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Le livre du magicien

Le livre du magicien

Titel: Le livre du magicien Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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corruption et la veulerie qui l’accompagne rendent vain tout effort. »
    Roger B ACON , Opus minus.
    Foxglove {8} , le hors-la-loi, se mourait. Horehound, accroupi près de lui dans la grotte éclairée par un feu, reconnaissait les symptômes. Le vieillard était malade depuis plusieurs jours. Et à présent son visage non rasé était décharné, ses joues creuses, son front trempé de sueur, et ses globes oculaires se révulsaient. Sa gorge émettait un étrange râle. Angelica avait fait de son mieux et l’avait abreuvé de jus de mousse, mais la fièvre n’était pas tombée et Foxglove avait des visions. Il évoquait des frères, des camarades morts presque quarante ans auparavant dans la grande bataille d’Evesham où le père du vieux roi avait capturé le comte Simon de Montfort, l’avait occis, avait taillé son corps en pièces et l’avait jeté aux chiens. Foxglove, comme l’avait dit Milkwort, se préparait à présent à paraître devant son juge et retournait vers le passé. Il formulait pourtant un dernier souhait.
    — Je veux être absous, suppliait-il. Je dois voir un prêtre pour qu’il m’entende en confession.
    Il agrippa la main de Horehound.
    — Je meurs, mais je veux qu’un prêtre me donne l’extrême-onction. Je ne veux pas que mon âme parte empuantie dans la mort.
    Les autres pendards lui avaient donné raison. Foxglove était peut-être âgé, mais, en son temps, adroit chasseur et loyal compagnon, il avait été précieux. Horehound alla à l’entrée de la grotte et s’accroupit près du second foyer en contemplant la clairière enneigée. Si l’orage était passé, le ciel restait menaçant. Il mordilla ses lèvres gercées en réfléchissant au voeu de Foxglove. Cela s’était déjà produit, quand le vieux Parsley {9} avait passé. Le père Matthew était venu, mais on était alors en plein été : les sentes étaient dégagées et le sol ferme. Le prêtre avait apprécié une promenade dans la fraîcheur verdoyante de la forêt. C’était maintenant le coeur de l’hiver. Les bannis eux-mêmes devaient prendre garde de ne pas s’égarer et ils devraient rester hors des sentiers battus. Horehound avait peur du vieux chêne et du corps qui y pendait, l’« horreur de la forêt » ! Au début de la soirée il y avait eu des discussions animées à ce sujet. Angelica et Milkwort, soutenus par Peasecod {10} et Henbane {11} , avaient fait remarquer qu’on pourrait décrocher la dépouille et l’ensevelir en secret. Horehound s’était obstiné dans son refus. Il irait quérir le père Matthew, mais le conduirait au campement par des voies plus discrètes. Il ne fallait pas que le prêtre voie ce cadavre ; c’était le point fort de son argumentation. S’ils le touchaient, on les tiendrait pour responsables et cela ne portait-il pas malheur que de dépendre un mort ? Il eut un sourire amer. Il avait gagné quand il avait posé la question : Qui se chargerait de couper la corde ? Personne ne le désirait ; et, de fait, personne ne s’en était même approché. Ils ignoraient encore s’il s’agissait d’un homme ou d’une femme.
    Horehound tendit les mains vers le feu. Il était fort inquiet : leur réserve de viande salée diminuait ; le gibier se faisait très rare et difficile à chasser, et l’espoir de rapines plus rare encore. La bande de hors-la-loi vieillissait et s’affaiblissait. Il avait parfois la tentation irrésistible de l’abandonner et de s’enfoncer plus avant dans la forêt.
    — Qu’allons-nous faire ?
    Milkwort et Angelica l’avaient rejoint près du feu.
    — Nous allons chercher le prêtre.
    — Non, je ne parlais pas de ça !
    Horehound sentait à quel point son compagnon était courroucé tandis que le large visage doux d’Angelica montrait les signes d’un profond trouble.
    — Tu sais bien à quoi je pense.
    Milkwort prit ses cheveux à deux mains et les resserra sur la nuque avec un bout de ficelle.
    — Nous sommes là, en pleine forêt, au milieu de l’hiver. Trois des nôtres sont malades et nous avons très peu de nourriture.
    Il lança un bâton dans les flammes.
    — Nous avons même oublié nos propres noms et nous cachons derrière ceux de plantes sauvages. Nous sommes des hors-la-loi, des pendards !
    Il se racla la gorge et cracha.
    — Mais je n’ai pas peur de la loi ; le shérif n’a cure de nous. Ce qui m’effraie, c’est l’hiver. Nous ne sommes même pas à la Noël et nous voilà

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