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Le marchand de mort

Le marchand de mort

Titel: Le marchand de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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soir avant son cauchemar, Smithler m’a fait passer le gobelet de vin d’Erpingham. J’y ai mis quelques grains de poison. Si je l’avais voulu, je l’aurais tué, mais je savais que son sommeil serait troublé et j’espérais qu’il y verrait une prémonition. Je l’avais pris à part pour le raisonner, mais il avait ri, aussi étais-je content lorsque j’ai entendu combien il avait eu peur. J’avais l’intention de lui parler plus tard, pour lui dire qu’il s’agissait d’un avertissement de Dieu.
    Il eut un mince sourire à l’adresse de Kathryn.
    — Mais il semble que Dieu soit intervenu avant.
    Le prêtre avança d’un pas vers la jeune femme.
    — Je ne voulais pas la mort d’Erpingham, dit-il doucement, je voulais le punir, oui !
    Kathryn prit son manteau posé sur un tabouret et elle l’enfila tout en souriant au prêtre.
    Eh bien, vous l’expliquerez aux autres, mon père.
    L’affaire est conclue. La justice de Dieu a été rendue, et celle du roi aussi. Sir Reginald Erpingham ne se rendra plus jamais dans votre village, harceler vos paroissiens et abuser de certains.
    Elle gagna le couloir, suivie de Colum.
    — Monsie ur ! Monsieur !
    C’était Raston qui arrivait en courant derrière eux.
    — Que va devenir l’auberge ?
    — Eh bien, Maître Raston, répliqua Colum, vous la tiendrez jusqu’à ce que le roi ait pris sa décision.
    Il serra les mains du vieil homme.
    — Attention en braconnant, surtout par ces nuits froides et noires de l’hiver. Je mentionnerai le service que vous avez rendu, aussi vous pourrez jouir longtemps de votre récompense.
    Colum et Kathryn firent leurs adieux à Luberon, et sortirent dans la nuit glacée. Ils remontèrent les capuchons de leurs manteaux, se cachant le visage. Colum passa son bras sous celui de Kathryn. Une fois loin de la taverne, dans la ruelle qui menait à la ville, Kathryn s’arrêta pour regarder le ciel scintillant d’étoiles.
    — À votre avis, Irlandais, neigera-t-il avant Noël ?
    Colum fit la grimace.
    — En Irlande, nous avons un dicton : S’il neige avant Noël, l’hiver sera long et rigoureux. Quel que soit le temps, Kathryn, nous profiterons de la fête.
    — C’est Wuf qui va être content de son massepain, demain, murmura Kathryn.
    — Oui, soupira Colum, c’est un bon gamin. Il peut venir à Kingsmead avec moi.
    Il jeta un regard à Kathryn :
    — Vous avez été très bien.
    — Peut-être, répliqua-t-elle, mais tout n’aurait-il pu être évité ? Si Alisoun Blunt avait été une bonne et honorable épouse ? Si les Smithler n’avaient pas été aussi cupides, et si Erpingham n’avait pas été corrompu à ce point ?
    — Pour citer le Pardonneur, commença Colum, « Le Diable les trouva dans un tel état d’iniquité qu’il laissa libre cours à sa rage pour les consumer ».
    Kathryn se mit à rire et, serrant le bras de l’Irlandais, reprit sa marche.
    — Je viens de trouver ce que je vous achèterai pour Noël, Irlandais.
    — Qu’est-ce ?
    Kathryn eut un sourire malicieux.
    — De quoi vous aider à compter au-delà de cinquante !

NOTE DE L’AUTEUR
    L’usage de drogues hallucinogènes était courant au Moyen Âge, et l’on consignait soigneusement les effets étranges de la belladone et autres préparations à base de plantes. De nombreux auteurs admettent aujourd’hui que les visions de celles que l’on appelait les sorcières n’étaient pas sans liens avec ces drogues. De l’ait, le mot « assassin » est une déformation de « hachichin », nom des membres d’une secte ismaélienne du XI’siècle, dont on a pu dire qu’ils s’adonnaient au haschisch avant de perpétrer des crimes auxquels les poussait leur drogue.
    Dans l’Angleterre médiévale  au moins, on détestait habituellement les collecteurs d’impôts, et leurs agissements indignes étaient source de plainte constante de la part du Parlement. De temps en temps, on les attaquait, physiquement autant que verbalement, et leurs pratiques malhonnêtes étaient toujours en cause dans les soulèvements paysans, surtout aux XVe et XVIe siècles.
    Un mot sur les dialogues et les personnages. Certains concepts modernes et certains idiomes nous différencient du XVe siècle, mais une étude des lettres de Margaret Paston (morte en 1484) montre que les émotions et la manière de les exprimer n’étaient pas très différentes des nôtres. En vérité, je me suis inspiré de Margaret Paston pour

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