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Le marchand de mort

Le marchand de mort

Titel: Le marchand de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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sordides.
    — Il faut que vous nous excusiez, Maître Luberon, déclara Kathryn d’une voix ferme. Allez à la maison d’Erpingham, dans St Alphag e’ s Lane, et assurez-vous que les portes sont bien fermées en attendant que nous nous y rendions tous.
    — Et Blunt ? insista Luberon. Il faut que je fasse un rapport pour le Conseil.
    Kathryn saisit sa main grassouillette pour la serrer avec affection.
    — Voyons, Simon, presque tous les membres du Conseil sont calfeutrés chez eux, emmitouflés dans des couvertures au coin du feu. Blunt a été arrêté, l’affaire attendra un peu.
    Elle sourit avant de poursuivre :
    — Sinon le commissaire du roi à Cantorbéry et son médecin vont tomber malades.
    Luberon accepta à regret, et les raccompagna, morose, jusqu’à Castle Row, puis Westgate. Il les reverrait plus tard, dit-il en s’éloignant vers la Grand-Rue, marmonnant dans sa barbe que le service public n’attendait pas et qu’il fallait tout faire tout de suite.
    Kathryn le regarda partir, puis ses yeux se portèrent avec envie sur Hill Lane, où maisons et boutiques étaient toujours fermées. Seuls de rares enfants jouaient dans les rues, leurs cris retentissant dans l’air froid.
    — Eh bien ? dit Colum. Vais-je trouver un bon feu et une bonne chère ?
    — Accompagnez-moi un instant.
    L’Irlandais donna un coup de pied dans la neige sale.
    — Il faut que je rentre dormir, sinon je vais m’allonger ici même jusqu’à ce qu’une brave femme ait pitié de moi.
    Kathryn jeta un regard pensif à la flèche de l’église Sainte-Mildred, qu’elle indiqua à son compagnon ,
    — J’aimerais m’y arrêter. Mon père est enterré dans le transept, devant la chapelle de Notre-Dame.
    — Vous pouvez y aller une autre fois, Kathryn. L’interpellée secoua la tête.
    — Non. J’y suis passée il y a deux jours et j’ai vu Richard Blunt qui peignait sur le mur des scènes magnifiques, merveilleusement colorées. Il était avec son fils. Je veux les regarder de nouveau pour comprendre comment un homme capable de représenter tant de beauté a pu quitter la maison de Dieu, marcher dans les rues de Cantorbéry, et tuer de sang-froid sa femme et deux jeunes gens.
    Colum se mordilla la lèvre. Il connaissait l’obstination de Kathryn. Elle ne renonçait jamais à ce qu’elle avait décidé de faire. Lui pourtant sentait ses jambes trembler de froid. Il saisit sa main et glissa son bras sous le sien pour tourner en direction d’Ottemelle Lane.
    — Écoutez, dit-il, remplissez ma panse de la nourriture préparée par Thomasina, laissez-moi dormir quelques heures, et je vous suivrai jusqu’à Byzance.
    Kathryn sourit.
    — Une proposition pareille ne se refuse pas !

CHAPITRE V
    À la Taverne du Vannier , le père Ealdred regagna sa chambre, y prit son petit flacon d’huile sainte et se rendit auprès du défunt.
    — Que faites-vous ici, mon père ? demanda Standon adossé au chambranle de la porte.
    Ealdred regarda la pièce plongée dans l’obscurité.
    — Il fait si sombre ici, chuchota-t-il. Dites-moi, Standon, croyez-vous qu’une maison ou une chambre puissent être hantées ?
    Standon se contenta de hausser les épaules.
    — Eh bien, je vais bénir Sir Reginald Erpingham, déclara le prêtre. Il est mort sans confession, mais son âme est peut-être encore dans les limbes, entre ciel et terre, attendant le jugement.
    — Si vous voulez mon avis, grommela Standon, le salaud brûle depuis longtemps dans les flammes dévorantes de l’enfer.
    Sans répondre, Ealdred pénétra dans la chambre où il écarta les rideaux du lit ; il abaissa les yeux sur le drap qui recouvrait le corps d’Erpingham, se rappelant les paroles de son évêque : « Nous ignorons ce que fait l’âme après la mort. Que le coeur cesse de battre, que le sang s’arrête de circuler dans les veines, ne signifient pas que l’âme soit retournée à son créateur. »
    Ealdred souleva le drap et s’agenouilla près du lit. Ses secrets lui donnaient mauvaise conscience. Il n’avait pas dit toute la vérité à l’Irlandais et à Maîtresse Swinbrooke, pourtant il se préparait à absoudre cet homme malfaisant. Il avala sa salive et murmura les paroles rituelles :
    — Moi, Ealdred, prêtre de la paroisse Saint-Swithin, par les mérites infinis de la passion et de la mort du Christ, je t’absous de tous tes péchés quand, à l’heure de ta mort, la damnation éternelle te guette.
    Dans la

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