Le Maréchal Jourdan
n’avait fait qu’y grandir.
L’obsession du comité était la libération complète du territoire national et la
reconquête des places perdues depuis un an qui se trouvaient au nombre de quatre :
Condé, Valenciennes, Le Quesnoy et Landrecies. Ce fut en vain que Jourdan tenta de démontrer
que l’écrasement de l’armée autrichienne entraînerait automatiquement la
récupération des quatre villes encore occupées. Le comité ne voulut rien entendre et alla
jusqu’à prendre un décret stipulant que si les garnisons des quatre places ne se
rendaient pas dans les vingt-quatre heures, elles seraient passées par les armes !
Seul le gouverneur de Landrecies y crut et capitula sur-le-champ. Les trois autres résistèrent
encore quelques semaines et ne hissèrent le drapeau blanc qu’entre le 16 et le
27 août. Au demeurant, ce fameux décret qui avait provoqué l’indignation
des généraux français ne fut jamais appliqué.
Cependant, Jourdan qui voyait sa poursuite retardée de jour en jour trépignait
d’impatience.
Le Comité de salut public, de son côté, commençait à réaliser son erreur de conception.
Toutefois, il trouvait que l’offensive de Jourdan en direction du Rhin avait un
caractère hasardeux, car il allait conserver une menace sur son flanc gauche sous la forme de
l’armée du prince d’Orange qui s’était replié à
l’abri des forteresses de la Flandre hollandaise.
Pour sa part, Jourdan estimait que l’armée de Pichegru, même après sa malheureuse
campagne de prtitemps, était tout à fait capable de masquer et même de battre les forces
hollandaises. Il le souligna dans une lettre au comité qui l’admit et, dès lors,
l’autorisa à reprendre sa marche vers le Rhin.
Il n’avait pas attendu cet accord ; dès ce moment, les généraux
commençaient à prendre des libertés avec le pouvoir civil. Le 16 juillet, six jours
après son entrée à Bruxelles, il avait enlevé Namur et infligé une nouvelle défaite à
l’armée autrichienne au lieudit « de la montagne de fer »
devant Louvain. Cette nouvelle victoire allait, un peu moins d’une semaine plus
tard, lui livrer Liège. Ce fut le dernier affrontement entre Jourdan et Cobourg. À la suite de
cette nouvelle défaite, et quoique par sa manoeuvre en retraite il eût conservé son
armée à peu près titacte, le prince fut relevé de son commandement et remplacé par Clerfayt qui
était loin d’avoir les mêmes qualités en tant que général en chef. Médiocre, timoré,
indécis, il se laissera manoeuvrer par Jourdan sans véritablement réagir, encore
qu’il en eut les moyens. Mais Clerfayt bénéficiera d’un répit
d’un mois et demi, Jourdan étant alors retenu par le siège des quatre places
françaises. Ce délai allait tout de même permettre à Pichegru de réaliser sa partie du
programme en atteignant l’embouchure de la Meuse et ce avant que Jourdan ne
redémarrât sa propre offensive.
Considérant que la Meuse constituait un obstacle à peu près infranchissable, Clerfayt
s’était retranché sur la rive droite du fleuve entre ses affluents
l’Ourthe et l’Aywaille sur une solide position. Jourdan, qui à présent ne
doutait plus de ses capacités, fit attaquer à la fois sur les deux affluents. Sur
l’Ourthe, par Bonnet et sur l’Aywaille, par Schérer. Les adversaires
n’engagèrent dans cette affaire qu’une partie de leurs
forces ; mais voyant leurs ailes en difficulté, les Autrichiens lâchèrent assez
rapidement pied et se replièrent sur tout le front, perdant tout de même près de deux mille
hommes et trente-six pièces de canon alors que celles des Français étaient minimes.
Le dernier obstacle sérieux entre les Français et le Rhin était la rivière Roër. Clerfayt
décida de s’y accrocher, sinon il serait contratit de repasser le Rhin. Pour
faciliter la résistance, il avait fait élever sur le lieudit le plateau d’Aldenhoven
toute une série d’ouvrages : redoutes, retranchements et épaulements,
l’endroit étant considéré comme le centre du dispositif qu’il adopta.
Jourdan comprit immédiatement que cette fois il ne s’agirait pas d’un
engagement partiel mais d’une bataille générale et, au demeurant, il était disposé à
la livrer, son armée comptant à présent plus de cent mille hommes. Dans la journée du
1 er octobre 1794, il ttit un conseil de
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