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Le Lys Et La Pourpre

Le Lys Et La Pourpre

Titel: Le Lys Et La Pourpre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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n’avais d’ailleurs pas tué un seul, me
remirent dans l’estime de l’écuyer et moi je le remis dans sa mission qui était
de trouver la chasse du roi.
    — Cherchons plus avant, dis-je d’un ton sans réplique.
    Il obéit et bien fit-il, car lorsqu’enfin on ouït la voix
des chiens, c’était dans la direction opposée à celle qu’il m’avait tout
d’abord désignée. J’en conclus que l’écuyer ne méritait peut-être pas le prix
que j’avais payé pour le persuader de mon amitié et qu’il était moins anxieux
d’assurer sa mission que de n’être pas compromis.
    Je l’obligeai toutefois d’avancer vers les abois jusqu’à ce
que je pusse apercevoir les cavaliers galopant entre les arbres, et lui donnai
alors son congé. Il repartit comme lièvre, ventre à terre. Chose curieuse, sa
frayeur panique d’encourir la colère du roi, loin d’augmenter mes
appréhensions, m’aida plutôt à les surmonter.
    Il me fut assez facile de rattraper le gros des cavaliers,
mon Accla étant si fougueuse. Mais une fois que je fus parmi eux, il me devint
difficile de les dépasser, chacun ayant à cœur d’approcher au plus près le roi
et d’aucuns même obstruant tout exprès le chemin en galopant alternativement à
droite et à gauche pour empêcher quiconque de les dépasser. Fort heureusement,
le train se ralentit au bout d’un moment, sans doute parce que le roi avait mis
pied à terre pour achever le marcassin aux abois et j’en profitai, sans
vergogne aucune (tout harcelé que je fusse de dextre et de senestre, et l’objet
de furieux regards), pour dépasser tous les cavaliers qui étaient là, et m’approchai
de l’endroit où Louis avait démonté. Et démontant à mon tour, je me rapprochai
de lui, le chef découvert, d’un pas respectueux, alors qu’ayant donné du
couteau dans le marcassin, et celui-ci abandonné aux chiens, il se retournait
pour se mettre en selle de nouveau. Il m’aperçut, et tout soudain rougit et
rugit de colère.
    — D’Orbieu ! Que faites-vous céans ? Quelle
insolence ! Ne vous suffit-il pas d’être le seul gentilhomme de la Cour à
ne pas aimer la chasse ? Faut-il encore que vous troubliez la mienne ?
    Je mis un genou à terre et, la tête baissée, j’étais l’image
même du remords, alors que je n’étais en mon for pas du tout repentant et, bien
au contraire, assez indigné de l’accueil que j’avais reçu en public, car il
avait hurlé ces reproches et je lui dis à voix basse :
    — Sire, je vous présente mes plus humbles excuses.
Seule la nécessité m’a contraint à violer le protocole. Je vous apporte une
nouvelle de la plus grande conséquence.
    — Je ne vous écoute pas ! cria Louis d’une voix
très irritée.
    Toutefois, loin de me tourner le dos, il s’approcha de moi,
fort sourcillant et gardant son apparence furieuse, mais l’œil néanmoins
perçant et attentif.
    — Sire, dis-je à voix basse, il s’agit d’un nouvel
attentement contre la même personne.
    — Je ne vous écoute pas ! cria Louis du ton le
plus vif, en ajoutant aussitôt plus bas : Quand ? Et où ?
    — Dans l’après-dînée. Sur le chemin de Fleury en Bière
à Fontainebleau. Deux seigneurs qui vous sont proches par le sang, sinon par le
cœur, ont organisé ce guet-apens.
    — Schomberg ! cria le roi, approchez !
    Schomberg démonta, jeta ses rênes à son écuyer et s’approcha
quasi courant.
    — Plus près ! dit Louis.
    Et Schomberg approchant du roi quasi tête contre tête, le
roi lui dit à voix basse :
    — Prenez avec vous soixante gardes à cheval et
amenez-les incontinent à Fleury en Bière. Je vous enverrai en renfort autant de
gentilshommes. Cette escorte ne doit plus quitter le cardinal.
    Puis, il recula d’un pas, et parlant d’une voix forte, il
dit :
    — Mon cousin, accompagnez Monsieur d’Orbieu en son
logis où il sera vingt-quatre heures consigné, sous bonne garde, pour avoir
troublé ma chasse sans raison valable.
    Bien que j’entendisse bien que ma disgrâce n’était
qu’apparente, je n’eus aucun mal à prendre l’air affligé qui convenait à mon
prédicament car cette affliction, je ne l’éprouvais que trop, me sentant encore
fort blessé de cette violente algarade d’un maître que j’avais servi depuis
tant d’années et avec tant de fidélité et d’amour et qui s’était trouvé à deux
doigts de m’exiler de sa présence pour ce que j’avais « troublé sa
chasse ». Tête

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