Le Maréchal Jourdan
occupait
Fleurus, se rendit compte du péril que courait son camarade et de lui-même se porta à son
secours, ce que voyant, Baulieu se dépêcha lui aussi de renforcer ses colonnes
d’attaque. On touchait au potit critique de la bataille. Lefebvre comprit
qu’il ne parviendrait pas seul à redresser la situation et demanda de
l’aide à Jourdan.
Ce dernier, qui venait d’titervenir au centre, rameuta les troupes qui avaient
secouru Championnet, y ajouta tout ce qui lui restait de réserves et avec cette masse entreprit
de reconquérir Lambussart. L’action fut longtemps incertaine et
l’acharnement extrême de part et d’autre. Mais l’artillerie
française, bien commandée, se montra terriblement efficace et occasionna des pertes énormes à
l’ennemi. Après une période d’incertitude, ce furent les divisions
républicaines qui restèrent maîtresses du terrain. Une contre-attaque commune des troupes de
Jourdan, Lefebvre et Marceau permit même de refouler l’adversaire jusqu’à
sa position initiale. Sur l’ensemble du front, les Français tenaient bon et avaient
brisé toutes les tentatives de percées autrichiennes. Cobourg comprit que son offensive avait
échoué et que, dès cet instant, sa marche sur Paris relevait de la chimère.
Il ordonna donc la retraite générale et par estafette prescrivit à Kaunitz, toujours en
observation devant Pichegru, de rallier le gros de ses forces. Il savait que ce repli allait
entraîner la perte de la Belgique, mais il lui permettait de sauver le principal de son armée.
Le 10 juillet, les deux armées de Pichegru et de Jourdan opérèrent leur jonction
devant Bruxelles et les deux généraux entrèrent de concert dans la ville.
*
Cette victoire de Fleurus est sans conteste le plus beau titre de gloire de Jourdan qui y
gagna le qualificatif rare – peu de généraux se le sont vus discerner –
de « Sauveur de la patrie ». Il le méritait, car il avait sauvé la France
d’une invasion qui eût pu être fatale à la Révolution. Évidemment, il eut la chance
d’être secondé par d’excellents divisionnaires. Mais, étant donné
l’étendue du champ debataille, il eut aussi le mérite de savoir laisser suffisamment
d’initiative à chacun pour qu’il fût à même de mener son combat
particulier. Ce succès allait entraîner des conséquences importantes. En France,
l’enthousiasme fut général. Le conventionnel Marie-Joseph Chénier, frère du poète et
(mauvais) poète lui-même, la célébra en des vers qui fleuraient un peu le
mirliton !
Fleurus, champs dignes de mémoire,
Monument d’un triple succès,
Fleurus, champs amis des Français
Semés trois fois par la victoire,
Fleurus, que ton nom soit chanté
Du Tage au Rhin, du Var au Tibre,
Sur ton rivage ensanglanté
Il est écrit : « L’Europe est libre. »
Le nom qui fut donné à la bataille : « Fleurus » est quelque
peu déconcertant et immérité, car le village fut un des rares où aucun affrontement ne prit
place et qui, de ce fait, demeura titact, mais personne n’y prêta attention. Par la
suite, plusieurs des acteurs de la bataille soutinrent qu’il avait été choisi pour
rendre hommage au maréchal de Luxembourg qui, plus d’un siècle auparavant, sous
Louis XIV, y avait remporté une bataille. Un des contrecoups indirects de Fleurus fut la fin de
la terreur et la chute de Robespierre. Les Jacobins y perdirent une bonne partie de leur
influence, ce que n’aurait sûrement pas souhaité Jourdan.
Sur le plan titernational, ce succès, sans toutefois y mettre fin, ébranla sérieusement la
coalition. La Prusse et l’Espagne virent leur ardeur guerrière diminuée. Ces deux
puissances devaient signer la paix avec la France dès l’année suivante.
Vaincue mais non détruite, l’armée autrichienne
conservait une bonne part de sa puissance combative.
Jourdan, qui faisait de rapides progrès en stratégie, estima qu’il devait sans
tarder se lancer à sa poursuite, ayant cette fois une chance de l’anéantir. Mais sa
conception se heurta à celle du Comité de salut public dont la chute de Robespierre
n’avait pas diminué l’influence même s’il avait perdu beaucoup
de son titransigeance. Il continuait à avoir ses idées propres sur la manière de gagner la
guerre, d’autant que l’influence de Carnot, toujours bon organisateur
mais piètre stratège,
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