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Le marchand de mort

Le marchand de mort

Titel: Le marchand de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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voies, quoi que tu entendes, quoi que tu ressentes, les morts sont auprès de Dieu. Si tu dois craindre quelque chose, crains les vivants. » Kathryn prit une inspiration sifflante et jeta un regard à Luberon qui, mal à l’aise, passait d’un pied sur l’autre.
    — On vous a appelé ici ce matin, n’est-ce pas, Maître Simon ?
    Le petit clerc hocha la tête.
    — En effet, Standon a tout de suite envoyé un messager au Guildhall.
    — Et j’ai monté la garde jusqu’à son arrivée, ajouta le sergent. L’aubergiste et ses gens sont entrés dans la chambre, mais rien n’y a été touché.
    Kathryn regarda le clerc.
    — Est-ce vrai, Maître Simon ?
    Luberon hocha la tête.
    — Dans ce cas, reprit Kathryn, retournons dans la salle d’auberge.
    Elle eut un sourire conciliant.
    — Maître Smithler, dit-elle, j’ai marché dans la neige et le froid, j’ai les pieds gelés et le ventre vide. J’apprécierais de manger quelque chose de chaud.
    — Qui paiera ? demanda Smithler avec mauvaise humeur.
    — Moi, répondit Luberon. Pour tout ce qui sera consommé ici à cause de cette affaire, envoyez votre note au Guildhall avec les reçus. Maîtresse Swinbrooke, vous vouliez dire autre chose ?
    — Lorsque nous aurons mangé, peut-être les clients pourront-ils nous rejoindre ? J’ai besoin de leur parler. Vous en convenez, Maître Murtagh ?
    L’Irlandais qui s’était assis sur le lit, les yeux lourds, réagit aussitôt.
    — Bien sûr. Àprésent, si on pouvait nous laisser un moment…
    Kathryn recula et attendit que tout le monde soit sorti.
    — Quelle sale histoire ! grommela Colum.
    Il se dressa et tira le drap sur le cadavre pour le dissimuler complètement.
    — Kathryn, reprit-il, cette affaire ne concerne pas le Guildhall mais le roi. Il va me demander des comptes, il voudra qu’on découvre le meurtrier, et plus encore, il exigera qu’on retrouve l’argent.
    Kathryn se retourna pour lui faire face.
    — Et moi j’ai des comptes à vous demander, Irlandais. Vous avez un jour de retard. Vous partez courir le Weald du Kent, une tempête de neige se lève brutalement et vous disparaissez. Or voilà que vous revenez comme si vous étiez parti jouer avec les canards de la Stour.
    Colum eut un sourire malicieux. Il aimait quand les yeux de Kathryn lançaient des éclairs et que ses joues s’enflammaient. Il regarda ses cheveux noirs à peine grisonnants aux tempes, qui dépassaient de son voile, vit la tension dans son regard et dans son maintien, le gracieux menton maintenant légèrement pointé et les mains crispées.
    — Ainsi je vous ai manqué, Kathryn ?
    — Si vous le dites encore, je vais vous jeter quelque chose à la tête, et cette fois, je ne vous manquerai pas, Irlandais.
    Colum allait ouvrir la bouche pour la taquiner, mais il vit la lueur d’avertissement dans ses yeux. Si elle était habituellement calme et sereine, Kathryn avait un caractère vif et une langue caustique aussi. Il avança pour lui prendre les mains.
    — C’est bon, c’est bon. Écoutez-moi, Kathryn. J’ai quitté Chilham…
    Kathryn lui retira ses mains.
    — Cela, je l’ai compris.
    — À un croisement en dehors du village, reprit Colum, Frenland, le palefrenier qui m’accompagnait, est brusquement descendu de la charrette et s’est enfui.
    De stupeur, Kathryn resta bouche bée.
    — Il a simplement sauté de voiture pour disparaître dans la campagne au milieu de la tempête de neige ?
    Colum hocha la tête.
    — Je sais, Kathryn. L’homme devait être sot ou il a été pris de panique. J’ai déjà vu cela : il y a sept ans, à la bataille de Towton, certains soldats du roi avaient plus peur du blizzard que de l’ennemi.
    — Mais vous disiez que c’était un homme sur qui l’on pouvait compter…
    — Comme le dit Chaucer : « Dans sa rage, j’ai vu scintiller la folie ». Tout est possible.
    — « Votre entendement n’est pas bien convaincant », répliqua Kathryn d’un ton cassant.
    — Qui a dit cela ?
    — Relisez Chaucer. C’est dans « Le conte du Marchand ». Vous avez perdu un de vos hommes, Colum. Les gens vont poser des questions. Je me rappelle Frenland, il était petit avec des cheveux noirs. N’avait-il pas une femme à Kingsmead ? Colum opina du chef.
    — Si. Il faut que je la prévienne.
    — Que s’est-il passé après ?
    — J’ai continué ma route. La nuit tombait, le blizzard augmentait, et, tout autour, j’entendais

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