Le Maréchal Jourdan
longue et
délicate. Une fois l’enveloppe gonflée, elle était solidement arrimée sur un long
chariot et transportée ainsi à proximité de la ligne de feu où on y accrochait la nacelle
qu’un câble retenait au sol une fois l’ensemble en l’air. Il
est certain que d’une hauteur comprise entre dix et cent mètres, le ou les
observateurs, embarqués dans la nacelle, avaient une excellente vue d’ensemble du
terrain et pouvaient observer les mouvements qui se préparaient chez l’adversaire.
Par contre, le problème de transmission des renseignements était loin d’être résolu,
le téléphone n’étant pas inventé. Les communications pouvaient se faire par fanions
ou panneaux mais demeuraient limitées et aléatoires. Les aéronautes pouvaient également jeter
au sol des messages lestés mais étaient dans l’impossibilité de recevoir des
instructions détaillées. Ni Jourdan ni aucun des membres de son état-major ne crurent un
instant pouvoir utiliser sérieusement ce matériel. Il admit que par sa seule présence il avait
quelque peu inquiété ses adversaires mais sans donner trop de sérieux à ses propos.
S’ils employèrent le ballon, ce fut parce qu’il avait été envoyé par le
Comité de salut public et qu’ils ne tenaient pas à l’indisposer. De son
côté, Cobourg en voyant s’élever dans l’air l’engin se serait
écrié, non sans humour : « Il n’y a pas de choses que ces
scélérats n’inventent ! »
Pendant la journée du 26, le ballon décolla et se posa à trois reprises ; mais il
semble que les renseignements qu’il put amener ne furent pas utilisés par
l’état-major. Pourtant, il signala la retraite générale des alliés dès
qu’elle fut amorcée, mais on ne saurait dire jusqu’à quel potit Jourdan
en ttit compte. Avarié au cours de la bataille, l’engin fut renvoyé en France et la
compagnie d’aérostiers dissoute. On conclut que l’expérience
n’était pas probante. Il allait falloir attendre plus d’un siècle avant
que l’armée française s’titéressât de nouveau à l’arme
aérienne.
En fait, il n’y eut pas une, mais trois batailles distinctes, aucune coordination
n’ayant été réalisée entre les différents corps alliés qui n’attaquèrent
même pas simultanément. Ce fut le prince d’Orange, commandant la droite du
dispositif allié, qui se porta le premier en avant. Déjà, l’avant-veille, il avait
enlevé Traseignies à Kléber ; mais celui-ci, par une judicieuse contre-attaque,
avait repris le village. Au matin du 26 juin, ce fut à l’extrémité du
dispositif français, en direction de Marchiennes-au-Pont et de la Sambre, que porta
l’offensive du prince d’Orange. Mais il enleva difficilement ce village,
car ses bataillons furent hachés par les feux croisés de l’artillerie et Kléber, qui
n’avait pas été ébranlé, put, par une vigoureuse riposte, reprendre Marchiennes et
réoccuper ses positions initiales sans avoir à faire appel aux réserves générales de
Jourdan.
Au centre, le général autrichien Quasdanowich savait que Cobourg comptait enlever la décision
par les ailes et que l’on attendait de lui qu’il se contentât de fixer
son adversaire pour l’empêcher de se porter au secours de sa droite ou de sa gauche.
Il n’en attaqua pas moins Championnet avec vigueur et réussit à s’emparer
du village d’Heppignies, enfonçant presque les lignes françaises. Mais il ne put
aller plus loin. Championnet, devant la gravité de la situation, avait demandé de
l’aide à Jourdan qui accourut avec une partie de ses réserves et rétablit les
choses, parvenant à reprendre Heppignies.
Le choc fut plus sérieux à droite mais par chance le manque de coordination dans les attaques
autrichiennes fit que celles-ci ne démarrèrent sur cette aile qu’après que Jourdan
fut parvenu à arrêter Quasdanowich. Sur ce potit, commandé par Baulieu, Cobourg, qui
s’y trouvait personnellement, avait concentré des forces importantes mais pas
vraiment suffisantes pour emporter la décision. Toutefois, les Autrichiens, faisant dès le
départ porter leur seul effort sur Marceau, le refoulèrent jusqu’à la Sambre et lui
arrachèrent le village de Lambussart. Ce fut en vain que Marceau, dont la division était à
présent décimée, tenta une contre-attaque pour reprendre la localité. Lefebvre, qui
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