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Le marchand de mort

Le marchand de mort

Titel: Le marchand de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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augmenterait peut-être les profits en achetant un terrain pour y faire pousser davantage de plantes médicinales, et supprimer ainsi le revendeur. Elle s’appuya au comptoir dont elle caressa le bois poli. Comment s’organiserait-elle ? Elle avait ses patients, était médecin de la ville. Qui tiendrait la boutique ? Thomasina ? Agnes ? Colum ? Un sourire lui vint à l’évocation de l’Irlandais avec un tablier noué autour de la taille. En moins d’un mois, il aurait empoisonné tout le monde ! Et elle, devrait-elle continuer à exercer son métier de médecin ?
    — Vous rêvez tout éveillée, Kathryn ? Thomasina se tenait sur le seuil de la porte, les mains et les poignets enfarinés.
    — Je songeais au magasin. La vieille nourrice s’approcha.
    — Il marchera, dit-elle, mais vous ne pensiez pas à cela, n’est-ce pas ? C’est l’Irlandais qui vous occupait.
    Kathryn sourit.
    — Oui et non.
    La jeune femme s’appuya au comptoir.
    — Je me suis rendue à cette taverne, Thomasina. Il y a été perpétré un meurtre horrible dans une chambre de cauchemar. Découvrirons-nous le meurtrier ? Dieu seul le sait. Et il y a aussi un problème d’argent : celui des impôts royaux.
    Thomasina fit un bruit malséant avec la bouche.
    — Mais vois-tu, reprit Kathryn, à me tenir dans cette boutique, à écouter Wuf s’amuser et babiller, je me demandais si j’aimais ces confrontations sinistres, rusées, avec un assassin.
    — Vous n’êtes pas allée chez ce pauvre Blunt ? demanda la servante.
    — Non, nous le ferons peut-être après le souper. Tu pourrais m’aider, Thomasina.
    — Avec Blunt ?
    — Oui. Tu connais l’histoire : Blunt est rentré chez lui, et il a assassiné sa femme et deux jeunes gens qui folâtraient avec elle. L’un a tenté de fuir par la fenêtre, mais Blunt l’a touché avec une flèche et l’homme est tombé dans la rue, presque aux pieds de la veuve Gumple.
    — Doux Jésus ! gémit Thomasina. Faut-il la mêler à l’affaire ?
    — Je veux juste que tu lui demandes ce qui est arrivé exactement. Peux-tu faire cela pour moi ?
    La servante accepta.
    — Et l’Irlandais, Maîtresse ? Va-t-il passer l’hiver chez nous ?
    Kathryn tapota gentiment le nez de Thomasina.
    — Oui, et si Dieu est bon et qu’il n’en tient qu’à moi, l’hiver suivant aussi. À présent, allons-y. Si je ne me trompe, nos patients sont arrivés.
    Suivie de Thomasina qui bougonnait, Kathryn quitta à la hâte le magasin. Elle passa dans son cabinet d’écriture prendre ses herbes et son panier de petits pots, avant de retourner dans la cuisine.
    Dieu merci, il ne s’agissait que de maux sans gravité. Deux ou trois enfants avaient mal à la gorge. Kathryn leur prescrivit de la teinture d’origan. Mollyns le meunier se présenta aussi, se plaignant de douleurs à l’estomac.
    — Vous buvez trop de bière, maugréa Thomasina.
    — Taisez-vous ! brailla le meunier.
    Kathryn le fit calmer puis elle lui donna une infusion de thym, lui disant d’en prendre pendant une semaine, après souper, le matin et de nouveau à midi. Le meunier s’en fut en jetant un regard noir à Thomasina par-dessus son épaule.
    Les autres patients souffraient seulement de petits bobos. Hagar, la lavandière, avait glissé sur la glace et s’était écorché le poignet et le bras. Elle repartit avec de la teinture d’hamamélis, et remercia Kathryn avec effusion.
    Vint enfin Rawnose le mendiant, qui passait le plus clair de son temps dans les rues à écouter et colporter des rumeurs. Il souffrait d’engelures aux orteils et aux mains. Kathryn lui donna de la poudre de bourgeons de peuplier noir.
    — Je comprends que tu aies des engelures aux mains, marmotta-t-elle, mais tu as de bonnes bottes, et des chausses bien chaudes, Rawnose. Tiens, en voilà d’autres.
    Elle lui tendit une vieille paire qui appartenait à Colum et reprit :
    — Comment donc as-tu des engelures aux doigts de pied ?
    — Je ne sais pas, gémit Rawnose, son pauvre visage défiguré encore bleu de froid. Quand j’entre dans une taverne, je prends la meilleure place, près du foyer, souvent au coin du feu, et j’ôte mes mitaines, mes bottes et mes chausses, afin de me chauffer les mains et les pieds.
    Tout en lui remettant la poudre, Kathryn cria à Agnes d’apporter une coupe de vin chaud. Son père l’avait mise en garde contre les engelures, et tandis que Rawnose, reconnaissant, buvait le

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