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Le livre du magicien

Le livre du magicien

Titel: Le livre du magicien Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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d’une voix rauque.
    Il leva la tête : son visage était dissimulé derrière un masque déchiré.
    — Envoyés du roi, quoi qu’on en dise au château, nous ne sommes point coupables de la mort des jouvencelles ; ni de ce que vous pourriez voir dans la forêt.
    — Que pourrais-je y voir ? interrogea Corbett en rejoignant Ranulf.
    — L’horreur pendue dans les bois, lui fut-il répondu. Nous sommes de pauvres gens, la fange de la terre ; ne l’oubliez pas, nous ne tuons que pour nous nourrir.
    L’homme encapuchonné leva la main et les hors-la-loi firent demi-tour et s’enfuirent. Ils escaladèrent le mur du cimetière et disparurent sous les arbres.
    Les trois compagnons regardèrent un instant la neige qui tombait dru puis, rassemblant les chevaux, reprirent le chemin de la forteresse. Le jour devenait plus sombre et plus gris au fur et à mesure que la lumière baissait. La tempête s’était calmée, mais avait transformé la campagne en une étendue blanche et silencieuse, soulignant ainsi le noir des arbres et des buissons au-dessus desquels s’élançaient des oiseaux solitaires. Les ajoncs et le fourré craquaient sous la neige qui gouttait et glissait à terre. Ils parvinrent au chemin qui menait au portail principal du château en traversant des collines dénudées. Des torches de poix et des braseros rougeoyaient avec ardeur sur les remparts.
    — On dirait un donjon de l’Enfer, maugréa Ranulf bien qu’il eût grand-hâte d’atteindre l’entrée et d’échapper à la solitude glaciale de la campagne.
    Ils passèrent à grand bruit sur le pont-levis où Corbett s’arrêta. Il se pencha vers ses compagnons et leur enjoignit de ne piper mot à quiconque de la confrontation du cimetière. Chanson se chargea de leurs montures et Ranulf se dirigea vers l’arrière-cuisine en prétendant qu’il avait encore faim. Le magistrat, lui, regagna sa chambre. Un serviteur attendait devant la porte. Corbett ouvrit l’huis et l’homme s’affaira à allumer les chandelles à éteignoir. Il usa d’un soufflet pour enflammer le brasero et redonna vite de la vigueur au maigre feu dans l’âtre, en déposant de nouvelles bûches sur une couche de charbon parsemée d’herbes qui embaumèrent la pièce d’une odeur printanière.
    — Voilà, Monseigneur, déclara l’homme qui transpirait en usant de son soufflet pour ranimer les flammes et embraser le bois. Vous ne tarderez pas à être aussi au chaud qu’un cochon dans sa soue.
    L’analogie fit sourire Corbett. Il aida le serviteur jusqu’à ce que tout fût en ordre puis lui donna une piécette et, quand il fut parti, ferma la porte derrière lui. Il ôta ses bottes d’un coup de pied et était sur le point de s’installer devant le feu quand il ouït un faible chant. S’approchant de la fenêtre, il ouvrit le volet et écouta attentivement. Il reconnut le plain-chant qui venait de la chapelle de St Jean-en-les-Murs et, toute fatigue envolée, s’empressa de renfiler ses bottes, quitta sa chambre et dévala l’escalier. Il rencontra son écuyer près de la tour, l’attrapa par le bras et, glissant et dérapant, ils se hâtèrent vers la chapelle du château à travers les ténèbres glacées. Ranulf aurait volontiers protesté, mais savait que c’eût été vain. Comme il l’avait fait observer à Chanson : « S’il est une chose que Maître Longue Figure aime, c’est chanter. »
    La chapelle St Jean était un long bâtiment chaulé qui ressemblait à une grange, malgré les peintures qui couvraient les murs et les belles pierres dont était dallé le sol surélevé du choeur. L’autel, en marbre de Purbeck, paraissait rayonner à la lueur des cierges qui l’encadraient. Le père Matthew, assisté du père Andrew, s’affairait à former un choeur avec les membres de la garnison pour répéter les hymnes de l’Avent.
    — Eh bien, Sir Hugh, dit-il en faisant signe au magistrat de les rejoindre, vous avez entendu les chants ?
    — Par tous les anges, grommela Ranulf, bien sûr qu’il les a entendus !
    Corbett fut de suite captivé par la musique et écouta un moment le choeur, dirigé par le père Matthew, entonner le «  Puer natus nobis  », « Il nous est né un Sauveur ». Le choeur était formé de jeunes garçons et d’hommes mûrs, mais le chant reposait en fait sur les archers gallois dont le magistrat admirait tout particulièrement les voix. Il marquait la mesure du pied en bougeant un peu les doigts

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