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Le marchand de mort

Le marchand de mort

Titel: Le marchand de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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dans la même chambre.
    — Croyez-vous que notre collecteur d’impôts était au courant de cette histoire ? demanda Colum.
    — Peut-être, dit Kathryn. Erpingham était un sinistre individu, mais c’était un juriste et un lettré. Il a pu lire le même manuscrit que Maître Luberon.
    — Et le fantôme ? demanda encore Colum. Non, ne vous moquez pas de moi, Kathryn. C’est vrai, je suis irlandais, et on m’a nourri d’histoires et de légendes de morts-vivants et de fées.
    Colum détourna les yeux.
    — Mais parfois ces histoires…
    — Quelles histoires ? s’écria Wuf.
    Avant que Kathryn ait pu l’en empêcher, Colum avait repris :
    — Autrefois, j’habitais un village où vivait une vieille femme méchante. Un soir semblable à celui-ci, beaucoup de neige était tombée, et voilà qu’elle frappe à la porte de chez nous.
    — Moi, je n’aurais pas eu peur, assura Wuf.
    — Eh bien moi si, et quand je suis allé informer mon père que cette sorcière frappait, il a été terrifié, lui aussi, et il a pâli. Il a couru à la porte, l’a ouverte, mais la vieille commère avait disparu.
    — Pourquoi votre père a-t-il eu peur ? s’étonna Kathryn.
    — Parce que, répondit Colum d’une voix sépulcrale, cette femme était morte plus tôt, le même jour. Moi, je ne voulais pas croire mon père, parce que je l’avais vue. Mais il me montra la neige vierge, et bien sûr les démons et les fantômes ne laissent pas d’empreintes.
    — Ce sont des bêtises ! tonna Thomasina.
    — Je ne sais pas, murmura Colum. Parfois, ces choses-là se produisent. Mais dites-moi, qu’avez-vous découvert d’autre, Maître Luberon ?
    — J’ai trouvé la maison de Sir Reginald dans St Alphag e’ s Lane.
    — Et alors ?
    — Elle était fermée, barricadée, verrouillée. Il sera intéressant d’aller y faire un tour au matin.
    Luberon but une nouvelle gorgée de vin.
    — Je n’ai rien découvert d’autre sur Erpingham, mais les archives de la ville m’ont beaucoup appris sur Maître Blunt. Il semblerait qu’il ait menti.
    — En quoi ? demanda Kathryn.
    — La rumeur veut qu’il soit arrivé du comté de Warwick avec sa gouvernante Emma Darryl, et Peter, le fils simple d’esprit que lui avait donné sa première épouse, reprit le clerc.
    — Et alors ? le poussa Kathryn.
    — Eh bien, quand Blunt a demandé les nouvelles à l’un de ses geôliers, ce dernier a parlé du bruit qui courait sur la mort d’Erpingham à la Taverne du Vannier . Ce qu’entendant, Blunt a éclaté de rire : un rire presque frénétique, au point qu’il crachait, s’étouffait, si bien que le gardien a cru qu’ilsouffrait d’une attaque d’apoplexie. Il lui a demandé ce qu’il trouvait de si amusant, et Blunt lui a avoué – nouvelle incroyable – qu’il connaissait très bien Maître Erpingham.
    Luberon ferma les yeux pour mettre de l’ordre dans ses pensées. Sa course dans la neige l’avait fatigué, et il avait sommeil après ce bon repas.
    — En vérité, reprit-il, Blunt a expliqué comment, des années plus tôt, Erpingham avait essayé d’avoir sa tête.
    — Avoir sa tête ? répéta Colum. C’est l’expression utilisée pour abattre un proscrit. Oui, Wuf, on appelle un proscrit une tête de loup parce que, comme un loup, on peut le tuer à vue.
    — J’y ai pensé, poursuivit Luberon, aussi ai-je consulté les archives de la ville, et j’ai découvert que, dans ses jeunes années, Erpingham avait été agent royal, verdier dans le Weald du Kent. Il avait pour mission de traquer les proscrits, et en particulier Blunt.
    Kathryn se prit le menton dans les mains, fixant Colum.
    — Pensez-vous qu’il y ait un lien entre ces meurtres ? demanda-t-elle.
    Colum se leva et repoussa son siège.
    — Comme le dit le proverbe, tous les chemins mènent à Rome.
    — Tiens, s’exclama Kathryn, pour une fois vous ne citez pas Chaucer ?
    — Je peux, si vous voulez, plaisanta l’Irlandais en retour. « Satan qui attend toujours les mortels pour les séduire. » Eh bien, il a certainement fait en sorte que je sois séduit. Allons-y maintenant, Maître Luberon, Maîtresse Kathryn, la journée n’est pas encore finie. Il faut nous rendre chez Blunt. Ne perdons pas de temps.
    Kathryn prit son manteau et troqua ses chaussons contre des bottes doublées de laine. Elle donna ensuite ses ordres à Thomasina et ordonna à Wuf d’être sage. Puis, escortée de Colum et de

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