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Le livre du magicien

Le livre du magicien

Titel: Le livre du magicien Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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tirés par des boeufs, des machines qui peuvent descendre au fond de la mer, des navires sans rameurs et même des engins volant dans les airs. Il parle aussi d’une poudre noire, un mélange de salpêtre et de diverses substances qui peut provoquer une explosion semblable à celle du tonnerre.
    — Mais tout cela a déjà été suggéré, fit remarquer Bolingbroke. Le fameux Aristote affirmait jadis qu’il était possible de bâtir un appareil pour atteindre les abysses.
    — Je sais, je sais, concéda Corbett, mais frère Roger est différent. Sa Grâce, le roi, et moi-même avons parcouru ses oeuvres. Bacon soutient formellement avoir vu quelques-unes de ces expériences fonctionner.
    Corbett se rassit dans sa chaire et embrassa du regard l’austère pièce chaulée, si simple et si nue, où l’on ne voyait qu’un crucifix, quelques coffres et une desserte pour poser pichets et gobelets. Quel contraste avec ce qu’il décrivait !
    — Impossible ! souffla Sir Edmund. Ce n’est là que sorcellerie, magie, fantaisies d’un enchanteur.
    — Vraiment ? rétorqua Ranulf. À la Tour, les ingénieurs du roi travaillent sur des bombardes qui peuvent lancer un roc plus rudement et plus vite contre la muraille d’un château qu’une catapulte. Les Flamands sont en train de construire un bateau qui navigue d’une autre façon que les nôtres, ce qui rend leurs cogghes plus rapides et pourtant plus solides.
    — Je sais, je sais, admit Sir Edmund en prenant une gorgée de bière. Mais pourquoi le roi s’intéresserait-il à tout cela ? Les écoles sont pleines de nouveaux prodiges ; on découvre de nouveaux manuscrits ; et même moi, vieux soldat, en ai eu vent. Tout comme vous, Sir Hugh. Vous avez débattu dans les collèges d’Oxford et avez écouté les professeurs.
    — C’est exact, approuva Corbett en souriant. J’ai ouï parler de la tête de bronze magique qui profère des maximes de sagesse et on soutient que l’ordre des Templiers a découvert les secrets de Salomon, mais c’est – le magistrat grimaça – comme si quelqu’un affirmait pouvoir invoquer Satan. Il se peut qu’il en soit capable, mais Satan sortira-t-il de l’Enfer ?
    Des rires accueillirent ses paroles et la tension se fit moins lourde.
    — Frère Roger, pourtant, est différent. Pendant sa captivité il a écrit un autre livre, le Secretus secretorum, Le Secret des secrets, dans lequel il révèle, avec force détails, tout son savoir caché. Il l’a rédigé puis en a fait une copie. L’original a été apporté à Paris et la copie est restée en Angleterre.
    — Est-ce pour cela qu’Ufford est mort ? l’interrompit Bolingbroke.
    — Oui, répondit Corbett d’un ton plus sec qu’il ne le voulait.
    — Avons-nous dérobé l’original ?
    Le magistrat eut un geste de dénégation.
    — Non. Vous n’avez volé qu’une seconde copie. C’est celle-là que vous avez ramenée à Westminster. Le roi Philippe en personne détient toujours l’original dans sa chambre forte.
    — Quoi !
    Bolingbroke aurait bondi si Ranulf, le retenant par le poignet, ne l’avait forcé à se rasseoir.
    — Une copie ? s’exclama-t-il en faisant tomber la chope de la table. Est-ce pour ça que Walter a trépassé ? Nous avons donc échoué ?
    — Pas du tout, expliqua Corbett d’une voix calme. Édouard d’Angleterre voulait savoir si sa copie et celle qui se trouve à Paris étaient similaires. Je suis heureux de pouvoir affirmer que c’est bien le cas.
    — Que dit-elle ? interrogea Sir Edmund sans tenir compte de l’ire de Bolingbroke.
    — C’est là que gît le lièvre, répondit Corbett qui se leva et alla quérir la chope.
    Il la remplit derechef et la posa devant son clerc qu’il gratifia d’une tape amicale sur l’épaule avant de se rasseoir.
    — Le Secretus secretorum est rédigé dans un code que nul ne peut déchiffrer. Celui qui y parviendra entrera dans un temple du savoir. Pendant des mois, les clercs de la chancellerie privée ont essayé tel ou tel système pour tenter de trouver la clef. Nous savons que ceux de Craon ont agi de même, mais sans résultat. Édouard est informé que Philippe possède Le Secret des secrets  ; et les Français n’ignorent pas qu’Édouard en a une copie bel et bien valable.
    — Ah, soupira Sir Edmund, je comprends à présent ! Philippe a invoqué le traité de paix, les clauses stipulant que lui et Édouard doivent travailler main dans la

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