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Le livre du magicien

Le livre du magicien

Titel: Le livre du magicien Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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propre mère, de son père, de ses tantes et de ses oncles. C’était des hommes et des femmes attachés à la glèbe, des « vers de terre », comme disait sa mère.
    En dépit des grommellements de son écuyer et d’un discret coup de pied dans la cheville, Corbett promit solennellement ce que, en son for intérieur, il espérait pouvoir mener à bien : poursuivre l’assassin de leurs enfants et le voir pendre. Le groupe commença à se disperser. Le père Matthew affirma au magistrat qu’il serait toujours le bienvenu dans son église et prit congé. Sir Edmund hocha la tête et chuchota qu’il souhaitait que Corbett tienne parole, mais que lui non plus ne pouvait s’attarder : les Français arriveraient sans doute avant la nuit tombée.
    — Avez-vous les moyens de réussir ? interrogea Ranulf, suivant son maître dans la cour du château en détournant un peu la tête pour éviter le vent vif et la neige qui tombait fort et enveloppait tout d’un drap blanc.
    Corbett jura en glissant sur les pavés, mais parvint à reprendre l’équilibre.
    — Je le dois, Ranulf. N’as-tu pas senti quel océan de désespoir il y avait là ?
    Ils entrèrent dans la tour du Sel et montèrent dans la chambre de Corbett.
    — N’allez-vous pas prendre un peu de repos à présent ? s’enquit Ranulf, inquiet de voir Sir Hugh ceindre son ceinturon et décrocher son épaisse chape grise.
    — Les Français seront bientôt là et il neige, expliqua Corbett en tapotant l’épaule de son écuyer. Il se peut que nous soyons prisonniers à Corfe et je veux savoir où nous sommes. Inutile que tu m’accompagnes.
    Et avant que Ranulf ait pu soulever une objection, Sir Hugh, éperons cliquetant, se trouvait au milieu de l’escalier.
    Les yeux fermés, Ranulf le maudit l’espace de quelques secondes. Le vieux « Maître Longue Figure » s’attendait à ce que son écuyer le suive, ce qui expliquait qu’il n’ait pas fermé la porte à clef. Ranulf regarda le coffre cerclé de fer, au pied du lit. Il avait l’air assez sûr pour protéger ce que Sir Hugh nommait ses trésors de la chancellerie, sa bible de secrets et ses manuscrits de symboles. Ces derniers renfermaient les codes et les écriture déguisées dont le garde du Sceau privé usait pour communiquer avec ses espions, de Berwick on Tweed en Écosse jusqu’aux postes avancés des chevaliers Teutoniques, bien loin à l’est du Rhin. Corbett, comme il en avait l’habitude, les avait emportés, ainsi que d’autres livres de même nature, pour continuer son travail quotidien de la chancellerie, mais aussi pour parvenir, peut-être, à déchiffrer les énigmes de frère Roger.
    — Comme je peux l’attester ! soupira Ranulf.
    Il avait, avec son maître, brûlé bien des chandelles dans la Chancellerie de Westminster, à la Tour et même au manoir de Leighton. Sir Hugh, plongé à corps perdu dans son ouvrage, avait négligé Lady Maeve et ses enfants, mais n’avait rencontré que davantage de déception.
    Ranulf s’approcha de l’arche et, agenouillé, examina les trois solides serrures, oeuvre d’un homme de métier. Puis il souffla la chandelle qui brillait sous son éteignoir et, enlevant la clef, ferma l’huis de l’extérieur et monta les marches en courant jusqu’à sa propre chambre. Il aurait préféré muser autour du château jusqu’à ce que, par hasard, il rencontre Lady Constance. Peut-être aurait-il pu la convaincre de s’asseoir avec lui sur un coussiège ? Il avait l’esprit plein d’idées chevaleresques, de fragments de poésie, de comparaisons appropriées et de ces délicats compliments qu’un chevalier se doit de faire à une dame. Mais, pour le moment, une tâche plus urgente l’attendait. Ranulf ne pouvait oublier la dernière réunion du Conseil privé à Westminster. Édouard d’Angleterre, beuglant comme un soudard, donnant du pied dans les chaires et les sellettes, frappait du poing sur la table comme un enfant capricieux pendant que Corbett expliquait qu’on ne parvenait pas à déchiffrer le code de frère Roger et qu’ils pourraient en savoir plus après avoir rencontré Craon. La réunion achevée, le roi avait entraîné Ranulf à l’écart, comme il le faisait de plus en plus souvent, et l’ayant acculé contre le mur, le coude enfoncé dans la poitrine du clerc, lui avait parlé à l’oreille. Le message était clair : le souverain aimait Corbett comme un frère, mais Craon était une vipère des

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