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Le marchand de mort

Le marchand de mort

Titel: Le marchand de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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l’escalier, il se serait endormi debout dans la cuisine.
    Wuf courut aussitôt à sa rencontre, brandissant une petite sculpture.
    — C’est moi qui l’ai faite ! clama-t-il. Colum m’a rapporté le bois, et Thomasina m’a donné les outils !
    Kathryn acquiesça à tout ce qu’il disait, la tête ailleurs, puis jeta les yeux sur la sculpture et vit ce que le gamin recueilli avait réalisé. Elle prit l’objet avec précaution et s’assit au pied de l’escalier.
    — Est-ce toi qui as fait cela, Wuf ?
    Le visage pâle du petit garçon rayonna de plaisir, son bonheur éclatant de son menton pointu à ses cheveux blonds ébouriffés.
    — Bien sûr. Au camp, les soldats m’ont appris à travailler le bois.
    Kathryn contempla avec admiration la scène de chasse qu’avait sculptée l’enfant : un cavalier à demi tourné sur sa selle sonnait du cor ; devant lui, un lévrier courait vers un buisson, où se dissimulait un renard à la tête joufflue. Kathryn leva les yeux.
    — Quel âge as-tu, Wuf ?
    Ignorant la question, l’enfant répondit :
    — Je suis ici depuis six mois. Cela suffit-il pour être votre fils ?
    Kathryn le serra dans ses bras et posa un baiser sur sa joue barbouillée.
    — Tu peux être tout ce que tu veux, Wuf : mon fils, mon frère, mon ami.
    — Votre mari aussi ?
    L’enfant porta vivement la main à ses lèvres pour s’exclamer :
    — Oh ! pardon, vous en avez déjà deux, pas vrai ?
    Kathryn rejeta la tête en arrière et éclata de rire.
    — Je n’en ai qu’un, Wuf, je te l’ai déjà expliqué, et ce que je ne t’ai pas dit, sans doute l’as-tu surpris en te cachant derrière la porte de la cuisine : Alexander Wyville est parti à la guerre et n’en est pas revenu.
    — Oh oui, et c’est un sale bâtard !
    — Wuf !
    — C’est ce qu’a dit Thomasina à l’Irlandais. Si Wyville revient, vous croyez que l’Irlandais le tuera ?
    — C’est toi que je vais tuer ! déclara une voix en haut de l’escalier.
    C’était Colum, le visage lourd de sommeil.
    — Non, vous ne me tuerez pas, s’écria Wuf en gambadant. Thomasina vous attrapera ! Oui, elle vous attrapera !
    — Regardez ce qu’a fait Wuf ! s’exclama Kathryn pour détourner la conversation. Colum descendit l’escalier et détailla l’objet.
    — C’est une miséricorde, fit-il, stupéfait. Vous savez, ces saillies sculptées qui ornent certaines stalles d’église.
    Il se glissa entre Kathryn et le mur pour s’asseoir sur l’escalier.
    — Quel âge as-tu, Wuf ? demanda-t-il à son tour.
    — Oh, j’allais justement le dire, répliqua le gamin. Un des soldats pensait que j’avais dépassé mon onzième été. Il était charpentier et il m’a appris à sculpter. Il disait qu’il fallait être…
    — Observateur, peut-être ? suggéra Kathryn.
    — C’est cela, oui. D’ailleurs, poursuivit Wuf, le souffle un peu court, c’est un présent pour vous, Kathryn. Cela vous plaît ?
    Avant même qu’elle ait pu le remercier, Wuf était parti d’un  bond et demandait à Agnes en glapissant si elle aussi voulait un cadeau. Kathryn se releva, lissant le dos de sa robe froissée.
    — Vous avez senti l’odeur de la nourriture, Irlandais ?
    — Si je ne mange pas sans attendre, murmura Colum, je vais dévorer Thomasina.
    — Vous n’en ferez pas qu’une bouchée, plaisanta Kathryn. Cependant, avant le souper, je dois m’occuper de mes patients.
    Colum se dirigea vers la cuisine voir ce qu’il pourrait mendier, et Kathryn gagna la vaste pièce sur le devant de la maison. Si Dieu le permettait, elle la transformerait bientôt en magasin. Colum avait  bien travaillé, constata-t-elle avec satisfaction. Le comptoir avait été refait en bois neuf, les étagères et les petits placards au mur étaient bien droits et cirés. Elle avait demandé une licence auprès de la guilde des marchands d’épices, et, quand les routes seraient débloquées, les denrées qu’elle avait commandées à Londres arriveraient. L’exaltation lui chatouilla l’estomac : Kathryn ne se contenterait pas de vendre les herbes et simples de son jardin, elle en ferait venir de l’étranger : mélisse, hysope, mousse d’Islande, cannelle, myrrhe et aloès.
    — Pourvu que ce soit un succès, murmura la jeune femme, levant les yeux sur la roue transformée en chandelier, suspendue aux chevrons par sa poulie.
    Le magasin serait une nouvelle source de revenus. Kathryn en

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