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Le livre du magicien

Le livre du magicien

Titel: Le livre du magicien Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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mais il a refusé. La jouvencelle qui l’accompagnait, une ravissante catin, vraiment très belle, a aussi élevé des objections.
    — Des objections ! s’exclama le magistrat.
    Crotoy, d’un signe de la main, pria Corbett de baisser la voix.
    — Oui, des objections. Elle a dit qu’il faisait froid et qu’elle ne voulait point descendre dans une cave glacée. « Tu me l’as pourtant demandé », a rétorqué Maître Thibault. Ils sont sortis et peu après des serviteurs ont annoncé que de la fumée et des flammes montaient du sous-sol.
    Crotoy haussa les épaules.
    — Et voilà que Ranulf...
    Il se détourna en hâte, laissant le garde du Sceau privé à ses pensées. Sir Edmund était à présent plongé dans une conversation animée avec Craon. Il décrivait les fortifications du château de Corfe et les travaux qui devaient commencer dès que le printemps s’annoncerait. Corbett réfléchissait, le regard perdu dans sa coupe. Il avait prévenu Édouard que cette réunion à Corfe était fort périlleuse. Philippe et Craon tramaient quelque méfait, mais lequel exactement ? Et bien qu’il eût pressé Édouard de questions, ce dernier n’avait pas révélé les raisons du profond intérêt qu’il portait aux écrits de Roger Bacon.
    Le magistrat parcourut la table du regard en scrutant les divers convives. Selon Bolingbroke qui, le visage cramoisi, débattait encore avec Destaples, il y avait eu à l’université de la Sorbonne un espion disposé à vendre l’exemplaire du Secret des secrets possédé par maître Thibault. Il l’avait, apparemment, fait contre espèces sonnantes et trébuchantes. Ce même individu n’avait-il été qu’une dupe, le moyen de piéger Ufford et Bolingbroke ? Mais, là encore, Craon aurait pu envoyer ses hommes dans la cave pour les y appréhender. Et pourquoi Maître Thibault était-il descendu ? D’après Crotoy, il semblait qu’il avait eu l’intention d’y rencontrer quelqu’un. Thibault était-il l’espion ? Et pour quelle raison Craon avait-il permis que la copie du Secret des secrets soit volée en premier lieu ? Ce manuscrit renfermait-il quelque chose de très dangereux ? Était-ce la raison de la rencontre à Corfe ?
    Le magistrat porta sa coupe à ses lèvres, mais se reprit. Il devait garder l’esprit clair. Se rencognant dans sa chaire et serrant son gobelet, il sourit in petto. La logique ne pouvait reposer que sur ce qui arrivait, non sur ce qui pourrait arriver, comme le lui avait enseigné Crotoy. Il devrait donc attendre...
    Alusia, la fille de Gilbert, se souvenait du choc qu’elle avait éprouvé en découvrant le corps de Rebecca. Elle s’était agenouillée près de lui sur le froid chemin pavé et avait ouï des cris stridents. À l’approche du père Matthew seulement, elle avait compris que c’était elle qui produisait ce terrible bruit. Le prêtre l’avait relevée en la serrant dans ses bras robustes puis lui avait caressé les cheveux pour tenter de la calmer. Il lui avait dit de rester près de la dépouille pendant qu’il courait à l’église chercher la charrette à bras. Elle l’avait aidé à y poser le cadavre de la pauvre Rebecca et à le couvrir de la toile tachée que le père Matthew avait rapportée. Une fois au château, Alusia avait été réconfortée par ses parents. Ils lui avaient fait boire une coupe de posset chaud venant des cuisines et son père s’était précipité chez Maîtresse Feyner pour quérir quelques grains de valériane qui lui permettraient de sommeiller.
    Alusia avait dormi longtemps et profondément et ce n’est qu’en se réveillant qu’elle avait pour de bon pris conscience du spectacle horrible qu’elle avait vu ce jour-là. Sir Edmund et le père Matthew étaient venus l’interroger, mais, encore sous l’effet du vin drogué, elle avait l’esprit confus. Elle avait expliqué qu’elle et son amie Rebecca avaient décidé de se retrouver près de la grille du cimetière afin de déposer des rameaux verts sur la tombe de Marion. Après tout, c’était la fête de sa sainte patronne et elles voulaient faire quelque chose pour marquer la mort de leur amie. Alusia avait décrit l’église et la forêt enneigée ; tout était calme. Elle se souvenait même des croassements des corbeaux et des corneilles.
    — Mais, avaient insisté Sir Edmund et le père Matthew avec douceur, as-tu vu quelque chose ?
    Alusia avait fait un signe de dénégation et évoqué le

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