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Le marchand de mort

Le marchand de mort

Titel: Le marchand de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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breuvage épicé, elle s’efforça de se rappeler ses paroles.
    — Ce n’est pas dangereux ? demanda Rawnose, indiquant avec méfiance le petit pot que Kathryn lui avait donné.
    — Oh non, murmura celle-ci, mais les engelures reviendront.
    Le mendiant dans ses haillons était sur le point de sortir quand la jeune femme se souvint, tout à coup.
    — Attends, Rawnose ! cria-t-elle. Tu dis que dans les tavernes tu te réchauffes tout de suite les mains et les pieds devant le feu ?
    L’homme gratta la cicatrice qui remplaçait son nez.
    — Eh oui, Maîtresse. On me laisse toujours entrer.
    Kathryn lui glissa une pièce de monnaie.
    — Désormais ne le fais plus. Si tu as les mains très froides et que tu les exposes aux flammes, la peau s’irrite, et une humeur dans le sang se coagule. Je ne sais pas pourquoi, acheva-t-elle en secouant la tête.
    — Mais je gèle, gémit-il.
    — Eh bien, essaie de te réchauffer par toi-même. Sèche et chauffe tes mains et tes pieds quelques minutes, et tu verras que tu n’auras plus d’engelures.
    Rawnose dévisagea ce puits de sagesse, béat d’admiration.
    — Vous êtes sûre, Maîtresse ?
    Il détourna les yeux et Kathryn surprit le regard d’envie qu’il jetait à la table.
    — Tu as faim, Rawnose ?
    Le mendiant se lécha les lèvres avec voracité.
    — Eh bien, reste à souper.
    Inutile de le lui répéter deux fois. Rawnose se débarrassa vivement de ses hardes et courut comme un lévrier jusqu’à un tabouret devant le feu.
    — Lave tes mains dégoûtantes ! vociféra Thomasina.
    Rawnose gagna l’arrière-cuisine où Wuf et Agnes l’aidèrent à bassiner ses pauvres doigts gercés. Colum descendit.
    — Allons, femme, gronda-t-il à l’adresse de Thomasina, mange ou tu seras mangée !
    Kathryn rangea ses pots et ses bandages, puis se lava les mains avant de prendre sa place face à Colum. Thomasina et Agnes servirent le repas, et Kathryn récita le bénédicite un peu trop vite parce que Rawnose écarquillait des yeux de plus en plus grands devant les miches de pain blanc, le plat de poulet odorant et celui de légumes cuits dans une sauce savoureuse.
    Thomasina et Agnes remplirent le bol de chacun ; Rawnose et Colum, imités par Wuf, dévorèrent comme s’il n’y avait pas de lendemain. Kathryn frappa sur la table avec sa cuiller en corne.
    — Les Grecs disaient qu’une bonne digestion est une purge naturelle. Wuf, mange lentement, essaie d’imiter les autres, ajouta-t-elle avec un clin d’oeil à Colum.
    Ce dernier posa son couteau.
    — Nous devons nous rendre chez Blunt.
    — Le pauvre homme ! s’interposa Rawnose, la bouche pleine de poulet.
    — Ferme la bouche quand tu manges ! aboya Thomasina.
    Rawnose obéit précipitamment.
    — Quelles sont les rumeurs à ce sujet ? demanda Kathryn.
    Rawnose s’éclaircit la gorge en haussant les épaules.
    — On dit que le printemps ne doit jamais épouser l’hiver. Blunt s’est pris d’une folle passion pour Alisoun. Il n’a écouté ni ses amis, ni sa vieille gouvernante, Emma Darryl.
    — De là à tuer deux hommes avec un arc, dit Agnes de sa petite voix flutée.
    — Il était maître archer, la coupa Thomasina. J’ai connu Richard Blunt jeune. Il arrivait des comtés centraux avec son propre-à-rien de fils et Emma, sa gouvernante.
    Elle regarda Kathryn.
    — Votre père l’aimait bien. À cette époque, Richard Blunt était un joyeux luron et un bon danseur. Il se joignait aux acteurs de pantomimes, pour la fête du mai. Il était sémillant, avait l’oeil vif.
    La servante abaissa les yeux sur le plat de légumes. Ils étaient tous disparus, ces gens de sa  jeunesse : ses maris, les enfants qu’ils lui avaient donnés, ses amis. Ils reposaient dans la tombe, et voilà que Blunt, avec son rire joyeux et son habileté, allait être pendu à cause d’une épouse qui n’était qu’une fille de rien.
    Thomasina garda la tête baissée. Les larmes lui piquaient les yeux, mais quand elle regarda Wuf, il l’observait, tout triste. Elle remua sur le banc, murmurant :
    — Pardon, parfois, le passé me revient. Que Dieu ait pitié de Richard Blunt ! Dites-moi, Kathryn, ajouta-t-elle pour changer rapidement de conversation, parlez-moi de l’affaire de la Taverne du Vannier .
    — J’en ai aussi entendu parler, gloussa Rawnose. Le vieil Erpingham est mort et bien mort.
    — Que pensez-vous des Smithler ? lui demanda Colum.
    Rawnose marmonna quelque

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