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Le livre du magicien

Le livre du magicien

Titel: Le livre du magicien Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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qui s’est passé quand vous l’avez dérobée, mais la raison pour laquelle Maître Thibault est descendu dans cette cave durant la nuit de réjouissance. Pourquoi s’est-il fait accompagner par cette jeune femme ?
    — Ufford n’avait pas le choix : il devait les occire !
    — Je ne prétends point le contraire. Walter était un combattant dans l’âme. Mais je soupçonne quelque félonie. Permettez-moi d’exposer mon hypothèse. Nous avons deux clercs de la chancellerie secrète, des étudiants des collèges d’Oxford, se faisant passer pour des étudiants de la Sorbonne. L’ordre en est donné : notre noble roi veut la copie française du Secret des secrets de frère Bacon. Vous et Ufford vous mettez en quête et la recherchez. Un traître, ce mystérieux étranger qui vous a offert le manuscrit, surgit parmi les Français.
    — Il ne nous l’a pas offert, releva Bolingbroke la bouche pleine, il nous a juste dit où il se trouvait et nous a promis que nous serions invités à la fête chez Maître Thibault.
    — Savez-vous qui était cet homme ? demanda Ranulf.
    Bolingbroke eut un geste de dénégation.
    — Non ; nous ne l’avons pas rencontré. Il communiquait par des billets déposés à notre logis. Je vous ai montré ceux que j’ai conservés ; j’ai détruit les autres.
    Corbett acquiesça. Il avait étudié de près les notes griffonnées. L’anglo-normand, rédigé par une main qu’il ne connaissait pas, fournissait des renseignements à ses deux clercs secrets.
    — Mais ce dont je suis sûr, continua Bolingbroke en dégustant sa bière, c’est qu’un mois avant la fête donnée par Maître Thibault, ce Français a découvert ce que nous cherchions et, contre de l’or, nous a appris où la chose se trouvait et comment nous pouvions nous en emparer. Je pense que, d’une façon ou d’une autre, il a prévenu Maître Thibault et l’a poussé à descendre à la cave. Nous devions y être piégés, mais le vieil ivrogne, sous l’emprise du vin et de la luxure, a peut-être refusé de croire ce qu’on lui disait ou n’en a pas compris la portée. Plus important encore, le traître a aussi révélé au seigneur Amaury de Craon et aux limiers du roi ce qui se passait. Nous avons eu de la chance. On prévoyait de nous capturer soit chez Maître Thibault soit dans notre logis, rue des Carmélites. Nous nous sommes pourtant échappés, puis séparés ; ils ont sans doute cru qu’Ufford était le responsable et l’ont pourchassé...
    — L’avez-vous vu périr ? s’enquit Ranulf.
    — J’étais près du quai de la Madeleine quand j’ai entendu les clameurs. Un mendiant m’a dit que les troupes royales occupaient ce quartier depuis l’aube. J’ai décidé de quitter Paris par une autre route. J’ai rejoint un groupe de pèlerins qui allaient à Notre-Dame de Boulogne.
    Bolingbroke fit une grimace.
    — Ce fut assez facile. Je me suis fait passer pour un clerc français. Il ne s’agissait que d’atteindre un port et de m’assurer une traversée sur une cogghe anglaise.
    — Qui était le traître, d’après vous ? questionna Corbett.
    — Il aurait pu s’agir de Craon en personne, ou de l’un des hommes qui l’accompagnent.
    — Et pourquoi pensez-vous qu’il les amène en Angleterre ? interrogea Ranulf.
    — Pour deux raisons, répondit Bolingbroke. J’ai beaucoup médité là-dessus. D’abord, je suis certain que Philippe de France aimerait découvrir les secrets de Roger Bacon. Il s’y intéresse vraiment et il veut voir quels progrès, s’il y en a, nous, les Anglais, nous avons faits.
    — Ensuite ?
    — Ensuite, Sir Hugh, que se passe-t-il...
    Bolingbroke s’interrompit et fit courir son doigt sur le bord de sa chope.
    — ... que se passe-t-il si nous renversons le jeu ? Si Philippe de France a déchiffré le code secret de frère Roger et découvert son savoir caché ? Comment fabriquer un miroir qui montre les choses éloignées de plusieurs miles ou comment transformer du vil métal en or ?
    — Et alors ? le pressa le magistrat.
    — Et si Craon amène les periti , les savants de Paris, pour savoir si nous en sommes au même point ? Ou, si ce n’est pas le cas, pour nous embrouiller davantage, pour gêner et entraver notre démarche ?
    — Il y a une autre raison, n’est-ce pas ?
    — En effet, Sir Hugh. Philippe n’aime pas l’université de la Sorbonne. Oh, si elle va dans le sens de ce qu’il décrète, il est tout

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