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Le livre du magicien

Le livre du magicien

Titel: Le livre du magicien Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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et à une période où d’horribles meurtres ont eu lieu ?
    — Avant que vous ne le formuliez, intervint le père Matthew d’une voix rude, je précise qu’elle aurait laissé son prêtre s’approcher d’elle ; mais je me trouvais dans l’église.
    — Pax, pax, dit le magistrat d’une voix douce. Personne ne vous accuse, mon père, ni ne vous soupçonne. De qui donc pourrait-il s’agir ?
    — D’une amie, proposa Ranulf, d’une autre jouvencelle, ou d’un frêle vieillard ? Rebecca n’a pas eu peur.
    La clameur qui s’élevait devant la porte de la grand-salle l’interrompit.
    Sir Edmund cria à ses gardes de laisser passer le groupe d’hommes et de femmes qui entrèrent en traînant les pieds et en jetant des regards émerveillés autour d’eux, avant de se tourner pour s’incliner devant le gouverneur.
    — Ce sont les parents des victimes, chuchota Sir Edmund. Je les ai convoqués, à votre requête.
    Corbett attendit qu’ils aient tous franchi le seuil avant d’aller à leur rencontre pour les accueillir. Les autres convives de la table haute l’imitèrent. Puis Sir Hugh fit asseoir les arrivants et se présenta.
    — Avez-vous été dépêché ici ? s’enquit une petite femme fluette, aux raides cheveux gris et aux yeux ardents dans sa figure rougeaude trempée de sueur, en fixant Corbett avec espoir. Le roi en personne vous a-t-il envoyé faire justice à nos filles ?
    — Oui, oui, s’empressa de répondre le magistrat, c’est là une de mes tâches. Sir Edmund, peut-être pourrions-nous servir à nos hôtes une coupe de posset chaud ? Leurs mains sont gercées et leurs lèvres bleues de froid.
    Ses paroles furent les bienvenues et il y eut quelques instants de confusion quand cuisiniers et marmitons apportèrent des cuisines une jatte de vin chaud, grommelant entre leurs dents contre des clercs qui s’occupaient de ce qui ne les regardait pas, tout en distribuant la boisson brûlante et épicée. Corbett en prit aussi et leva sa coupe en l’honneur de ses invités installés autour de la table sur tréteaux. Il se retourna vers la femme qui l’avait interpellé.
    — Qui êtes-vous ?
    — Maîtresse Feyner, responsable des lavandières du château.
    Elle resserra son châle déchiré autour de ses épaules. Corbett nota que sa chemise, dessous, bien qu’élimée, était d’une blancheur irréprochable et que ses mains rouges et crevassées luisaient d’huile.
    — Je suis veuve, Messire, et ma fille unique, Phillipa, a été la première victime, bien qu’on ne l’ait point retrouvée.
    — Je l’ai appris, dit le magistrat, mais pourriez-vous me donner quelques raisons expliquant pourquoi vos filles ont pu périr de si affreuse manière ?
    Ce fut d’abord le silence. Puis un tohu-bohu de réponses. Corbett écouta avec attention avant de lever la main pour réclamer qu’on se taise.
    — Mais il n’y a point d’étrangers dans la contrée.
    — Il y a les pendards ! cria Maîtresse Feyner. Horehound et sa bande.
    Elle fut sur-le-champ contredite par ses compagnons et Corbett comprit qu’elle n’était guère aimée.
    — C’est absurde, rétorqua un homme qui se présenta sous le nom d’Oswald. Horehound est un braconnier, un claquedent, l’un d’entre nous, mais tombé dans la misère. Pourquoi aurait-il assassiné nos filles ?
    — Ce doit être quelqu’un que nous connaissons ! cria une voix. Quelqu’un du château.
    Corbett parcourut la table du regard jusqu’à une vieille femme. Ses habits noirs étaient poussiéreux et ses longs cheveux blancs tombaient sur ses épaules. Détectant un léger accent, il en fit l’observation.
    — Vous avez l’ouïe fine, Messire le clerc. Je ne suis pas d’ici, mais de Gascogne.
    — Comment vous appelez-vous ?
    — Pour vous et tout un chacun ici, Juliana. On me nomme Maîtresse Juliana. Ma petite-fille a été tuée près des douves du château, mais les autres ont été déposées près des tas d’ordures. Comment cela pourrait-il être Horehound ? Il ne vient jamais ici.
    Le magistrat donna la parole à diverses personnes tout en observant leurs visages crasseux et ridés, leurs yeux pleins de courroux et de désespoir, leur façon de lever leurs mains gercées, parfois jointes comme pour prier, les regards d’espoir qu’elles lui lançaient à lui, l’émissaire du roi, prêt à rendre justice. Il avait l’impression d’avoir remonté le temps, de contempler les figures de sa

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