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Le marchand de mort

Le marchand de mort

Titel: Le marchand de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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feuille. Je l’ai pris dans ma chambre où je l’ai fait asseoir, et je lui ai donné une coupe de bon vin fort de Bordeaux, de ma bouteille.
    Sir Gervase lissa ses moustaches.
    — Le bougre disait qu’il avait vu une apparition, une femme vêtue de blanc, au visage verdâtre, avec des yeux noir et rouge scintillant comme des charbons ardents. Elle se tenait au pied de son lit et le fixait.
    Kathryn observa le vieillard avec curiosité, puis elle promena son regard sur les gens assemblés.
    Elle n’était pas à l’aise. Tout le monde paraissait si calme, si assuré ! Nul ne semblait réaliser que l’un d’entre eux pouvait être coupable de trahison et mourir de mort atroce. Et voilà que ce vieux chevalier racontait son histoire comme s’il y croyait. Pourtant, comment Erpingham aurait-il vu un fantôme ? Kathryn se leva pour détendre ses muscles fatigués.
    — Pardon de vous interrompre, Sir Gervase, êtes-vous sûr de ce que vous avancez ?
    — Évidemment ! Je ne suis pas un fichu menteur ! Je suis chevalier des comtés centraux, et j’ai servi dans des commissions royales, moi aussi. J’étais en France avec Talbot, et je déteste ces mangeurs de grenouilles. Ce sont des freluquets, tous tant qu’ils sont. J’ai vu des choses qui vous glaceraient le sang, Maîtresse Swinbrooke. Mais interrogez-le…
    Il désignait Standon qui, assis, tripotait la boucle de son ceinturon.
    — … il nous a rejoints.
    — C’est la vérité, corrobora le soldat. Je dormais au pied de l’escalier. J’ai entendu les cris et les portes qui s’ouvraient.
    Il haussa les épaules.
    — On ne peut pas ne pas les entendre tant elles craquent. Quoi qu’il en soit, je monte et je vois Erpingham avec Sir Gervase. Il est blême, en sueur, et souffle comme s’il allait exploser. On aurait dit qu’il venait de nager.
    — Je l’ai entendu aussi, intervint Smithler, notre chambre se trouve au bout de la même galerie.
    Il porta son regard sur les Murville.
    — Vous également ?
    Le mari et la femme en convinrent, et Kathryn sourit au vieux chevalier.
    — Je vous en prie, poursuivez, Sir Gervase.
    — J’ai calmé Erpingham et il a bu le vin de Bordeaux. Je lui ai dit que la lumière lui avait joué des tours. Ou que peut-être quelque chose dans la sauce de la veille l’avait dérangé.
    Le vieux chevalier accompagna cette dernière phrase d’un sourire ironique à l’adresse de l’aubergiste, puis conclut :
    — Je lui ai donné une serviette pour qu’il se sèche, et je l’ai reconduit dans sa chambre.
    — Je les ai accompagnés, dit Standon.
    — Et alors ? demanda Colum.
    — Il n’y avait rien, sinon une odeur infecte : son vase de nuit était plein comme s’il avait vomi ou souffert de dysenterie.
    — C’est ce que vos valets ont trouvé le lendemain matin ? demanda Kathryn à l’aubergiste.
    — Oui. Quand les clients sont descendus déjeuner, les valets ont vidé les vases de nuit. L’un d’eux a dit que la chambre puait comme une fosse d’aisances.
    Kathryn hocha la tête, fixant le feu.
    — Que pensez-vous, Maîtresse Swinbrooke ? demanda Colum.
    — Je suis médecin, répliqua Kathryn, je traite les affections et les maux qu’elles entraînent, les déséquilibres des humeurs du corps. Cependant je suis d’accord avec Sir Gervase : cette nuit-là, quelque chose a pu terrifier Erpingham, l’épouvanter au point qu’il perde le contrôle de ses boyaux, de sa vessie et de son estomac.
    La jeune femme regarda le petit clerc aux allures de souris.
    — Maître Vavasour, la nuit où il a vu cette apparition, votre maître avait-il beaucoup bu ?
    — Oh, non ! dit le petit homme d’une voix suraiguë.
    Il évoquait de plus en plus un lapin affolé, avec son nez qu’il plissait sans arrêt et ses dents en avant. S’il avait pu, il aurait aussi remué les oreilles, Kathryn en était sûre.
    — Oh, non ! répéta-t-il. Maître Erpingham aimait le vin, mais il était plutôt sobre et se contentait de deux ou trois coupes tout au plus. N’est-ce pas, Standon ?
    — C’est vrai, admit le sergent, et il a mangé la même chose que nous. De l’oie rôtie, tendre et bien cuisinée, nappée d’une sauce au persil.
    — Et le lendemain, le jour de sa mort  ? interrogea Kathryn.
    Sir Gervase, qui semblait se considérer comme le chef du groupe, répondit :
    — Eh bien, le matin, il paraissait légèrement honteux. En tremblotant, il a déjeuné de pain et

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