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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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vu un aigle tournoyer dans l’air. Le nid
doit être quelque part près du sommet, répondit le benjamin en levant les yeux.
    Bekter suivit le regard de son frère et grommela :
    — Ce devait être un faucon.
    — C’était un aigle ! vagit Temüge, cramoisi. Roux
foncé, et plus grand que n’importe quel faucon !
    Bekter choisit le moment pour cracher un jet de morve
laiteuse sur le sol et lâcha :
    — Peut-être. Je le saurai quand j’aurai trouvé le nid.
    Temüdjin aurait peut-être relevé le défi mais Kachium, las de
leurs chamailleries, passa devant eux et dénoua la ceinture de tissu qui
maintenait fermé son deel matelassé. Il laissa le manteau choir, révélant
une tunique à manches courtes et des jambières de lin, et assura ses premières
prises sur le rocher. Le cuir souple de ses bottes y adhérait presque autant
que des pieds nus. Saisissant l’intérêt de se débarrasser de leurs vêtements
lourds, les autres se dévêtirent comme lui.
    Temüdjin fit vingt pas le long de la base du rocher avant de
découvrir un autre endroit où commencer l’escalade, cracha dans ses mains et
empoigna la roche. Tout excité, Khasar lança ses rênes à Temüge d’un geste
brusque qui fit sursauter le garçonnet. Bekter trouva lui aussi son point de
départ, glissa ses pieds et ses mains puissantes dans des anfractuosités et se
hissa avec un grognement.
    En quelques instants, Temüge se retrouva à nouveau seul. Il
se sentit malheureux et eut bientôt mal au cou à force de regarder les
silhouettes des grimpeurs. Lorsqu’elles furent à peine plus grosses que des
araignées, son estomac se rappela à lui. Après un ultime coup d’œil à ses
frères plus énergiques, il alla voler une pleine ventrée de lait à la jument de
Bekter. Il y a aussi des avantages à être le dernier, venait-il de découvrir.
     
     
    Au bout d’une trentaine de mètres, Temüdjin prit conscience
qu’il était assez haut pour qu’une chute le tue. Par-dessus sa respiration
haletante, il s’efforça d’entendre ses frères mais ne perçut aucun bruit et ne
les vit pas non plus. Agrippé à la paroi par les extrémités de ses doigts et de
ses bottes, il se penchait en arrière du plus qu’il pouvait pour déceler un
chemin vers le sommet. L’air semblait plus froid et le ciel, au-dessus de lui, était
d’une clarté absolue, sans un nuage pour gâcher l’impression de grimper vers
une coupe bleue. De petits lézards fuyaient ses doigts fureteurs et il faillit
lâcher prise quand l’un d’eux, pris au piège, se tortilla sous sa main. Lorsque
son cœur eut cessé de battre follement, Temüdjin poussa le corps écrasé de la
corniche où l’animal somnolait au soleil et le vit tourner dans le vent en
tombant.
    Il surprit Temüge, tout en bas, en train de tirer sur les
tétines de la jument de Bekter et espéra qu’il aurait l’intelligence de ne pas
vider la mamelle. Bekter le rosserait s’il découvrait qu’il n’y avait plus de
lait et le garçonnet vorace le mériterait probablement.
    Le soleil cuisait la nuque de Temüdjin qui sentit une coulée
de sueur toucher ses cils. Clignant des yeux, il secoua la tête, suspendu par
ses seules mains tandis que ses pieds cherchaient un autre appui. Temüge
causerait peut-être la mort de l’un d’eux avec son histoire d’aigle, mais il
était trop tard pour avoir des doutes. D’ailleurs, Temüdjin n’était même pas
sûr de pouvoir redescendre. Il fallait qu’il trouve un endroit où se reposer s’il
ne voulait pas tomber.
    Le sang gargouillant dans son estomac lui rappela la force
qu’il lui donnait et lui fit lâcher un rot à l’odeur amère. Temüdjin serra les
dents en se hissant plus haut. Il sentit le ver de la peur dans son ventre et
cela le rendit furieux. Il ne devait pas avoir peur. Il était un fils de
Yesugei, un Loup. Il serait khan un jour. Il n’aurait pas peur et il ne
tomberait pas. Il se murmura ces mots en continuant à grimper, tâchant de
rester près de la roche pour résister au vent qui avait forci et le cinglait. Songer
à l’irritation de Bekter s’il arrivait en haut avant lui le soutenait aussi.
    L’estomac révulsé par une rafale soudaine, il eut l’impression
qu’il allait être arraché à la roche et qu’il s’écraserait par terre près de Temüge.
Il s’aperçut que ses doigts tremblaient à chaque nouvelle prise, premier signe
de faiblesse, mais il puisa des forces dans sa colère et poursuivit

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