. »
    Roger B ACON , Opus tertium.
    Alusia, aide de cuisine, fille de Gilbert, le sous-intendant de la dépense du château de Corfe, avançait parmi les tombes et les croix du vaste cimetière de St Pierre-des-Bois. Petite et potelée, cheveux noirs bouclés et yeux pétillants, elle était fort satisfaite d’elle-même. L’arrivée des envoyés du roi avait causé une grande émotion. Les gens faisaient semblant de vaquer à leurs occupations ordinaires, mais, comme l’avait remarqué son père, « un étranger est un étranger », et tout le monde dévisageait sans vergogne ces hommes importants venus de la lointaine ville de Londres. Le clerc à l’air triste et à la chevelure noire avec son épée à la garde d’argent avait effrayé Alusia, mais déjà les jouvencelles jacassaient sur le roux, sa façon de se pavaner, le regard fureteur de ses yeux verts en quête de gaudriole.
    Alusia aurait aimé s’attarder à écouter les ragots, mais Maîtresse Feyner avait déclaré qu’elle devait partir sans tarder à midi et il n’était pas question de lui désobéir. Les servantes du château surnommaient Maîtresse Feyner la « vieille chouette », car rien ne lui échappait. Visage et yeux durs, bras

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